Nos adieux au biafra

J’ai cherché très attentivement dans le document Finances d’un Québec indépendant. Un regard critique, je n’ai trouvé nulle part de référence au Biafra. Même pas dans les notes de bas de page. Ça m’a réjoui. Le Biafra est une province du Nigeria qui tentait de faire sécession pendant les années 1960. Sans succès. Dans cette époque lointaine, et pendant une partie des années 1970, les opposants à l’indépendance du Québec brandissaient l’exemple du Biafra pour évoquer dans nos consciences l’image d’un Québec indépendant où des enfants, torse et jambes nus, aux ventres ballonnés par la malnutrition, seraient réduits à mendier dans les rues en terre battue de leurs villages, comme on en voyait à la télé. Avec le facteur aggravant qu’ils devraient le faire, chez nous, à -40 degrés en février.

Ciel ! Des séparatistes !

Ceux de mes lecteurs qui sont indépendantistes auraient intérêt à renouveler leurs abonnements à des publications torontoises, car c’est là que, ces derniers jours, a été le plus clairement exposé comment s’installent les conditions gagnantes d’un prochain référendum.

D’abord dans le magazine intello The Walrus (son slogan : Canada’s Conversation), l’homme qui a conduit Justin Trudeau du statut de député d’opposition excentrique à premier ministre du Canada, Gerald Butts, avertit ses lecteurs : « The Quebec secession crisis is coming, and Canada isn’t ready » (« La crise de la sécession du Québec arrive et le Canada n’est pas prêt »). Trois forces sont selon lui à l’oeuvre pour préparer un Québexit.

Les référendums fantômes

Il ne sera pas nécessaire de prévoir une réserve de maïs soufflé en prévision de la soirée référendaire sur l’immigration. L’évocation — on n’ose pas dire « menace » — par François Legault d’un appel aux urnes pour forcer la main de Justin Trudeau en la matière avait la consistance du Jell-O. Je prends donc un risque minime en classant ce référendum dans la catégorie méconnue des référendums fantômes, ces non-consultations qui ont (ou n’ont pas) jalonné notre histoire.