De toutes les histoires rocambolesques survenues pendant la campagne référendaire de 1995, une de mes favorites concerne Lucienne Robillard. Ancienne ministre libérale au Québec, elle venait d’entrer au cabinet fédéral début 1995 et fut propulsée responsable canadienne du dossier référendaire. C’était une grave erreur de casting, pour deux raisons. D’abord, parce que contrairement à son patron Jean Chrétien, elle souhaitait ardemment que le Québec obtienne davantage de pouvoirs dans la fédération. Ensuite, parce qu’elle croyait, honnêtement, à la démocratie.
Tous nos cris maritimes
Avez-vous remarqué qu’en France, ils « montent » dans une voiture, comme dans une calèche ou dans un train, alors qu’au Québec on y « embarque », comme dans, ben, une barque ? Le parler québécois est ainsi truffé d’expressions maritimes — les gréements des navires ont fait en sorte que tout chez nous est bien ou mal « gréé », y compris mâles et femelles. Bien plus que les cousins de l’Hexagone, on prend le large, car on a le vent dans les voiles à la moindre occasion. Quand on navigue en eaux troubles, notre capitaine doit saisir le gouvernail puisque nous sommes tous dans le même bateau. Il faut parfois jeter l’ancre pour éviter le naufrage économique, politique ou culturel.
Hallucinations artificielles
Joueur de tours, j’ai voulu piéger notre désormais meilleur ami à tous : ChatGPT. « De quel parti d’opposition au Québec MC Gilles a-t-il été le chef ? » ai-je demandé. Pas fou à temps plein, Chat (je l’appelle « Chat ») n’a pas mordu à cet hameçon. Mais il m’a appris que l’animateur au chapeau de cowboy avait « animé l’émission La soirée est (encore) jeune à la Première Chaîne de Radio-Canada ». C’est faux.
Les combats d’outre-tombe de Frédéric
Il nous a quittés cette semaine, fauché à 53 ans par une foudroyante crise cardiaque. Frédéric Bastien n’a pourtant pas dit son dernier mot. Historien, auteur, professeur, militant indépendantiste, il avait développé un talent indispensable en démocratie : emmerder les puissants. Surtout ceux qui se croient intouchables.
Un journaliste nommé René Lévesque

Après avoir annoncé qu’il quittait la vie politique, René Lévesque a accordé une entrevue d’adieu à Jean Paré, de L’actualité. Paré lui a posé la question suivante :
« En 1960, vous êtes passé à 129 voix de rester journaliste. Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de regretter la tournure des événements, de vous demander ce que vous auriez fait ? »