Renforcement du français: ce que j’en pense

J’ai beaucoup écrit sur la langue, mais j’ai résumé dans ces deux billets récents l’action que je crois essentielle pour contrer le déclin du français (ici et ici). Je me résume:

1. L’immigration. La principale variable du déclin du français est la composition linguistique de l’immigration. C’est pourquoi je propose depuis longtemps une prime au français langue d’usage au point d’entrée (et non seulement à la connaissance du français), c’est pourquoi j’approuve la proposition péquiste de requérir une connaissance minimale du français pour tous les futurs immigrants, au point d’entrée (comme le font plusieurs pays européens), puis une période d’apprentissage rémunérée du français à l’arrivée, puis une connaissance du français pour obtenir la nouvelle citoyenneté québécoise sans laquelle on ne peut briguer les suffrages — et, à mon avis, comme dans quelques cas étrangers de citoyenneté intérieure, voter aux scrutins québécois.

Je propose depuis 2000 une politique de recrutement d’étudiants étrangers principalement francophones et francotropes pour qu’on en assure, ici, la diplômation, qu’on les intègre dans la société et qu’on assure durablement l’équilibre démographique et linguistique du Québec, à son niveau de 1991, avant le début du déclin.

2. L’étalement urbain. L’exode des jeunes familles vers les banlieues est la seconde variable en importance de la fragilisation du français à Montréal. Je réclame depuis des années que le PQ fasse du maintien d’une nette majorité de francophones sur l’île de Montréal un objectif national légitime et prenne des mesures, notamment fiscales, pour retenir les jeunes familles sur l’île et susciter leur retour.

4. La langue de travail. Je suis favorable à l’extension de la langue de travail, sur un calendrier intelligent et raisonnable de 15 ans, aux entreprises de moins de 50 employés, troisième variable en importance de l’anglicisation.

5. Les Cégeps. Sur la question des Cégeps, je suis favorable à l’extension de la loi 101, mais je préfère et défends depuis 2000 une proposition à mon sens plus audacieuse, qui ne laisse pas dans un ghetto collégial anglophone les allophones historiques (grecs, italiens, juifs) et les jeunes anglophones. Je défends plutôt un passage collégial intégré pour tous les jeunes cégépiens, ce qui permettrait une réelle intégration au français de tous nos futurs techniciens et professionnels. Au départ, je défendais l’idée que les trois quarts de l’enseignement collégial soient donnés, pour tous, en français et le quart en anglais. Cela pour répondre à la réelle demande pour une acquisition opérationnelle de la langue seconde. J’ai évolué et ai proposé à la place que cette session d’immersion en anglais au Cégep soit partout offerte, mais facultative. J’ai été heureux de retrouver cette idée dans la Proposition principale du PQ. Certains Cégeps pourraient offrir une session en espagnol, pourquoi pas ?

6. Et encore… Je suis évidemment favorable à l’extension de la loi 101 aux 10% des salariés québécois qui oeuvrent dans des entreprises de juridiction fédérale et je propose même que les inspecteurs de l’OQLF puissent émettre sur-le-champ des contraventions aux commerces unilingues anglais.

Ce contenu a été publié dans Langue par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !