Une larme (oui !) pour feu le SPQ libre

Ne me comptez pas parmi ceux qui applaudissent la disparition du SPQ libre — Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre. Les militants péquistes rassemblés de week-end à Lévis ont décidé de mettre fin à l’expérience du club de la gauche syndicale et de recommander l’abolition des « clubs » au sein du PQ, lors du prochain congrès du Parti, en 2011.

J’avais au contraire applaudi la constitution de ce club, lors de sa création en 2005. Le pari de Bernard Landry était, à l’époque, double. Conjoncturel : il voulait retenir au PQ un certain nombre de militants tentés par la nouvelle aventure de Québec Solidaire. Structurel : il souhaitait ouvrir des espaces de débat au sein du parti, en permettant la naissance de plusieurs clubs autorisés.

L’échec du système

Or l’échec de ce système n’est pas celui du SPQ libre, encore fort de 400 militants. C’est l’échec du système des clubs. Pour qu’il fonctionne, il aurait fallu un club écologiste, un club des souverainistes-lucides à la Facal, un club de la laïcité, un club des anglos indépendantistes, etc., etc.

Cette diversité au sein de la coalition qu’est le parti indépendantiste aurait permis à la fois aux militants qui ont une sensibilité politique forte d’avoir un lieu de convergence et de débat, ouvert sur la partie de la population qui partage cette sensibilité. Bref, d’être à la fois incubateur et vitrine. Face au chef, le système des clubs donne une marge de manœuvre aux tendances au sein du parti. Leur existence est la preuve que la discussion et la dissidence est permise, pendant toutes les étapes du débat. Lorsque le parti a tranché, et a fortiori pendant les campagnes électorales et référendaires, tous poussent cependant dans la même direction.

Le face-à-face

Le système ne peut cependant fonctionner que si les clubs — au pluriel — offrent une diversité de vues qui, grosso modo, s’équilibrent au sein du parti. Dans la mesure où le SPQ Libre est seul à avoir fait son travail — exister — une dynamique de face-à-face s’est développée entre lui et la direction du parti.

Le seul club existant est devenu le seul juge, genre d’opposition interne, aux propositions de la direction.

Les porte-parole du SPQ-Libre promettent de convaincre les militants de maintenir le système des clubs lors du congrès de 2011. Paradoxalement, la meilleure façon d’y parvenir serait de convaincre leurs collègues de centre-droit de former leur propre club et de présenter une revendication conjointe aux congressistes.

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Note : le billet a été modifié pour préciser que le SPQ Libre n’était déjà plus renouvelé, en date de ce week-end.