Merci pour la moisson

C’était avant le temps de l’ingratitude. C’était quand on ne tenait pas tout pour acquis. Quand on ne pensait pas que tout nous était dû. C’était au contraire au temps où on avait trimé dur aux champs, qu’on avait dessouchés à s’en fendre les os, qu’on avait retourné la terre, planté les semences, entretenu les pousses, puis engrangé la moisson. On n’avait compté que sur nous-mêmes et, un peu beaucoup, sur le soleil et la pluie.

(Ce texte a d’abord été publié dans Le Devoir.)

Reste qu’on s’arrêtait un instant, en octobre, pour exprimer sa gratitude. On disait qu’on remerciait Dieu. Qu’on lui rendait grâce. Sans doute. C’était une façon de dire qu’on remerciait la nature, la terre, la famille. Sa propre bonne santé, aussi. Tout ce qui avait fait en sorte qu’on passerait le dur hiver à venir avec de quoi se nourrir et se chauffer. À l’Action de grâce, si la récolte était bonne, on était en état de grâce.

Les urbains que nous sommes devenus peuvent-ils aujourd’hui se tourner vers le travail accompli dans la dernière année et rendre grâce ? Il le faut. L’esprit critique est une belle et bonne chose, mais il nous empêche souvent de reconnaître qu’à force de se concentrer sur ce qui ne va pas, on ne remarque pas qu’il pousse autour de nous de la beauté, de la justice, du progrès, des raisons d’être heureux.

Voici mes principales raisons de rendre grâce à la moisson québécoise cette année. En vrac et dans le désordre.

Félix et Leylah. Apparus comme des survenants sur notre écran radar en septembre, Félix Auger-Aliassime (21 ans) et Leylah Fernandez (19 ans) se qualifient pour le carré d’as des Internationaux de tennis des États-Unis. Époustouflants, magnifiques, éloquents.

Huit minutes. Le temps de l’ovation debout réservée à notre cinéaste Denis Villeneuve après le visionnement de son film Dune. Huit minutes. Quand même !

84 %. Le taux de double vaccination des Québécois admissibles.

Rétroviseur. Le refrain mélo de la chanson de l’année des Cowboy Fringants, simple et pénétrant : « C’est si triste que des fois quand je rentre à la maison / Pis que j’parke mon vieux camion / J’vois toute l’Amérique qui pleure /Dans mon rétroviseur… »

Croissance. Non seulement Cœur de pirate devient-elle entrepreneure et repreneuse de maison de disques, mais elle invite Alexandra Stréliski à toucher le piano dans sa dernière chanson.

Encore. Adèle qui choisit encore Xavier Dolan pour son nouveau clip, tourné à Sutton.

Place prise. Mélissa Bédard. De Star Ac à M’entends-tu ? et à la Semaine des 4 Julie, une étoile québécoise impose son talent et sa différence.

Audace. Le discours antiviolence conjugale dans les excellents Beaux Malaises 2.0. Merci Martin Matte.

Numéro 1. La place occupée au palmarès des émissions les plus écoutées en France le jeudi soir par la version française de Fugueuse, diffusée à TF1. Si l’extraordinairement pédagogique série de Michelle Allen peut faire reculer l’exploitation sexuelle dans toute la francophonie, ce sera déjà ça de pris.

Talent. Julie Le Breton. (Comme chaque année.)

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100 % CPE. De même, les quatre partis affirment maintenant que les centres de la petite enfance, plutôt que les garderies privées, doivent être le modèle pour les places à venir, ce que le PLQ et la CAQ contestaient avec force il y a trois ans à peine. Le modèle inspiré par Camil Bouchard, promu par Lucien Bouchard et mis en œuvre par Pauline Marois fait désormais consensus, au point que son exportation dans le reste du Canada fut un enjeu de la campagne électorale fédérale.

Zéro pétrole.Les quatre partis représentés à l’Assemblée nationale sont désormais unanimes : il ne doit plus y avoir d’exploration ou d’exploitation gazière ou pétrolière au Québec. Un consensus impensable il y a seulement quatre ans.

Surprise. Le Canadien en finale de la Coupe Stanley ! Wow !

Il y a aussi des raisons de célébrer des choses qui n’ont pas eu lieu.

Zéro complot. Nous avons eu une élection fédérale, certes inutile, mais pendant laquelle les pires actes de violence furent l’écrasement d’un œuf sur la tête de Maxime Bernier et l’envoi de gravier en direction de Justin Trudeau. Mieux : personne n’a affirmé que l’élection était truquée, que les votes étaient volés, que les Russes, les Chinois ou le fantôme de Hugo Chávez avaient perverti le processus. Aucune horde d’excités n’a envahi le parlement pour exprimer sa colère.

Échappée belle. Justin Trudeau n’a pas été réélu majoritaire, Erin O’Toole n’est pas devenu premier ministre, les Beaucerons ont refusé d’envoyer Maxime au Parlement. Et Ottawa ne participera pas financièrement à la construction du troisième lien. Voyez ? Il y a des raisons électorales de rendre grâce.

Ça n’a pas de prix. L’exécrable série sur un Québec souverain débile, La Maison-Bleue, qui semble inspirée des discours de Jean Chrétien, fut mise en nomination aux Gémeaux, mais n’a heureusement reçu aucun prix.

Tuyau bouché. Le projet gazier GNL Québec n’aura pas lieu, canardé par le BAPE et enterré par la CAQ. Qui l’eût cru ?

Et la moisson ?

60 %. Le pourcentage de Montréalais qui font désormais pousser des fruits et des légumes sur leurs balcons ou dans leurs petits coins de verdure. La métropole québécoise est désormais la capitale mondiale de l’agriculture urbaine, dépassant Toronto, New York et Paris quant au nombre d’entreprises agricoles. La pandémie a encore accéléré le processus. Sur les tables urbaines du Québec, début octobre, on peut rendre grâce à la nature, au soleil, à notre labeur, à la moisson. C’est beau, non ?


Mon estimé collègue Christian Rioux m’a écrit pour éclairer un peu mieux ma lanterne sur les origines de l’action de grâce, ou plutôt des fêtes des moissons, au Québec. Je l’en remercie. Voici son message:

« En réalité, les Québécois et leurs ancêtres canadiens français et canadiens n’ont jamais fêté l’action de grâce. Nous n’en avions pas besoin car nous avions bien assez de fêtes pour meubler notre calendrier d’automne (Saint-Michel, Sainte-Catherine, Toussaint, etc).

L’action de grâce est d’origine protestante et américaine. Elle arrive avec les Pilgrim Fathers et revêt aux États-Unis un caractère identitaire très fort. Pour ne pas être en reste, le Canada tentera de l’imposer, mais en lui donnant cette fois une connotation liée à l’Empire et à la célébration de la monarchie ou même du 11 novembre après la guerre.

            Les Québécois n’en avaient rien à faire. Comme en France, ils avaient plutôt des fêtes des récoltes avec la tradition de décorer la dernière gerbe et de faire ripaille.

            Voici ce que dit le Réseau de diffusion des archives du Québec à ce sujet. «Au Québec, la fête de la grosse gerbe a été célébrée à maintes reprises depuis 1883 par l’École supérieure d’Agriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière qui se faisait un honneur d’offrir à la communauté un banquet suivi d’une soirée récréative rappelant l’esprit des veillées de famille. Cette fête semble avoir fait partie des traditions de l’institution jusqu’au milieu du XXe siècle (L’Action catholique, 1947). La pratique de cette fête a aussi été retracée dans les cahiers de prônes du curé Eustache Santerre de la paroisse Saint-Arsène de Rivière-du-Loup (1923-1942). La fête de la grosse gerbe était célébrée par une soirée à la salle paroissiale. Faite de blé, d’avoine et d’orge, la gerbe était fabriquée et décorée pour l’occasion par la présidente des Enfants de Marie.»

            L’épluchette de blé d’inde est un témoignage de ces anciennes fêtes des récoltes. Il semble que, depuis trois ans, une Fête des moissons a lieu à Saint-Joseph de Beauce au début de septembre pour faire connaître les produits de la région. Moi qui passe l’été dans le Bas-du-fleuve, je peux témoigner de ce nouvel engouement pour l’agriculture québécoise. Loin de cet oxymore inventé par les bobos et que l’on nomme l’«agriculture urbaine», il y a dans nos régions une petite révolution agricole avec l’apparition de produits régionaux de grande qualité qui renouent avec nos racines françaises. Nos fromages en sont l’exemple le plus éloquent.  

Mobilisation générale dans Rosemont pour le bien des écoliers !

J’ai adressé la semaine dernière au ministre de l’Éducation, François Blais, une lettre cosignée par 50 organismes de Rosemont afin qu’il autorise enfin l’agrandissement de l’École Saint-Albert-Le-Grand, entre autres.

Extrait:

« La surpopulation des écoles, la vétusté des bâtiments et le déplacement d’élèves dans d’autres quartiers ne favorisent pas la réussite et la persévérance scolaire de nos jeunes. Les enseignants et les professionnels du milieu de l’éducation font un travail formidable pour assurer un environnement propice à l’apprentissage malgré des situations difficiles. Un investissement important et soutenu est essentiel dans les écoles de Rosemont, des quartiers centraux et dans l’Est de Montréal.»

Voici l’intégrale de la lettre:

Monsieur le ministre,

Comme beaucoup de Rosemontois, j’ai été étonné et déçu d’apprendre votre récent refus d’autoriser l’agrandissement de l’école Saint-Albert-Le-Grand, un projet que nous jugeons indispensable, comme je vous l’avais signalé dans une lettre précédente.·

La Commission scolaire de Montréal vient de vous faire parvenir une nouvelle demande d’autorisation pour cet agrandissement et je souhaite, avec les nombreux cosignataires de Rosemont dont les noms figurent en fin de missive, vous exposer les nombreuses raisons qui militent en faveur de ce projet.

D’abord sachez, Monsieur le ministre, que Rosemont est un modèle de qualité de vie urbaine pour les familles, ce qui explique que le quartier réussit à retenir et à attirer de nombreuses jeunes familles, participant ainsi à la vitalité démographique de Montréal.

Selon les prévisions effectuées par la CSDM en avril dernier, la croissance prévue de la population scolaire de niveau primaire dans Rosemont sera de plus de 16% d’ici l’année scolaire 2019-2020, soit près de 800 enfants supplémentaires. Ce qui équivaut à 23 classes.

Ces prévisions sont notamment fondées sur les projets immobiliers qui sont en phase finale, mais ne tiennent pas compte de la construction imminente de l’éco-quartier d’Angus et de ses 300 nouvelles habitations et d’autres projets actuellement à l’étude.

Les parents de Rosemont sont déjà très préoccupés de la surpopulation vécue depuis quelques années dans les écoles primaires de leurs enfants, avant même l’arrivée des nouvelles cohortes. Si la CSDM respectait les normes du plan technique et n’emplissait ses écoles primaires qu’à 100% de leur capacité, elle devrait trouver 52 classes nouvelles pour environ 1 000 enfants de Rosemont pour l’année 2016-2017.

L’école Saint-Albert-Le-Grand, par exemple, affiche un taux d’occupation global de 169%, même après s’être délestée cette année de ses classes préscolaires. Comme c’est le cas dans plusieurs autres écoles du quartier, cela signifie que chaque espace est utilisé pour la dispensation de cours. En conséquence, les élèves sont privés de bibliothèques, de locaux pour le service de garde, de salle de classes à vocation artistique (arts, musique, etc.), de locaux pour les spécialistes, de laboratoire de langues, etc.

À Saint-Albert, depuis quelques années, 10 unités préfabriquées situées sur le terrain de l’école accueillent cinq classes dans des conditions sous optimales. Songez, Monsieur le ministre, que le bureau de l’orthopédagogue a été aménagé dans un ancien placard!

Au débordement de population scolaire s’ajoute la nécessité de fermer temporairement certaines écoles du quartier dont l’état de vétusté avancée justifie des travaux majeurs et urgents. La planification de ces travaux force la relocalisation d’élèves dans d’autres bâtiments, ce qui réduit d’autant la marge de manœuvre dans le quartier.

Dès l’année 2016-2017, la surpopulation sera telle que 936 élèves de Rosemont devront être déplacés quotidiennement vers un autre quartier, en autobus, augmentant la congestion déjà lourde à l’heure de pointe dans les quartiers centraux de Montréal. Le coût de transport est estimé à 1,2M$ par année.

Plus d’un million de dollars par an perdus en fumée, alors qu’ils pourraient être investis dans de nouvelles classes.

Le projet actuel de l’école St-Albert-Le-Grand est évalué à 12,2M$. La configuration du terrain est propice à la construction d’un agrandissement comprenant dix classes et un gymnase. Chaque année de délai augmente les coûts de réalisation du projet.

Pour toutes ces raisons, nous croyons fermement que le projet d’agrandissement de l’école St-Albert-Le-Grand est prioritaire et qu’un investissement important et soutenu est essentiel dans les écoles des quartiers centraux et dans l’Est de Montréal.

La réussite et la persévérance scolaire supposent un environnement propice à l’apprentissage, ce que ne fournit pas en ce moment la surpopulation des écoles ni ne permettrait le déplacement d’élèves dans des embouteillages qui les conduiraient à d’autres écoles, dont le taux d’occupation dépasse déjà les normes de votre ministère.

Dans l’espoir que vous pourrez rapidement autoriser l’agrandissement de Saint-Albert-le-Grand, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments distingués.

Jean-François Lisée

Le maire de l’arrondissement, François Croteau, a appuyé la démarche avec sa propre lettre. Extrait :

Vous comprendrez notre déception et notre surprise à l’annonce du refus d’accorder à la CSDM les fonds nécessaires à l’agrandissement de cette école. Rosemont-La-Petite-Patrie vit depuis quelques années un mini «baby-boom » et une croissance démographique constante, contrairement à plusieurs tendances montréalaises. C’est un lieu propice pour bâtir une famille dans un milieu de qualité et dynamique. Il est donc impératif de s’assurer que l’offre scolaire soit suffisante pour répondre aux besoins grandissants sur notre territoire.

Bien entendu, nous allons maintenir, pour le moment, l’accommodement accordé à la CSDM pour le maintien de ces bâtiments temporaires. Mais, il serait déraisonnable de refuser de nouveau le financement de l’agrandissement de cette école. Nous parlons ici d’un service de base déficient. Nous demandons ainsi seulement une mise à niveau du service de base.

Si vous avez à cœur l’éducation de nos enfants et leur avenir, si vous considérez primordial d’offrir les conditions essentielles à la réussite de ces élèves, vous ne pouvez pas réitérer votre refus de financer l’agrandissement de l’école Saint-Albert-Le-Grand, vous devez revoir votre position et accorder les fonds nécessaires à la CSDM.

Liste des cosignataires (organismes ou organisations situés et/ou œuvrant dans Rosemont) :

Éric Norman Carmel, président du Conseil d’établissement de l’École Saint-Albert-le-Grand
Jean-Denis Dufort, Commissaire scolaire – Rosemont, Commission scolaire de Montréal
Érika Duchesne, conseillère de Ville, District Vieux Rosemont, Arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie
Marc-André Gadoury, conseiller de ville, District Etienne-Desmarteau, Arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie
Mouvement Je Protège mon école publique
Corporation de développement communautaire (CDC) de Rosemont
Carrefour communautaire de Rosemont l’Entre-Gens
Accès-Cible Jeunesse de Rosemont
Carrefour familial l’Intermède
Carrefour communautaire Montrose
Table de concertation en petite enfance
Oasis des enfants de Rosemont
Perspective Jeunesse
CooPère Rosemont
Lettres en main
Bouffe-Action de Rosemont
Service de Loisirs Angus-Bourbonnière (SLAB)
Loisirs récréatifs et communautaires de Rosemont (LRCR)
Association montréalaise pour le développement des loisirs Tout-Petits (AMDL)
Association de loisirs pour personnes à autonomie réduite (ALPAR)
Accorderie de Rosemont
Comité Logement de Rosemont
Projet Sur la Main
Centre des femmes de Rosemont
SODER (Éco-Quartier)
Le Moulin à musique
Côté Cour, Côté Jardin
Collectif des entreprises d’insertion du Québec (CEIQ)
Imprime-Emploi
Insertech Angus
Groupe Part
Service d’entretien Pro-Prêt
Société de développement Angus
Habitations Nouvelles-Avenues
Comité régional des Associations pour la déficience intellectuelle (CRADI)
Regroupement des organismes de promotion du Montréal Métropolitain (ROPMM)
Solidarité de parents de personnes handicapées
J’me fais une place en garderie
CPE Rosemonde
CPE Rhéa
CPE Cœurs de l’île
CIUSSS Centre-Sud de Montréal
Nourri-Source Montréal
Alternative Naissance
Service d’intégration à la communauté / Appartements supervisés Augustine Gonzalez
Répit Providence
Regroupement pour la cause de la dysphasie et des troubles langagiers
La Maisonnée
Corporation de développement de l’Est (CDEST)
Premiers Pas Montréal

 

Un grand pas en avant pour les Québécois.e.s trans

C’est un peu passé inaperçu, dans la très lourde actualité des derniers jours. Mais il faut attirer l’attention sur une évolution importante que les élu.e.s québécois.e.s sont en train d’accomplir: une plus grande reconnaissance des droits des personnes trans.

La Commission parlementaire des Institutions, dont je suis membre avec ma collègue Carole Poirier, qui est porte-parole en matières de droits, a patiemment étudié ces dernières semaines le projet de règlement qui permettrait a une personne transsexuelle de pouvoir modifier la désignation de son genre (Masculin, Féminin) sur ses documents officiels… sans devoir subir de transformation chirurgicale.

Je vous laisse écouter mon intervention lors du débat de la semaine dernière avant d’aller plus loin: 

Après l’audition des témoins et des experts, Carole et moi avons proposé à la ministre et à la commission plusieurs recommandations, dont voici l’essentiel:

« Les témoignages entendus en commission parlementaire nous amènent à conclure que le processus de changement de la mention du sexe est un geste hautement réfléchi et lourd de conséquences pour les personnes trans. Il serait faux de croire que ces dernières entreprennent ce processus à la légère. […]

En somme, donner accès à un changement d’état civil facilité, transparent et gratuit, sans contraintes médicales ou légales, est un outil puissant pour favoriser l’inclusion et l’émancipation des personnes trans et à en faire des citoyens égaux dans les droits comme dans les faits.

Il est temps que les personnes transgenres et transsexuelles obtiennent les mêmes avancées sociales que tous les autres citoyens du Québec.

En conséquence, l’opposition officielle propose:

1) de fixer la condition exigée aux personnes transsexuelles ou transgenres en conformité aux principes d’autodétermination et de dépathologisation, et se lise comme suit:

« Le demandeur atteste qu’il assume l’identité sexuelle désirée, s’identifie à celle-ci et a l’intention de la maintenir. »

2) de fixer une seule balise, en aval du changement de la mention du sexe:

« Si le demandeur souhaitait effectuer à nouveau un tel changement, il devra déposer une requête à la Cour supérieure du Québec pour y exposer ses motifs et y obtenir une autorisation. »

3) de revoir les critères de changement de nom du Directeur de l’état civil pour qu’ils s’adaptent, ipso facto, au processus légal de changement de la mention du sexe afin de maintenir une cohérence à l’acte d’état civil et sur les multiples papiers d’identité des personnes transsexuelles ou transgenres.

4) de traiter le principales lacunes du projet de règlement, soit la non-inclusion des personnes mineures et immigrantes, par un engagement de la ministre de la Justice à l’effet qu’elle déposer dans les plus brefs délais un rapport sur l’opportunité de modifier ultérieurement le règlement pour les y inclure.

5) de créer un guichet unique aux fins des modifications administratives nécessaires pour l’authentification du nouveau prénom et de la transmission des documents officiels (ex.: cartes, permis) par les différents organismes publics, à la personne concernée.

6) de rendre possible la modification des rôles parentaux sur l’acte de naissance des enfants, avec la possibilité d’un troisième rôle parental, soit celui de « parent », en plujs de « mère » et « père ».

7) de créer une table de travail pour partager les bonnes pratiques d’intégration des personnes trans dans les réseaux publics et parapublics et au-delà. »

On peut constater que l’essentiel de nos recommandations ont été reprises dans le rapport, unanime, de la Commission, que l’on peut trouver ici (pdf).

Reste maintenant à la ministre de la Justice de mettre en œuvre ces recommandations. Nous avons bon espoir de la voir agir en ce sens au cours des prochains mois. Nous resterons actifs et vigilants.

 

Comment l’austérité du PLQ heurte les handicapés

Vous aviez vu ce récent article de La Presse:

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Ce mardi j’ai interrogé à ce sujet la ministre libérale Lucie Charlebois:

Les réponses de la ministre vous ont-elle convaincues ? Pas moi. Ni les responsables des résidences concernées, de l’Association des Ressources Intermédiaires, qui a émis un communiqué pour rectifier les faits.

L’Association réitère ce qu’ils m’avaient raconté récemment, c’est-à-dire que des représentants du ministère de la santé les ont informés de leur décision de procéder

« unilatéralement [à] des coupures auprès des très petites
ressources intermédiaires, et ce sans égard aux impacts sur les services  offerts aux personnes les plus vulnérables hébergées dans ces ressources.
À maintes reprises l’ARIHQ a formulé des demandes à l’effet de procéder à  l’examen des cas particuliers auxquels la ministre déléguée fait référence. »

Donc, contrairement à ce qu’affirme la ministre, aucun mécanisme n’est en place pour trouver des « points de passage ». Au contraire, ses représentants ont livré une fin de non-recevoir à l’Association. J’ai demandé par lettre à la ministre de recevoir personnellement les représentants de l’Association, ce qu’elle devrait faire sous peu.

Voici le communiqué intégral:

L’ARIHQ tient à rectifier les  propos
de la ministre déléguée Lucie Charlebois

Contrairement à ce que laisse entendre la Ministre déléguée à la
Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique,
madame Lucie Charlebois, lorsque confrontée en Chambre à l’Assemblée
nationale par M. Jean-François Lisée, député de Rosemont, sur la question des
coupures dans les petites ressources intermédiaires spécialisées en
déficience intellectuelle, l’ARIHQ n’a jamais signé une entente de
coupures avec le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Par ailleurs, Mme Charlebois parle à tort de mécanismes de protection en
place pour assurer le maintien de la rétribution jusqu’en 2015, ce qui
n’est pas pourtant pas le cas pour les petites ressources intermédiaires
dont il est question, jamais les représentants de l’ARIHQ n’ont reçu
l’assurance du maintien de cette rétribution jusqu’en décembre 2015.

Or, les représentants ministère de la santé et des services sociaux
recommandent unilatéralement des coupures auprès des très petites
ressources intermédiaires, et ce sans égard aux impacts sur les services
offerts aux personnes les plus vulnérables hébergées dans ces ressources.
À maintes reprises l’ARIHQ a formulé des demandes à l’effet de procéder à
l’examen des cas particuliers auxquels la ministre déléguée fait référence.

« L’ARIHQ est fortement opposée à de telles coupures et réclame du
Ministère qu’il maintienne le financement actuel jusqu’à ce qu’il prenne
le temps de bien évaluer les besoins et le profil de ces personnes
exigeant un encadrement de haute intensité, et ce tel signée entre le
Ministère et L’ARIHQ », indique Johanne Pratte, directrice de l’ARIHQ. La
directrice générale ajoute « qu’il est nécessaire de procéder conjointement
(ARIHQ-MSSS)  à l’examen minutieux des cas particuliers compte tenu que
des fermetures de ressources seraient désastreuses pour les résidents qui
font partie des plus vulnérables de notre société. »

Le réseau des ressources intermédiaires, c’est 800 membres, 12 000
personnes hébergées, près de 8 000 employés et plus de 400 millions de
dollars en activité économique.

Victimes d’actes criminels: le déficit de compassion libéral se creuse

L’Association québécoise Plaidoyer-Victimes pose ce jeudi une question essentielle au gouvernement Couillard, qui selon La Presse envisage une « réduction importante » de l’aide aux victimes d’actes criminels, pourtant bonifiée par le gouvernement du Parti Québécois en 2013, avec l’appui du… PLQ:

« Le gouvernement s’apprête à couper dans le régime d’indemnisation des victimes d’actes criminels. Il avait annoncé ses couleurs dès son arrivée au pouvoir. On n’est guère donc surpris. On peut cependant questionner cette démarche qui vise à sabrer notre régime actuel sous le seul prétexte qu’il est plus coûteux au Québec qu’ailleurs au Canada. Est-ce qu’on s’est questionné sur la qualité des services offerts par les régimes d’indemnisation des autres provinces, voir sur l’absence de tels régimes dans certains coins du pays? »

J’ai interrogé la ministre de la Justice à ce sujet aujourd’hui. Elle répond que des changements sont souhaitables. Je veux bien, mais sans réduire les sommes. Elle a été incapable de s’engager à ne pas piger dans les budgets consacrés aux victimes.

Notre décision, en tant que gouvernement, d’améliorer la condition des victimes découlait de témoignages entendus en Commission parlementaire, en particulier celui d’Isabelle Gaston.

Plusieurs députés peinaient à contenir leurs larmes, à l’écoute de toute la détresse que vivent les familles durement endeuillées qui sont laissées trop souvent à elles-mêmes.

On n’assistera rarement à un moment aussi poignant à l’Assemblée nationale !

On peut le visionner en cliquant sur l’image qui suit. Je le conseille à Martin Coiteux et à son équipe de compresseurs.

Isabelle