Si je commentais les sondages…

Étant ministre du gouvernement Marois, je ne commente évidemment pas les sondages.

Mais je me suis demandé ce que j’aurais dit du sondage Léger/QMI des 45 jours du gouvernement si j’avais cette liberté de ton. Et voici, en toute hypothèse, ce que j’en aurais conclu: nette progression, mais peut mieux faire.

Pourquoi ? D’abord sur ce taux de satisfaction de « seulement » 37%. On aime toujours passer la barre du 50%, c’est entendu. Mais à quoi comparer ce 37%, sinon au pourcentage de Québécois qui ont voté PQ il y a 45 jours: 32% ? Donc, il y a davantage de satisfaits que d’électeurs péquistes. Et il y en a 7% qui s’interrogent. Le choix anti-péquiste est donc passé de 68% (le 4 septembre) à 56% (la proportion d’insatisfaits). Un progrès.

Et dans un combat à quatre partis, si demain une élection donnait au PQ son taux de satisfaction actuel, donc 37%, le PQ pourrait être majoritaire. Ce n’est pas anodin.

Mais force est de constater que l’intention de vote bouge peu. Au 32% enregistré le 4 septembre, le PQ substituerait aujourd’hui… 32%.

Pourtant, lorsque Léger sonde les électeurs sur chacune des mesures adoptées par le gouvernement Marois ce dernier mois, une seule ne trouve pas grâce à leurs yeux: l’abolition de l’augmentation libérale des droits de scolarité: 55% sont en désaccord, contre 42%.

Mais sur toutes les autres mesures testées, les électeurs plébiscitent l’action du gouvernement:

  • 53% Annulation du prêt à la mine d’amiante Jeffrey
  • 55% Abrogation du bill 78 (loi 12) sur les restrictions au droit de manif
  • 62% Fermeture de Gentilly-2
  • 63% Moratoire sur les Gaz de schistes
  • 77% Abaissement des contributions aux partis politiques à 100$

Au sujet du plus vif débat des dernières semaines — le changement apporté à la fiscalité pour abolir la taxe santé — 62% des sondés estiment que le gouvernement a « mal géré » le dossier. Puisque le gouvernement a dû refaire sa copie, on se serait attendu à ce que 100% donnent cette réponse. Il y a des indulgents dans la population.

Mais sur le fond, sont-ils d’accord avec la mesure annoncée par mon collègue et ami Nicolas Marceau ?

Ils le sont à 61%. Mieux encore, 48% des électeurs libéraux (contre 46) et 51% des caquistes (contre 45) signifient leur accord. Ces derniers seraient donc mal venus de faire la guerre au gouvernement sur une mesure qui a l’assentiment d’une majorité de leurs électeurs.

Bref, si je commentais les sondages, je serais assez satisfait ce celui-ci. Il porte les germes d’une augmentation du soutien au parti qui forme le gouvernement et indique que la première ministre nous a mis sur le chemin d’une majorité.

Mais je ne commente pas les sondages, alors je n’en dirai pas plus !

7 avis sur « Si je commentais les sondages… »

  1. Faut pas sans faire,il faut juste prendre le temps de bien démarrer.
    Au plaisir.

  2. C’est curieux mais je faisais exactement la même analyse que vous de ce sondage. Étant quelque peu spécialiste en la matière je trouvais ce sondage plutôt positif pour votre gouvernement, malgré le fait que de nombreux représentants du PLQ, de la CAQ, des milieux d’affaires, que de nombreux
    chroniqueux biaisés et analystes improvisés aient annoncé une multitude de catastrophes suite aux premières décisions du nouveau gouvernement péquiste. En plus le « silence radio » de Québec solidaire, des autres partis à la gauche du centre et des autres partis souverainistes aurait dû nuire davantage à la perception de la population face à ce nouveau gouvernement. Or, il n’en est rien. Les gens sont moins influençables que semblent le croire les grands faiseux d’opinion qui monopolisent nos médias. C’est plutôt encourageant. Malgré tout ce qui a été présenté comme un cafouillage majeur le PQ n’a pas reculé dans les intentions de votes. Imaginez quand l’apparence de cafouillage cessera.

    Il ne faut pas perdre de vue non plus que le taux d’insatisfaction à l’endroit du gouvernement péquiste demeure beaucoup moins élevé que le taux d’insatisfaction qui collait au gouvernement précédent. Ce n’est pas rien. Les gens perçoivent une amélioration. J’espère que votre gouvernement ne reculera pas sur son programme malgré les menaces formulées par le PLQ et la CAQ. Dans les circonstances actuelles ces deux partis perdraient probablement des plumes dans une élection qu’ils auraient précipitée. Le PQ n’a pas à craindre une nouvelle élection. Il pourrait facilement en sortir avec un gouvernement majoritaire. Alors?

    Les statistiques étant ce qu’elles sont, dans une lutte à deux partis majeurs il était possible d’obtenir des taux de satisfaction supérieurs à 50%. Dans une lutte à trois partis majeurs (ou à trois et demi) cela devient à-peu-près impossible. Un taux de satisfaction qui dépasse de quelques points le pourcentage des votes recueillis lors d’une élection est déjà une victoire en soi, surtout dans un contexte où les opinions et les différences entre les partis sont plus tranchées que jamais.

  3. Je trouve que le gouvernement Marois fait montre de courage (positions dans les ressources naturelles, diminution des paliers de gouvernement en santé, devoirs de l’école privée etc) ce qui n’est pas toujours malheureusement payant sur le plan électoral.
    Les plus grandes faiblesses du PQ sont un manque de ficelage des projets lancés et surtout son système de communication et de commercialisation pour faire contre poids aux médias qui donne énormémentde place aux positions du PLQ qui rejette tout sans analyse, parfois en contradiction avec lui même et à coups de phrases lapidaires.

  4. Le chemin d’une majorité souverainiste à l’Assemblée nationale passe par un Front uni qui devrait se discuter dès maintenant. En effet, l’existence même d’un Front uni amènerait les partis d’opposition à hésiter sérieusement avant de renverser le gouvernement. Ce qui donnerait plus de temps aux jeunes ministres du gouvernement(les jeunes loups de 40+ à 50+ annéess) de réaliser des projets d’envergure ou de prendre des décisions majeures et se démarquer dans l’opinion publique; en faisant avancer le Québec.
    Je crois que l’équipe actuelle du PQ est une équipe du tonnerre qui vaut celle attribuée jadis à celle de Jean Lesage. Il faut un peu de temps à cette équipe pour se faire valoir. Le narratif du PQ ne se réfère pas souvent à cette équipe du tonnerre.
    Les adversaires qui ont poussé la mise en scène politique d’un Legault vont certainement vite ajuster leur stratégie sans laisser le temps au PQ.
    Tout le Québec va y perdre.

    • Je suis plutôt d’accord avec vous. Si on additionne tous les votes accordés aux divers partis souverainistes on arrive à 41% des votes totaux exprimés. S’il est vrai que la CAQ regroupe des souverainistes et des fédéralistes et qu’on prend le tiers des votes caquistes pour les additionner aux votes souverainistes exprimés on dépasse légèrement les 50%. Il est donc plus que temps que les souverainistes se regroupent comme ils l’ont fait antérieurement pour créer le Parti Québécois. Les souverainistes regroupés qui ont l’habitude de voter représenteraient potentiellement une force majoritaire. Pour qu’un tel regroupement puisse toutefois se faire il faudrait que les radicaux de Québec solidaire réalisent que notre environnement géopolitique rend impossible leur rêve d’implanter au Québec un gouvernement à la Fidel Castro ou à la Hugo Chavez. Autrement dit il faudrait que les grands rêveurs socialistes reviennent un peu sur terre et qu’ils se contentent d’une saine sociale-démocratie, beaucoup plus réaliste et réalisable dans notre environnement nord américain.

  5. Si vous ne commentez plus les sondages de cette manière …. alors là, on est gras dur.

    Je trouve charmant que vous ne puissiez résister à une interprétation des chiffres. C’est votre talon d’Achille. Ne vous laisser pas taper sur les doigts, là !

  6. Il va falloir que certaines de vos collègues ministres se tournent la langue 7 fois avant de lancer une idée.

    A la longue, ça ne donne pas une bonne image de votre gouvernement. Il y a des manières de lancer une idée….mais quand on est ministre, il faut le faire avec doigté et circonspection. Ça donne des allures d’improvisation.

    J’ose espérer que certaines apprendront……

    Gilles Jean

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