Référendum, amiante, vote stratégique. Des questions et mes réponses

clavardage-150x150J’ai participé ce vendredi midi pendant une heure à une séance de clavardage avec les internautes du site de Radio-Canada. On peut lire l’échange complet ici. Voici les principaux extraits, regroupés par thèmes:

Le référendum et la souveraineté

Pouvez vous m’indiquer la différence entre un Référendun d’initiative populaire (RIP) consultatif et une pétition ? Je croyais que Mme Marois avait dit que le RIP serait exécutoire … par Stephane

L’Assemblée nationale peut ignorer une pétition. Dans le cas d’un RIP, l’assemblée serait forcée de tenir un débat et de voter pour ou contre la demande de référendum.

À propos des référendums d’initiative populaire, est-ce que la barre des 15 % n’est pas trop élevée en comparaison à d’autres pays? par Florent Daudens

Un excellent reportage diffusé au Téléjournal hier soir démontrait qu’au contraire, nous plaçons la barre nettement plus haut que les autres endroits où le RIP est appliqué. Mais pour vous donner une idée, il y a deux ans, lorsque 80 % des Québécois disaient aux sondeurs qu’ils voulaient une commission d’enquête sur la corruption, une pétition sur Internet n’a récolté que 500 000 signatures. C’est dire que si un jour, une demande atteint 850 000, avec une répartition régionale minimale, cela signifiera qu’une majorité de citoyens sont en faveur de la mesure.

(à ce sujet, écouter mon entrevue avec Michel C. Auger à Radio-Can.)

N’est-ce pas paradoxal que pour se faire élire, le PQ tente de rester vague sur la souveraineté?
par Olivier

Non. Notre position nuancée indique que nous sommes respectueux de la volonté des Québécois de ne pas être brusqués sur ce sujet essentiel. Ce qui est certain, c’est qu’avec un gouvernement de la CAQ ou du PLQ, les Québécois n’auront pas le droit de quitter le Canada au cours des 4 ou 5 prochaines années. Avec le Canada de Stephen Harper est en train de nous construire, je ne serai pas surpris que d’ici peu, une majorité de Québécois veuillent prendre leur décision eux-mêmes. Avec le PQ, ils seront libres de le faire.

Vous avez déclaré au Match des élus que le Canada était une prison pour le Québec. Qu’entendiez-vous par là? par Florent Daudens

C’est l’engagement formel de la CAQ et du PLQ. S’ils sont élus, peu importe ce que fera le Canada de Harper, les Québécois n’auront pas le droit de sortir du Canada. Ils n’auront même pas le droit de forcer un débat sur cette question. C’est la CAQ et le PLQ qui proposent d’emprisonner le Québec dans le Canada pour quatre ou cinq ans. Avec le PQ, nous gardons notre liberté et notre rapport de force.

Vous semblez baser votre projet de souveraineté sur le rejet du Canada de Harper. Ne trouvez-vous pas que c’est une fondation chambranlante pour former un pays? Que se passera-t-il si le prochain gouvernement à Ottawa est plus progressiste?
par Kevin Gosselin

Vous avez raison. C’est le caractère même du Canada qui empêche le Québec de prendre toutes ses décisions et de s’épanouir. Il y eut des moments où l’arrogance de Pierre Trudeau mettait ce carcan davantage en exergue (notamment avec une Constitution imposée). Aujourd’hui, c’est le conservatisme de Harper qui irrite au plus haut point une grande majorité de Québécois. Je peux me tromper, mais j’ai l’impression qu’un éventuel premier ministre Mulcair ferait à sa façon et à son tour la démonstration qu’on ne peut être libre que si on est indépendant.

La proportionnelle

Vous ne croyez pas au mode de scrutin proportionnel ?
par Josianne

Oui. Parlons net : le PQ y a travaillé pendant des décennies. Le PLQ voulait le faire il y a 3 ou 4 ans. Chaque fois, c’est le caucus des députés qui refuse la réforme. Ils n’acceptent pas que des « super députés » élus sur des listes viennent s’ajouter à des députés qui font du porte-à-porte et sont en contact avec les électeurs. La seule façon, à mon avis, de contourner ce problème, est d’introduire la proportionnelle par la voie du référendum d’initiative populaire, un outil démocratique que nous proposons cette année.

L’amiante et le pétrole

Compatriote de la région de L’Amiante, quelle position aura votre parti sur l’extraction de ce minerai ? par Simon

J’ai grandi à Thetford et, l’été, j’ai balayé de la poussière d’amiante. Thetford a brillamment réussi sa reconversion économique, Asbestos tarde à le faire. Il n’y a pas d’avenir pour l’amiante, sauf dans des cas très particuliers et certainement pas dans l’exportation en Inde.

Le gouvernement libéral a fait une erreur en investissant dans la mine Jeffrey. Nous allons rouvrir ce dossier, financer la diversification économique d’Asbestos et n’autoriser, après une dernière étude, que les quelques applications où l’utilisation de l’amiante est parfaitement sécuritaire.

Pouvez-vous nous donner des exemples d’application sécuritaire?
par Florent Daudens

Plusieurs éléments potentiellement très dangereux, pensons au mercure, sont utilisés dans des procédés industriels de façon utile et sécuritaire. Cela peut être le cas pour l’amiante, mais je laisserai les spécialistes en santé publique nous indiquer lesquels.

Le PQ a-t-il l’intention de nationaliser les Cie de gaz sur Anticosti? Aussi a-t-il l’intention de remettre les CRD et nous débarrasser des CRÉ? par Sylvain Beauséjour

Une enquête rapide s’impose sur Anticosti. C’est scandaleux : nous ne connaissons même pas la somme qu’Hydro a obtenue pour avoir ainsi vendu une de nos plus importantes ressources naturelles au privé. Nationaliser ? Je ne sais pas. Mais certainement le Québec doit reprendre le contrôle de ce dossier.

En ce qui concerne le développement local, le PQ est très attaché au modèle des CLD et des CRD. Il est certain que nous allons refaire le point avec les intervenants et apporter d’importants réajustements dans les mois qui suivraient notre élection pour réintroduire davantage de participation citoyenne au développement local.

Quelle est la position du PQ face a l’exploitation minière par des entreprises privees? Allons-nous voir une continuation du Plan Nord si un gouvernement pequiste est élu?
par Alex

Nous avons toujours soutenu un développement raisonné des ressources naturelles du Nord québécois. La plus grande mine jamais ouverte au Nord le fut sous Jacques Parizeau. Mais comme l’a dit M. Parizeau, le Plan Nord n’est pas une stratégie saine d’enrichissement des Québécois, c’est une façon de faire payer par les contribuables les infrastructures qui étaient auparavant à la charge des minières. Ça, avec nous, ça s’arrête drette là!

L’unité — et la division — du vote souverainiste

Pourquoi avoir refusé de s’entendre avec Québec solidaire, pour ne pas se nuire et assurer une diversité de positions politiques à l’assemblée nationale?
par Simon Cloutier

En décembre et janvier, j’ai servi d’intermédiaire entre le PQ et Québec solidaire, où j’ai beaucoup d’amis. Des discussions préliminaires étaient en cours, mais en février, Amir nous a informés que l’opposition à une telle alliance au sein de QS augmentait, ce qui a mis fin aux échanges. Vous m’en voyez désolé. Il aurait quand même été préférable que QS concentre ses efforts pour battre des députés libéraux plutôt que pour battre des députés péquistes.

Le PQ va perdre Girard à l’Assemblée nationale à cause du mode de scrutin. Est-ce qu’un gouvernement PQ va enfin adopter une représentation proportionnelle?
par Vincent

La course dans Gouin est très compétitive. Hier encore, Louise Beaudoin appelait tous les souverainistes à voter PQ pour s’assurer de ne pas être battu par Jean Charest qui pourrait avoir un ou deux comtés de plus que nous. Elle disait aussi que Nicolas, sans lequel le scandale des garderies n’aurait jamais été éventé, a un « destin national ».

Personnellement, j’aimerais beaucoup voir Françoise à l’Assemblée nationale, mais j’aurais aimé l’aider à battre un député libéral pour nous donner une vraie victoire souverainiste.

Croyez vous qu’Option Nationale et Québec Solidaire vont énormément diviser le vote nationaliste?
par Louis Alta

Difficile à dire. Aux dernières élections, si la moitié des électeurs de QS avaient voté PQ dans Laurier-Dorion, cela aurait empêché la victoire d’un libéral. Je crains que cette division profite encore plus aux libéraux cette année. Mes amis de QS disent que c’est impossible. Ils disaient aussi l’an dernier qu’il était impossible que le NPD enlève plus de 10 comtés au Bloc québécois.

En tout cas, Jean Charest et Michelle Courchesne mettent les bouchées doubles pour dire du bien de QS. Ils semblent faire le calcul que ça sert leur intérêt. Je sais que Françoise et Amir sont très gênés d’entendre les libéraux vanter leurs mérites.

La défense du français, l’anglais et le bilinguisme

Pourquoi le PQ a-t-il reculé sur la question d’inciter les candidats qui se présentent en politique de connaitre suffisamment le français? N’est-ce pas plutôt nécessaire que les élus politiques soient ne mesure de s’adresser en français à la population qui a voter pour eux?
par Louis Alta

C’est certainement souhaitable. Mais dans les réformes importantes et essentielles que nous offrons, nous respectons ce que j’appelle « l’esprit de René Lévesque » : changer l’avenir, mais respecter le présent. Le projet de loi sur la citoyenneté reconnaît qu’il reste au Québec plusieurs dizaines de milliers d’unilingues anglais, dont les droits doivent être respectés. Mais nous ferons en sorte que les nouvelles générations apprennent évidemment le français à l’école comme c’est actuellement le cas et que les nouveaux arrivants démontrent une connaissance minimale du français pour acquérir la citoyenneté québécoise. C’est la norme internationale pour l’acquisition d’une citoyenneté.

Pourquoi le PQ soutient-il que la loi 101 devrait s’appliquer au Cégep? C’est peut-être mon plus gros désaccord avec vous, puisque je ne pense pas que c’est à 17 ans qu’on va perdre son français. Deuxième question: cette décision fait-elle l’unanimité? par Alexandre

En matière linguistique, aucune décision ne fait l’unanimité. Le danger est le suivant : en 1970, 60 % des résidents de l’Île de Montréal avaient le français comme langue d’usage. En 2006, 54 %. Dans 15 ans, 47 %.

Nous ne pouvons nous permettre de perdre notre masse critique dans la métropole. Le cégep en français est un des nombreux moyens que nous comptons prendre pour renverser la tendance. Il est établi que les étudiants allophones allant au cégep anglophone s’anglicisent davantage que ceux qui vont au cégep français.

Contrairement à ce que vous dîtes et répandez comme propos, le français n’est pas en recul sur l’île de Montréal, il avance à chaque année. Plus de 70% des montréalais connaissent le français et c’est la seule statistique qui compte. Pourquoi choisir un parti souverainiste qui n’a pas de projet de société inclusif et ouvert sur le monde? Pourquoi ne pas avoir choisi Québec Solidaire comme parti?  par Yann Roshdy

Oui, j’étais un peu étonné d’entendre Françoise David affirmer que la proportion de citoyens de Montréal qui avaient le français comme langue première (à la maison) n’avait aucune importance dans la mesure où la majorité ont le français comme langue seconde. J’estime que c’est une position très dangereuse. Il faut évidemment se réjouir des progrès du français comme langue seconde, mais personne n’a jamais intégré un immigrant à sa langue seconde. Autrement dit, si nous perdons la masse critique de gens qui vivent en français, nous ne pourrons intégrer ceux qui ont d’autres langues. Ne pas comprendre ce principe de bon sens, c’est mettre l’avenir du français en péril.

Les Libéraux n’ont pas un leg intéressant, mais au moins ils ont instauré l’enseignement intensif de l’anglais au primaire. Est-ce que le PQ va maintenir cette réforme? Votre programme est loin d’être limpide sur ce point… par vincent

Depuis plusieurs années, Mme Marois met de l’avant des périodes d’enseignement intensif de l’anglais à la fin du primaire et au secondaire. Contrairement aux libéraux, nous entendons ce que disent les éducateurs sur les dangers du « mur à mur » en la matière. L’anglais intensif en sixième est excellent pour les bons élèves, mais il peut perturber l’apprentissage du français pour ceux qui n’en ont pas une maîtrise suffisante. Nous allons suivre les conseils des éducateurs sur ce point.

Pourquoi ne pas promouvoir le bilinguisme? la langue internationale c’est l’anglais et vous insitez a mettre des batons dans les roues des enfants francophone en limitant leur apprentissage de l’anglais. comment expliquez vous cette peur de l’anglais?
par marc m

Au contraire. Nous faisons depuis plusieurs années la promotion de l’enseignement intensif de l’anglais au primaire et au secondaire. C’est plus efficace que l’étalement de petites heures d’enseignement sur plusieurs années. Le bilinguisme, et le trilinguisme, individuel est une très grande richesse. Les Québécois sont d’ailleurs déjà la population la plus bilingue et la plus trilingue sur le continent.

Mais l’anglais, c’est un peu comme l’eau. On veut savoir bien nager. On veut que nos enfants sachent bien nager. Mais on déteste se faire pousser dans la piscine et on ne veut certainement pas se noyer.

La Charte de la laïcité

Vos propositions identitaires déplaisent aux communautés culturelles et anglophones. Que proposez-vous pour que frano, anglo et comm culturelles vivent finalement ensemble plutôt qu’en isolement? par Jérôme Cloutier

Depuis plusieurs années, les sondages indiquent systématiquement que l’immense majorité des francophones et des non francophones, l’immense majorité des chrétiens, juifs, musulmans et athées estiment que les accommodements raisonnables sont allés trop loin.

Notre proposition de charte de la laïcité déplaira, c’est certain, à des minorités d’orthodoxes et aux apôtres du multiculturalisme à la Trudeau. Mais l’idée d’affirmer ce qui doit être non-négociable au Québec – égalité des sexes, prédominance du français, laïcité des institutions – bénéficie d’un très large consensus.

Les étudiants

Pourquoi le partie québecois de parle plus ou presque pus du conflit étudient ca semble beaucoup moins important
par yan

Les étudiants ont fait preuve d’une extraordinaire maturité ces dernières semaines. Le projet de Jean Charest – en fait son espoir et sa stratégie – était d’assister à des affrontements lors de la rentrée des classes la semaine dernière pour se présenter comme le sauveur de la loi et de l’ordre face aux « violents étudiants». En se « retirant de la cible » comme l’a dit Gabriel Nadeau-Dubois, les étudiants ont déjoué la stratégie cynique du premier ministre. Tous les Québécois doivent leur en être reconnaissants.

Pourquoi le PQ ne prône pas la gratuité scolaire jusqu’à l’université, ce qui m’apparaît être le meilleur investissement possible pour notre société?
par Francois

Nous tiendrons, si nous sommes élus, un sommet avec les étudiants dès l’automne sur la question du financement des universités. Nous nous attendons évidemment à ce qu’ils soumettent des scénarios de gratuité. Cela a cependant un coût important qu’il faudrait compenser ailleurs. Nous voulons réduire les dépenses de l’État et commencer à rembourser la dette, mais nous serons attentifs à toute proposition qui n’alourdirait ni les impôts de la classe moyenne ni l’endettement.

La campagne

Comment vivez-vous cette première campagne en tant que candidat?
par ealvarez_

Ça me met de bonne humeur. Chaque matin, je pars voir les bénévoles, je rencontre des gens formidables d’organismes ou d’entreprises qui se démènent pour améliorer la qualité de la vie des gens de Rosemont, j’arpente les rues, je fais du porte-à-porte tous les jours. L’accueil est chaleureux, sympathique partout où je vais, même avec ceux qui ne voteront pas pour moi.

Candidat, je me sens à ma place. Je suis très heureux d’avoir pris la décision de me lancer. Je serai encore plus heureux de pouvoir travailler avec la première première ministre de notre histoire et sûrement un des meilleurs leaders que le Québec aura connu. Elle va surprendre beaucoup de monde. Les sceptiques seront confondus!