Réellement: les familles québécoises plus riches que les ontariennes !

tobinNous interrompons le lancinant commentaire anti-modèle québécois des plumes économiques locales pour vous transmettre ce bref message d’intérêt public.

La droite est formelle. Les Québécois, ces immobiles sclérosés corporatistes paresseux, récoltent ce qu’ils ne sèment pas, donc sont beaucoup moins riches que leurs voisins. J’ai repris ici, en décembre, les démonstration de l’économiste Pierre Fortin calculant que la richesse globale réelle des Québécois est sur le point de rattraper celle des Ontariens (un écart de 3,6% en 2009, sachant que notre PIB par habitant a progressé davantage qu’en Ontario en 2010).

Je poursuis aujourd’hui en vous annonçant que le niveau de vie réel des familles québécoises a dépassé celui des familles ontariennes depuis 2007. Voici le résultat qu’obtient Pierre Fortin du revenu médian des familles, pour 2007, en appliquant son calcul de parité de pouvoir d’achat (PPA), donc en comparant le Québec à l’Ontario et au Canada comme toutes les organisations internationales (OCDE, FMI, Banque Mondiale) le font pour comparer les nations.

La richesse n’est pas la valeur nominative de l’argent qu’on a en poche, mais la quantité de biens et de services qu’on peut acheter avec cet argent. Or 10 000 $ vous procurent davantage de biens et services à Paris qu’à Monaco, à Berlin qu’à Londres, et à Montréal qu’à Toronto. Voici ce que ça donne, en haut de l’image pour les familles mono parentales, en bas pour les familles biparentales :

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Un cap historique est franchi.

Si on inclut dans le calcul toutes les familles économiques, c’est-à-dire également les ménages sans enfants, le niveau de vie Ontarien était en 2007 de 32 800 $, le Québécois de 32 100$ – un écart de 700 $, soit de 2,1%.

Pierre Fortin ajoute ceci:

Il y a aussi le fait que nous « achetons » 6% de plus de temps libre que les Ontariens, tel qu’on peut le mesurer en comparant les heures travaillées par personne employée et le taux d’activité des 55-64.

(Il ne s’agit pas d’une incapacité structurelle à travailler plus d’heures de notre part, puisque nous travaillions 4% plus d’heures par employé qu’en Ontario dans les années 1960. Il s’agit largement d’un choix, libre, de passer plus de temps avec nos familles, nos amis, etc.)

De sorte que, même avec le critère de la moyenne, nous dépassons maintenant l’Ontario.

Et comme le Québec a connu une croissance plus forte que l’Ontario en 2008, 2009 et 2010, les prochains chiffres seront encore meilleurs…

Vendredi prochain: comment se compare le niveau de vie réel des familles québécoises et des familles américaines. Suspense…

Pour les mordus, voici la méthodologie de Pierre Fortin pour le tableau ci-haut:

Notes : Il s’agit de familles avec enfants; les chefs de familles monoparentales peuvent être des femmes ou des hommes. Le revenu rapporté est le revenu total de la famille, non ajusté pour le nombre d’enfants. L’année 2007 est la dernière pour laquelle les données sont présentement disponibles; c’est la dernière année complète de l’expansion économique avant la récession commencée à l’automne 2008. Les chiffres  indiquent le pouvoir d’achat qu’aurait eu le revenu en dollars canadiens s’il était dépensé au Québec. Pour l’Ontario, l’ajustement consiste à multiplier les dollars canadiens par la fraction 95/107; pour le Canada, la multiplication est par la fraction 95/100.

Source : Statistique Canada, tableau CANSIM 202-0702.

Nous retournons maintenant à notre programme régulier.

Note en petits caractères :

Les billets du vendredi « Temps durs pour les détracteurs du modèle québécois » ne prétendent pas que tout est parfait au Québec, loin s’en faut. L’auteur a d’ailleurs proposé, dans ses ouvrages et sur ce blogue, des réformes nombreuses et importantes visant à surmonter plusieurs des importants défis auxquels le Québec est confronté. Cependant, la série permet de percer quelques trous dans le discours ambiant qui tend à noircir la situation globale du Québec qui, pourtant, affiche d’assez bons résultats comparativement aux autres sociétés semblables.