Qu’est-ce qui rend les Québécois heureux ?

Mes lecteurs les plus anciens se souviendront de mes billets hebdomadaires intitulés « Temps dur pour les détracteurs du modèle québécois ». J’ai pensé reprendre cette tradition.

Commentateur de droite apprenant que le taux de chômage est inférieur au Québec

Commentateur de droite apprenant que les Québécois sont plus heureux que les Canadiens.

C’est quand même bizarre: depuis quelques décennies, les Québécois sont de plus en plus contents de leur société. Bizarre car, à écouter les Radios X et tous ceux qui nous croient incompétents, on se serait attendu que cette sinistrose soit contagieuse. Il n’en est rien.

Dans sa dernière chronique de L’actualité, l’économiste Pierre Fortin fait état des travaux de Chris Barrington-Leigh, de l’Université McGill, selon lequel, de tous les peuples du monde, les Québécois ont la médaille d’argent de plus heureux, derrière les Danois et devant tous les autres.

On pourrait croire qu’ils vivent heureux car ils vivent niaiseux, mais voilà, leur opinion sur leur bonheur collectif change. Il augmente. Difficile de croire que nous sommes plus niaiseux qu’avant. Vu notre scolarité et notre ouverture sur le monde en hausse, c’est plutôt le contraire.

Fortin offre ce graphique sur l’évolution de notre sentiment de béatitude au cours du dernier quart de siècle:

graph_economie

Comment expliquer que nous soyons passés en 25 ans de la plus malheureuse à la plus heureuse des grandes provinces canadiennes ? Il n’y a pas de certitude, mais Fortin a sa petite idée:

Mon hypothèse est que les fruits de la Révolution tranquille ne sont apparus pour de vrai que depuis 25 ans. Notre sentiment de sécurité linguistique s’est accru. Nous avons pris les commandes de notre économie. Notre niveau d’éducation a fini par rejoindre le sommet canadien. Cela a fait croître notre taux d’emploi et notre niveau de vie plus rapidement que dans les autres provinces — du moins, celles qui n’ont pas de pétrole.

De plus, nous sommes la seule région d’Amérique du Nord qui n’ait pas connu de hausse notable des inégalités de revenu depuis 35 ans. Pas surprenant que, dans un récent sondage dirigé par le professeur Simon Langlois, de l’Université Laval, 70 % des Québécois aient exprimé l’avis que leur société est plutôt juste. On a même dit de nos nouvelles mesures sociales — comme les garderies bon marché, les congés parentaux étendus et le soutien accru aux enfants — qu’elles font du Québec un « paradis des familles ». Et un paradis, ça rend forcément heureux.

Note en petits caractères :

Les billets « Temps durs pour les détracteurs du modèle québécois » ne prétendent pas que tout est parfait au Québec, loin s’en faut. L’auteur a d’ailleurs proposé, dans ses ouvrages et sur ce blogue, des réformes nombreuses et importantes visant à surmonter plusieurs des importants défis auxquels le Québec est confronté. Cependant, la série permet de percer quelques trous dans le discours ambiant qui tend à noircir la situation globale du Québec qui, pourtant, affiche d’assez bons résultats comparativement aux autres sociétés semblables.

26 avis sur « Qu’est-ce qui rend les Québécois heureux ? »

  1. Ce qui me rendrait encore plus heureuse c’est d’apprendre qu’au moins un des aspirants à la mairie de Montréal soit pour la charte…

  2. Très intéressant comme article, fait cocasse: en 2010, lorsque les Québecois « gagnaient » la médaille d’argent…. les libéraux étaient au pouvoir depuis déjà 7 ans!

  3. Bonjour à toutes et tous, M. Lisée.
    Votre article est, à mes oreilles, de la douceur infinie et totale. Je suis d’origine chilienne. Ma famille et moi sommes arrivés au Québec en 1978. Nous ne savions parler ni écrire le français, encore moins parler et écrire l’anglais. Nous ne parlions et écrivions que l’espagnol. J’ai maintenant 41 ans et je suis devenu fier d’être québécois. Avec le recule mon père m’a dit ceci lorsque nous trouvions difficile notre intégration a ce beau peuple. Mon fils, nous devons apprendre 3 choses importantes sur le Québec. La première chose importante est d’apprendre à parler et écrire la langue de la majorité québécoise, le français, et ce de façon impeccable. La deuxième chose importante c’est d’apprendre la langue de la majorité canadienne, l’anglais, et ce de façon acceptable et la troisième chose et c’est la plus importante de toutes, c’est d’apprendre leur histoire. C’est en sachant leur Histoire de façon irréprochable que nous pourrons nous intégrer et comprendre leurs luttes, leurs rêves, leurs aspirations comme peuple et nation.
    Il avait et a raison. Nous ne devons pas reculer sur la charte de la laïcité, nous ne devons pas reculer sur nos rêves et aspirations en tant que peuple. La peur tue la réflexion. Nous ne devons pas avoir peur de nous affirmer, affirmons nous de façon paisible, amicale, dignement et de façon cohérente. Ce faisant, nous en sortirons encore plus fiers et heureux ensemble.
    Les autres nations nous jalouseront, car nous avons choisi le nivellement par le haut au lieu de l’inverse. Aspirer à être meilleur n’est pas une mauvaise chose, aspirer à être heureux ensemble c’est de démonter que nous somme un peuple qui pratique l’altérité ainsi que la tolérance. Nous le démontrerons, tout comme nous avons démontré qu’il est possible de faire une révolution sans violence, une révolution tranquille. Nous ferons une révoltion laïc tranquille.

    Merci.

  4. Guy Lévesque;

    Pierre Fortin fut un de mes professeurs, et on a eu beaucoup de plaisir ensemble à l’époque, et ce, jusqu’à aujourd’hui lorsqu’on se voit, lors d’évènements politiques et économiques.

    La question que je posais était en réalité la suivante: d’où provient ce graphique: d’une étude? Laquelle? ( Oui, je sais bien qu’elle fut lue dans un article de Pierre Fortin).

  5. Intéressant que les courbes québécoises et canadiennes semblent en opposition presque parfaite. Le bonheur de l’un ferait-il donc le malheur de l’autre?

  6. Ce qui rend malheureux, c’est la peur.Et la crise économique fait peur quand elle nous tombe dessus. Avoir peur de sa possibilité, c’est avoir peur d’avoir peur. Ceux qui répandent cete peur double ne sont pas les pauvres. Ce sont les «Lucides», vous vous rappelez?
    Luc Gagnon

  7. Avec tous ces médias qui ne nous font voir que le négatif et même qui en rajoutent, une pareille nouvelle est bienvenue. Bon, ça ne veut pas dire que le bonheur illumine tous les foyers québécois, mais quand on se compare on se console 🙂

    De grâce, ne reculez pas sur la Charte et même, allez plus loin. Pour une fois que l’on peut vraiment s’affirmer, allons de l’avant et soyons Maître ches Nous!

  8. Bravo M Lisée pour ce message sur les Québécois heureux !
    J’ai vu un reportage sur le Danemark où on précisait que les Danois sont les plus taxés du Monde, mais aussi les plus heureux ! Ils acceptent tous leurs impôts et taxes parce qu’ils reçoivent plein de services de proximité dans tous les domaines !
    Bravo aussi pour votre passage à TLMEP « Jean-François! »
    Concernant la Charte, il faut vraiment interdire le voile dans les écoles et dans les CPE. J’ai 64 ans et je n’ai jamais eu à subir de toute ma vie, « l’autorité » d’un juge, d’un policier ou d’un gardien de prison. Mais comme élève et étudiant j’ai eu à subir à chaque jour durant mes 17 années de scolarité « l’autorité » de mes professeurs.
    Jeune j’ai été sous « l’autorité » des frères en soutane.
    Il me semble que les enseignants on beaucoup plus d’impact au quotidien sur les « cerveaux vulnérables » de nos jeunes, que tous les juges et policiers du Québec !
    Si on reconnaît que les enseignants pédophiles méritent des peines plus sévères à cause de ‘l »autorité » qu’ils ont sur leurs élèves, il faut être cohérent et reconnaître que cette « autorité » professorale est aussi très présente lorsqu’il s’agit de signes religieux ostentatoires. Les enseignantes et enseignants sont les seuls maîtres dans leur classe.
    Retraité après avoir été directeur d’écoles primaires à Montréal dans Côte des Neiges et dans la Petite Italie, je vous assure qu’il faut mettre un frein au retour des signes religieux dans nos écoles. J’ai la conviction que très peu de femmes abandonneront leur emploi parce qu’elles refuseraient de retirer leur voile.
    Prenons quand même le temps de les accompagner durant une période de 6 mois à un an, pour les aider à poser ce geste généreux de leur part, pour s’intégrer à notre société laïque !
    En 1995, alors que j’étais enseignant, je devais retirer mon macaron en faveur du OUI, en entrant dans l’école, durant toute la campagne référendaire. Pourtant c’était pour moi une CONVICTION beaucoup plus grande que toutes les croyances religieuses !

  9. Les résultats de ces études sont parfaitement cohérents.
    Il y a déjà plusieurs années, Ray Conlogue, un journaliste de Toronto, affirmait que les Anglais du Canada étaient convaincus de la supériorité de leur culture.

    Au début de la Révolution tranquille, beaucoup de Québécois ont commencé a s’affranchir de leur complexe de porteurs d’eau et ça continu.

    Beaucoup de ces mêmes Anglais qui ont dû devenir des multiculturels sous la gouverne de P.E. Trudeau, se demandent encore ce que ça veut dire.
    Au Québec, seule, une minorité, est affligée de cette espèce de bibitte qui empêche des gens de tout simplement être ce qu’ils sont.
    J.F.

  10. Ça nous change de la morosité de certains médias pour lesquels le Québec est au bord du gouffre. On essaie de faire croire aux québécois que rien ne marche ici et que le bonheur est ailleurs.
    Rien n’est parfait dans notre monde mais on peut dire qu’on est pas si pire que ça……

  11. Nous sommes heureux pcq nous avons confiance en nous et nous pensons à juste titre que nous avons tous les outils nécessaires à notre épanouissement.

  12. Voilà, une bonne nouvelle. Concernant la charte, soyez ferme, ne pas ramollir.
    Bravo, pour votre performance. M. Lisée

  13. Le problème dans notre société n’est pas chez le peuple québécois qui vit son quotidien avec passablement d’optimisme. Il est chez les journalistes de l’ensemble des médias qui sont des transfuges des ex politiciens. Les analystes sont de la même catégorie. J’en ai plein le cul d’entendre ces minounes se plaindre en mon nom.

  14. «Est-ce que ce graphique est réel?»
    _____________________
    Ce graphique provient directement de l’article de monsieur Fortin publié dans l’Actualité. Ce qui revient à demander, est-ce que monsieur Fortin est crédible? Monsieur Erkoréka, je vous souhaite bien du plaisir à démontrer que non.

  15. Il faut croire que les radios « poubelles » n’ont pas trop d’effet sur les québécois !
    Tant mieux !

  16. Les détracteurs patentés du Québec ne font qu’identifier une tête de turc pour exprimer leur mépris face à leur propre image. Afin de comprendre ce qui les pousse à cette continuelle et cruelle auto-flagellation, seule la psychanalyse pourrait nous donner des pistes. Ce sont donc des être malheureux. Mais ça ne change rien à une certaine réalité car on continu à les lire ici et là et leur fiel coule, coule …

    Quelle misère !

    «Quand j’entends discourir des cons au restaurant, je suis affligé, mais je me console en songeant qu’ils pourraient être à ma table.»
    [Frédéric Dard]

  17. Bonjour M.Lisée
    J’en profite pour revenir sur la » Charte  »à mon avis vous ne devez pas cédez sur les signes religieux et ce dans toute la fonction publique peu importe le poste, si vous cédez le problème risque de s’accentuer du fait que ceux qui avaient décider d’enlever leur signes religieux, à ce jour et peu importe la raison, pourront tout aussi bien décider de réafficher leur conviction et ce sans compter les futures convertion de Québécois (se) suite au show d’ego, réussit faut le dire, à TLMEP de la semaine dernière.
    Vous ne pouvez plus reculez, un seul accommodement serait acceptable est qu’à compter de l’adoption de la loi vous aurez 18 mois pour vous conformez ou laissez.et ce pour toutes les institutions sans possibilité de retrait.

  18. Quelle bonne nouvelle! Nous sommes aussi plus actifs physiquement et intellectuellement, du moins c’est ma perception.

    Merci de partager cette information réconfortante.

  19. Monsieur Lisée,
    Vous êtes mon politicien préféré. J’aime votre attitude constructive et votre façon de répondre aux accusations et aux détracteurs. Ça fait du bien ! Pu capable d’entendre des politiciens comme M. Duchesneau la semaine dernière, ça me fait vomir à terre.
    S’il-vous-plait, envoyez-donc des ondes autour de vous ! 🙂

  20. J’adore ces capsules! Et vous, M.Lisée, la vie au sein d’un « vrai » parti politique vous rend heureux?

  21. C’est peut-être ce sentiment de bien-être qui explique en partie la difficulté pour de nombreux Québécois de vouloir changer de statut politique. L’indépendance les inquiète; ils sont bien installés dans le confort et l’indifférence.

    Quelle sera donc l’étincelle qui allumera en eux le désir de secouer de carcan fédéral pour enfin profiter de leur pleine autonomie ?

  22. Merci M. Lizée,

    Ça fait du bien de lire ce texte qui confirme ce que j’observe sur le sujet, plutôt que le pessimisme maladif de certains « experts chroniqueurs » qui semblent jouir de noircir le Québec et les Québécois!

  23. Tout comme VOLTAIRE, j’ai décidé d’être heureux parce que c’es bon pour la santé.

    La société québécoise s’est jouir des bonnes choses de la vie et de le manifester.

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