Vie et vie de l’Ombre Jaune

51V0SWH807L._SL500_Bob Morane et l’Ombre Jaune ont fait les délices de mes jeunes années de secondaire. A l’heure où j’ai initié mon fils, vorace lecteur à neuf ans, aux aventures de Vernes en lui prêtant ma collection gardée depuis l’adolescence, j’ai voulu savoir ce que Vernes avait fait de son héros.

Cette aventure est la dernière de la série. Vernes l’a publié en 1995, il avait alors 77 ans.

Il offre d’ouvrir nos yeux sur les origines de Ming, ce maître-du monde en devenir, doté d’un pouvoir hypnotique, d’une fantastique connaissance scientifique, d’armées de quasi-zombies (les dacoïts, entre autres) et qui détient la capacité de voyager dans l’espace et dans le temps.

A travers de vieux documents, Bob Morane décode que Ming est un rejeton de la famille impériale — chinoise ? on l’a toujours présenté comme Mongol — fuyant une rébellion, recueilli par une mafia chinoise, puis, en Inde, par des extraterrestres s’étant creusé des tunnels sous la surface terrienne et qui lui donnent la capacité de vivre très longtemps.

Quand cela s’est-il passé? Présumement avant 1300, car on trouve ensuite des traces de Ming dans les récits de voyages (inédits) de Marco Polo, puis en Europe aux côtés de Robespierre, puis de Napoléon. (Mais, bizarre, pas de Hitler).

On ne voit cependant pas comment Ming, à 700 ans, peut avoir une nièce. La belle Tania Orloff, en effet, est présentée comme la nièce russe du vilain et c’est elle qui sauve Bob Morane d’une mort certaine, presque à chaque épisode. Elle n’apparaît pas dans ce dernier récit.

Au total, un texte malheureusement paresseux. Imaginer le parcours du jeune Ming était l’occasion de plus d’ambition, de plus de souffle, d’un récit à la hauteur du super-vilain créé par Vernes. Il faut maintenant en faire son deuil.

Ma note 1/5

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !