Sortir, Voir: Regarder en rafale « Les Pays d’en haut » / Attendre « Le projet Hummingbird » sur le petit écran / Craindre Néron dans Britannicus

Exceptionnel: Les quatre saisons des Pays d’en haut !

Je m’en confesse au fantôme du Curé Labelle. J’avais savouré la première saison des Pays d’en haut au moment de sa sortie, mais mon activité politique ne m’avait pas permis de suivre attentivement la suite.

Maintenant que la série a connu sa finale (excellente) de fin de quatrième saison, ma conjointe et moi avons fait notre devoir de téléspectateurs québécois en regardant en rafale les trois saisons restantes. Notre verdict: un régal, un must.

La première saison était exceptionnelle. Le reboot de ce classique par le scénariste Gilles Desjardins lui donne une profondeur et une saveur nouvelles, des dialogues pétillants et efficaces. Le défi de la première saison était, sur fond de triangle amoureux, de rendre vraisemblable le consentement de Donalda à marier Séraphin et non le bel Alexis. Le défi fut remarquablement relevé. Il ferme les dernières minutes de la première saison comme un nœud savamment préparé depuis la toute première scène.

Les trois autres saisons, sans abandonner complètement le triangle, examinent les autres thèmes de la colonisation du Nord: conflit avec les compagnies américaines de bois, jeux politiques au sein de la hiérarchie catholique, sujétion des femmes et, toujours, l’âme du personnage central: Séraphin.

Vincent Leclerc offre tout au long des épisodes une des plus grandes performances de l’histoire du Québec. Rien de moins. Il ne pourrait le faire sans l’intelligence émotive que Gilles Desjardins lui insuffle à chaque page du texte, mais l’acteur incarne toutes ces nuances avec une sincérité à écorcher les cœurs. Antoine Bertrand, dans le rôle du Curé Labelle, crève aussi l’écran. Mais il semble jouer son propre rôle — comme s’il était simplement la réincarnation de Labelle, comme s’il était tombé dedans quand il était petit.

Radio-Canada annonce une cinquième saison de 6 épisodes. À première vue, elle n’est pas nécessaire. Les 4 saisons existantes sont un univers qui s’ouvre et se ferme magnifiquement. Je crains donc un peu. Mais avec Gilles Desjardins à la plume et Vincent Leclerc à l’écran, je donne le bénéfice du doute.

Ajout: Vincent Leclerc a réagi sur ma page Facebook:

À voir sur Ici Tout.TV Extra


Le Projet Hummingbird, une fable sur l’argent et le temps

Tourné au Québec par le versatile et talentueux cinéaste québécois Kim Nguyen, le Projet Hummingbird nous plonge dans l’absurde réalité des transactions boursières dont l’essentiel est désormais effectué par des algorithmes qui anticipent les mouvements de la bourse pour encaisser des profits.

Ce n’est donc plus le courtier le mieux informé ou ayant le meilleur instinct qui pourra vous enrichir (et s’enrichir au passage) mais l’algorithme qui pourra le plus rapidement procéder à des millions de transactions. Gagner quelques millisecondes (le temps d’un battement d’aile d’un oiseau-mouche) c’est gagner des milliards.

Nguyen établit avec une grande efficacité cette intrigue centrale, campe bien ses personnages et a le trait de génie d’utiliser à contre-emploi Salma Hayek dans le rôle d’une intraitable patronne. Le film effectue dans le dernier tiers sa mue vers une fable sur la futilité du temps, de la bourse et de l’argent.

Mon verdict: ça se regarde avec intérêt, mais on peut attendre sa sortie télé.

Sur les écrans en ce moment.


Britannicus : La folie du/au pouvoir

Triangle amoureux, coup d’État, pouvoir, intrigue, espionnage. En alexandrins. La pièce de Racine, reprise au TNM dans une mise en scène dépouillée, présente le jeune empereur Néron imprévisible,  influençable, jouant d’un coup de tête avec la vie et la mort de ses proches.

Racine, écrit la directrice Lorraine Pintal, « maîtrisait les vers comme on exerce un sport extrême ». Les dialogues sont en effet d’une redoutable efficacité, Francis Ducharme est un Néron crédible dans sa funeste instabilité.

Au TNM en ce moment.


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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !