Le mot en W

Pub conservatrice.

La chose est désormais actée. En politique canadienne, tout — je veux dire absolument tout — est « woke ». Nous devons cette extension infinie d’un terme naguère inconnu au travail combiné de Pierre Poilievre et de Justin Trudeau. Le chef conservateur a, le premier, étiré l’élastique sémantique en attribuant il y a deux semaines l’abandon du troisième lien autoroutier à cette engeance : « Trudeau et ses libéraux ont choisi la voie des wokes et de la guerre à la voiture. »

Justice pour les femmes toxiques

C’est un mouvement qui, pour l’instant, n’a pas obtenu de mot-dièse. Pas de #balancetonporc ou de #moiaussi. Mais cela ne saurait tarder, car le nombre de cas suffit à faire tendance. Notre Gouverneure Générale, Julie Payette, dut quitter ses fonctions après qu’une enquête interne ait révélé qu’une centaine de témoignages fassent état du « climat de terreur » que l’ex-astronaute faisait régner à Rideau Hall.  Marie-Ève Proulx dut renoncer à son poste de ministre de la CAQ après que dix de ses employés aient claqué la porte, pour cause de « gestion toxique » du personnel. La députée Marie Montpetit fut exclue du caucus libéral après que sa cheffe ait été mise au courant de plaintes de harcèlement qui, a dit Mme Anglade, ne lui donnait d’autre choix que de larguer celle qui était son amie. Pascale Nadeau, la brillante animatrice au visage d’ange, a disparu de nos écrans à la suite de plaintes sur un comportement trop brusque, particulièrement envers ses jeunes collaborateurs.

Lire: Pauline à la page

Elle a bien failli tirer un trait définitif sur la politique. Un faux départ, au tout début. Embauchée comme attachée de presse de Jacques Parizeau en 1978, elle sort de cette expérience, écrit-elle, «traumatisée». Et elle promet qu’on ne l’y reprendra plus: « J’avais essayé, je ne m’y étais pas sentie à l’aise, point final.» La porte de la politique, ajoute-t-elle, était « verrouillée à double tour».

Québec/USA – les symptômes politiques du virus

Malgré son nom qui rappelle la couronne, le virus planétaire n’est pas monarchiste. Il est plutôt anarchiste, en embuscade, cassant ce qui est le plus cassable.

Il n’en infecte pas moins tout le corps politique. On verra, demain, comment son impact fut inégalitaire. On mesurera les taux de mortalité dans les pays aisés et dans ceux qui le sont moins. Dans les quartiers populaires ou huppés. Chez les itinérants et les puissants. On verra aussi comment des pays aux niveaux de développement équivalents ont mieux ou plus mal géré la crise. Et alors la question se posera de la compétence exercée, ou de l’incompétence étalée, à danger égal. Après le bilan sanitaire, arrivera le bilan populaire.

Bernard Landry: l’homme qui détestait l’ombre

Je n’ai jamais su ce qui a pu, chez le jeune Bernard Landry, tendre autant le ressort qui le poussait vers la lumière. Vers la lumière des projecteurs, bien sûr, dont il était friand. Mais aussi vers les lumières du savoir, de la politique, du pouvoir, de l’indépendance.