Avant la béatification

Robert Bourassa avait rendu l’âme. Des funérailles nationales avaient été organisées. Mon patron Lucien Bouchard en revenait. Dans son bureau alors juché dans les hauteurs de l’immeuble d’Hydro-Québec, on lui passait l’appel d’André Bérard, président de la Banque Nationale, en déplacement en Asie. Bérard était un acteur clé du grand sommet sur l’économie qu’on préparait. Entre autres sujets, j’entendis M. Bouchard lui dire : « Il a eu une excellente semaine. » L’appel terminé, je lui demandai : « L’excellente semaine, c’était celle de Bourassa ? » Bouchard opina. « Vous vouliez dire, à part pour le décès ? »

Brian, premier ministre du Québec

« Parfois, on lit ça dans un livre, me dit-il, déconfit. On lit que M. Untel a regardé le mur et ne savait pas quoi faire. Tu te dis : “C’est juste dans les livres…” Ben, c’est vrai. Je le faisais. Je savais pas comment j’allais m’en sortir. » Ces semaines de juillet 1992 constituent, confie-t-il, « la période la plus difficile de [sa] vie politique ».

Le mot en W

Pub conservatrice.

La chose est désormais actée. En politique canadienne, tout — je veux dire absolument tout — est « woke ». Nous devons cette extension infinie d’un terme naguère inconnu au travail combiné de Pierre Poilievre et de Justin Trudeau. Le chef conservateur a, le premier, étiré l’élastique sémantique en attribuant il y a deux semaines l’abandon du troisième lien autoroutier à cette engeance : « Trudeau et ses libéraux ont choisi la voie des wokes et de la guerre à la voiture. »

L’englouti

Me permettrez-vous de prendre la défense de Jean Charest ? La victoire de son adversaire est écrasante. Pierre Poilievre l’a humilié dans l’ensemble du Canada, au Québec, et même dans sa région d’origine, l’Estrie. En fait, Charest a fait moins bien (16 %) que Maxime Bernier au premier tour de la course à la chefferie de 2017 (29 %). Perfide même dans son discours de victoire, Poilievre a salué chez le vaincu ses exploits du siècle dernier — son rôle lors du référendum de 1995 —, mais n’a pas pu lui trouver une seule contribution récente à la cause conservatrice.

Mes questions pour Charest et Poilievre

Le duo Pierre Poilievre-Jean Charest offre ces jours-ci le meilleur spectacle politique du continent. Point besoin de café ou de boisson énergisante pour suivre leurs débats, on trépigne au contraire sur nos chaises dans l’attente de la prochaine embardée. Je me demande simplement pourquoi un youtubeur n’offre pas déjà un remontage de leurs échanges, agrémentés des phylactères « Wham », « Bam » et « Kaboum » rendus célèbres dans les scènes de combat de la vieille série télévisée Batman.