Budget: Injustice canadienne ordinaire

carlosVous vous souvenez du dernier épisode des Invincibles ? Carlos y marie Lyne « la pas fine ».

Devant les invités réunis à l’église, le prêtre décrit Carlos en ces termes: « un bon gars, une bonne pâte ». On entend: un mou, un invertébré.

Quel rapport avec le budget ? On nous traite comme Carlos. On nous prend pour des mous. En 1997, j’étais au cabinet de Lucien Bouchard quand trois provinces atlantiques ont harmonisé leur taxe de vente avec la TPS, obtenant un gros chèque, ce que le Québec n’avait pas obtenu pour sa propre harmonisation.

Nous avons évidemment réclamé justice, 2,2 milliards. Mais c’était trop demander à Jean Chrétien, qui menait alors une guérilla économique et fiscale contre le Québec. Son objectif: démontrer que la séparation nuisait à l’économie du Québec. Il a échoué. Mais certaines des factures encore aujourd’hui impayées datent de cette époque.

Heureusement, on a eu Carlos Charest

Depuis 2003, le PLQ est au pouvoir à Québec. Ce qu’Ottawa refusait à des séparatistes, il aurait du le consentir à de bons fédéralistes, non ? Non! Les Carlos qui nous gouvernent à Québec ont non seulement échoué à obtenir un traitement similaire à ceux du Nouveau-Brunswick ou Terre-Neuve, mais les choses ont empiré.

Au printemps 2009, Ottawa a versé 4,6 milliards de dollars à l’Ontario pour sa propre harmonisation de taxe avec la TPS.

Cela signifie, non seulement que le Québec n’a jamais obtenu les 2,2 milliards réclamés depuis 1997.

Cela signifie que les Québécois, par leurs impôts, ont payé 20% de l’indemnisation payée aux Ontariens. Plus de 900 millions sont partis de nos poches pour aller dans le budget ontarien. Même Carlos aurait protesté.

Et c’est en plus d’avoir payé, en 2010, 20% du sauvetage de 6,6 milliards de l’industrie automobile ontarienne — la plus grande subvention de l’histoire du pays. *Au total, Ottawa a versé 9,7 milliards pour l’automobile. Près de deux  milliards de nos impôts a servi à l’emploi en Ontario. Même Carlos serait révolté.

Dans son budget pré-électoral, le ministre conservateur Flaherty n’avait rien à dire au sujet de l’injustice québécoise. « Les négociations vont bon train » disent les conservateurs. C’est ce qu’ils disaient en 2010. Et en 2009. Et en 2008. Et en 2007. Et en 2006. Et les libéraux de Paul Martin en 2005. Et en 2004.

C’est ce qu’ils disaient lorsqu’ils considéraient Jean Charest comme un allié. C’est ce qu’ils disent maintenant qu’ils le traitent comme un adversaire.

Quel est le coût politique de ce mépris, pour les conservateurs ? Il faut croire qu’ils le considèrent extrêmement faible. Il faut croire au contraire qu’ils estiment que le redressement de ce tort serait mal perçu, ailleurs dans notre beau grand pays. Qu’il serait au contraire perçu comme un aveu de faiblesse envers les Québécois, ces quêteux !

(*J’ai étoffé ce segment depuis sa première publication.)

Ce contenu a été publié dans Canada par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !