Québec/Canada: Le Palmarès de l’amour/haine

78,5% / 60,1%

Le premier chiffre est la proportion de Québécois qui ont une opinion favorable des Canadiens-anglais. Il est important car il comporte une proportion significative de souverainistes. L’hostilité envers les voisins anglophones n’est donc pas un ressort essentiel de la volonté indépendantiste. Mais à l’inverse, la majorité canadienne qui a une bonne opinion des francophones est plus faible, ce qui laisse songeur.

Jack Jedwab a le don de poser les questions qui dérangent. Le directeur de l’Association d’études canadiennes a commandé à Léger Mise-en-marché (ma traduction) ce  sondage sur l’estime que les Québécois et les Canadiens ont les uns envers les autres et envers les minorités. « Je ne pensais pas que la perception des anglophones du Canada vis-à-vis les francophones du Québec serait aussi négative», a-t-il déclaré.

Il a accepté de me donner le détail des résultats, ce qui me permet de vous livrer en exclusivité le Palmarès des provinces où on trouve le plus de gens qui nous adorent (je ne prends que ceux qui disent nous être très favorables) et qui nous détestent (ceux qui disent nous être très défavorables).

Ils nous adorent

Île-du-Prince-Édouard: 66,7%
Nouvelle-Écosse: 43,5%
Terre-Neuve et Saskatchewan: 26,7%
Ontario: 23,4%
Manitoba: 23,1%
Colombie-Britannique: 18,9%
Alberta: 17,4%
Nouveau-Brunswick: 8,6%

Ils nous détestent

Nouveau-Brunswick: 14,3%
Alberta: 11,6%
Colombie-Britannique: 6%
Ontario: 5,2%
Saskatchewan: 2,2%
Manitoba,
Terre-Neuve,
Nouvelle-Écosse,
Île-du-Prince-Édouard: 0%

Les résultats enregistrés au Nouveau-Brunswick sont clairement dopés par le débat en cours sur la transaction avec Hydro Québec. À l’inverse, le taux zéro enregistré à Terre-Neuve est très signifiant, car il apparaît malgré des décennies de rancoeur contre Hydro-Québec.

Pour finir, les moyennes.

Les Canadiens-Anglais détestent:

6,5% Les Amérindiens
5,7% Les francophones
3,9% Les immigrants
1,5% Les Juifs

Les francophones détestent:

6,5%  Les Juifs
4,0% Les Amérindiens
3,3% Les immigrants
1,5% Les Canadiens-anglais

Conclusion: Les anglophones sont aussi anti-amérindiens que les francophones sont anti-sémites. Quoique très minoritaire, le sentiment fortement anti-francophone est quatre fois plus fort au Canada que le sentiment anti-anglophone ne l’est au Québec. Et le sentiment anti-amérindien et anti-immigrant est légèrement plus faible au Québec qu’au Canada-anglais.

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !