Les péquistophobes

Dans son premier roman, Tu aimeras ce que tu as tué, où le talent le dispute à la rage, Kevin Lambert désire ardemment la disparition de quelque chose. « J’ai rêvé ta fin toutes les nuits. Je ferai oeuvre de ta destruction », écrit-il. « Tu te retrouveras enfin dans la poubelle de l’Histoire, ne subsistant qu’au détour d’une phrase trop longue, mal rédigée, dans un paragraphe refoulé, peut-être coupé à l’édition, une bête note de bas de page, un renvoi à un autre ouvrage, épuisé, introuvable. »

Le blues des bilans

Une autopsie politique extrême, celle de la mort de l’Union nationale

Bienheureux est le parti au pouvoir, entièrement tourné vers la tâche qu’il préfère : gouverner. Pour les caquistes, l’autopsie des élections est aisée. Malgré une campagne désastreuse, peuvent-ils se dire, les Québécois nous ont réélus. C’est bien la preuve que nous avions accumulé avant le déclenchement des élections un capital de sympathie suffisant pour que, malgré les pertes encourues pendant la campagne, le résultat soit resté favorable.

«Dé-distortionner», mode d’emploi

Il n’y aura pas de réforme du mode de scrutin, on a compris. De toute façon, ce ne serait que pour la prochaine fois. Or, c’est cette fois-ci que la distorsion heurte le sens démocratique, le sens de la justice, le sens commun.

Si on ne peut pas faire la révolution, rien n’empêche de faire la réforme. Le rocher qui bloque le passage est inamovible. Rien n’interdit d’en creuser un et d’en aménager l’intérieur, comme le fait Arsène Lupin dans L’aiguille creuse. (Je recommande.)

Le dégonflé et l’indispensable

René Lévesque nous regardait d’un air goguenard l’autre soir. Sa photo surdimensionnée est projetée sur le pavillon ovale de l’UQAM. Il semble se demander quel message les promeneurs tirent des panneaux informatifs qui se déploient devant lui pour résumer sa vie et son oeuvre.

La reproduction d’une rédaction qu’il avait produite à 13 ans, intitulée Pourquoi demeurer français ?, a retenu mon attention. En particulier cet extrait : « Nous sommes menacés, non de coup de foudre, mais de lente et sournoise pénétration. Devant ce péril nous n’avons d’autre défense que la lutte, et la lutte pour la vie. »