Remous à Rad-Can: Un talk-show au lieu du TJ?

paul_arcand-150x150L’influence du conservateur Rémi Racine, « assez loud », me confie-t-on, au Conseil d’administration de Radio-Canada, comme on l’a vu dans le billet précédent, s’étend-elle jusqu’à la reconfiguration des émissions d’informations ?

Il s’en défend. « Je dis ce que je pense au management, puis ils font ce qu’ils veulent. » Racine, brillant dirigeant d’entreprise dans le multimédia, affirme être « un peu comme un amateur qui dit ce qu’il pense, un peu comme quelqu’un dans la rue ».

Une des idées de Rémi Racine – mais il n’est pas le seul à y songer – serait de remplacer le Téléjournal de 22h par un talk-show. Une version quotidienne de Tout le monde en parle, par exemple. Interrogé à ce sujet, M. Racine refuse de commenter, mais il insiste pour dire  que l’information doit « refléter l’opinion de tous les Canadiens ».

Au cours des dernières années, d’autres scénarios ont été envisagés et sont encore sur la table, y compris celui de réduire la durée du TJ – à 15 minutes, par exemple – puis de glisser dans un format talk-show.

Le problème du TJ de 22h de Céline Galipeau et de celui de 18h de Patrice Roy est qu’ils n’arrivent pas à gagner de parts de marché. Ils sont stables, mais à un niveau jugé trop bas par la direction. Notez: c’était vrai aussi avant leurs arrivées.

Les défenseurs du TJ actuel admettent que les cotes d’écoute sont — depuis des lustres  — plus faibles que celles de TVA, mais font valoir que celles de TVA et des autres diffuseurs en Occident déclinent, alors que les auditoires des TJs de Radio-Can restent fermes, ce qui constitue « un exploit en soi ». Rien ne dit que de nouvelles expérimentations avec la formule ne feraient pas fuir — plutôt que d’attirer — des téléspectateurs.

Arcand à l’écran ?

M. Racine a suggéré un jour de mettre Paul Arcand à 18h, pour attirer une nouvelle clientèle. (M. Racine nie avoir fait cette suggestion, mais deux témoins affirment l’avoir entendu).

Arcand étant, à mon avis, l’interviewer le plus redoutable au Québec, l’idée n’est pas mauvaise en soi. On me confirme que des projets de débaucher Arcand, qui est au 98,5 FM, ont été évoqués à quelques reprises dans des configurations différentes, y compris pour la radio.

Mais pour le faire atterrir à la télé à 18h, il faudrait ainsi changer la nature de l’émission d’information.

Depuis deux ans, le président de Radio-Can, Hubert Lacroix, très impliqué, contrairement à son prédécesseur, dans la gestion des programmes, insiste auprès de ses subalternes pour que soit faite une réforme des TJs. Le Directeur général de l’information, Alain Saulnier – démissionné jeudi dernier – était un résistant tenace.

L’incompatibilité entre le démissionné Saulnier et son nouveau patron Louis Lalande (confirmé dans ses fonctions en janvier) semble trouver là une partie de sa substance. Car on se souvient que, lors d’une incarnation précédente, M. Lalande avait installé à 18h une émission animée par Véronique Cloutier et avait ramené le bulletin d’information à 17h. Un retentissant échec dont la seule qualité fut la brièveté.

« Lalande a accepté de faire les basse œuvres d’Hubert Lacroix », commente sèchement un intime de ces rapports de force.

Demain: Nominations et code sanguin politique

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !