L’ère de l’indécence

Vous pourrez dire à vos petits-enfants que vous étiez là lorsque le monde a changé. Lorsque la décence a été mise en terre. Lorsque la brutalité a triomphé. Vous leur direz que cela s’est passé très vite, en moins de deux mois, et sur plusieurs fronts à la fois, au cœur de la plus grande puissance économique, culturelle et militaire que le monde ait connue.

Le rêve brisé de mégalotrump

Il se voyait déjà, je suppose, immortalisé dans le roc, sur le mont Rushmore, avec les autres présidents qui ont transformé le pays. Ce serait logique, car il aurait doublé la superficie américaine en avalant le Canada. Se demandait-il si on allait sculpter son visage à gauche ou à droite ? Sachant que la disposition des têtes des géants sur la montagne ne se prête pas vraiment à un ajout, pensait-il plus simplement en remplacer un ? D’autant qu’il y a cet Abraham Lincoln qui, quand on y pense, était très investi dans la diversité et l’inclusion, des thèmes qui n’ont plus la cote.

Menace existentielle

Était-ce au départ une blague de mononcle américain ? Si oui, il l’a trouvée bien bonne, et de plus en plus excellente à mesure qu’il l’a répétée, en petit comité, puis sur l’écran planétaire qu’est son réseau social. Mardi, il l’a trouvée, cette idée d’avaler le Canada, non seulement géniale, mais nécessaire.