Identité canadienne, après l’éclipse

Les écrivains du Canada anglais, surtout depuis la Seconde Guerre mondiale, se sont donné le mandat de définir l’évanescente identité canadienne. Comment nommer l’essence de ce pays neuf, qui a mis 100 ans à se donner un drapeau, un hymne national et un passeport tant son existence semblait engoncée dans la grandeur de l’empire ? Les universitaires s’y sont mis ; Pierre Elliott Trudeau a donné un élan nouveau à l’affaire avec une constitution et une charte.

Le début du calvaire de Mark Carney

Conservez cette chronique, vous pourrez la retenir contre moi. Je vais me hasarder à énoncer une prédiction péremptoire : ça va mal se passer pour Mark Carney. Mal, et longtemps.

Qu’il savoure sa victoire dimanche. Qu’il s’imprègne des applaudissements, se réjouisse du ralliement de ses adversaires, savoure l’ivresse du pouvoir lors de la formation de son éphémère gouvernement, goûte chaque moment de sa visite chez la gouverneure générale, puis qu’il se délecte du vent d’enthousiasme issu du lancement national de sa campagne électorale. Parce qu’après, à mon humble avis, s’ouvre pour lui un marais dont, probablement, il ne sortira que par la porte de la retraite politique.

Vague à l’âme canadienne

Jean Charest est inquiet. Inquiet pour le Canada. Pour son avenir. « C’est une grave erreur de penser que le Canada va toujours exister sans que nous fassions par ailleurs des efforts. » Le fédéralisme ? Il y croit comme au premier jour. Mais il se sent bien seul. « Le problème, c’est pas notre système fédéral. Le problème, c’est qu’on semble avoir perdu le mode d’emploi. » L’ex-premier ministre du Québec et ex-aspirant premier ministre (conservateur) du Canada voit « plein d’enjeux sur lesquels le système fédéral devrait être efficace pour aider à régler les problèmes, puis non ! Ni au niveau fédéral ni au niveau provincial, les gens semblent capables de mettre à contribution ces outils-là pour résoudre les vrais problèmes, comme l’immigration et d’autres auxquels on est confrontés ».

L’englouti

Me permettrez-vous de prendre la défense de Jean Charest ? La victoire de son adversaire est écrasante. Pierre Poilievre l’a humilié dans l’ensemble du Canada, au Québec, et même dans sa région d’origine, l’Estrie. En fait, Charest a fait moins bien (16 %) que Maxime Bernier au premier tour de la course à la chefferie de 2017 (29 %). Perfide même dans son discours de victoire, Poilievre a salué chez le vaincu ses exploits du siècle dernier — son rôle lors du référendum de 1995 —, mais n’a pas pu lui trouver une seule contribution récente à la cause conservatrice.