Le livre maudit

Dans toute cette affaire, une chose est certaine : l’épouse du maire avait un exemplaire du livre. Pire, elle en avait acheté une dizaine pour les distribuer. Ce n’était pas pour en dénoncer la teneur. Devant la salle du conseil municipal, pleine comme un oeuf début avril, elle s’en est excusée. Que penser, cependant, du mari de l’épouse du maire ? La seule présence du brûlot dans sa résidence ne le rend-il pas indigne de sa fonction ? Il affirme ne pas l’avoir lu, exprime son désaccord avec sa distribution par sa conjointe, avec laquelle, précise-t-il, il n’est pas toujours d’accord. Mieux, il a voté avec les autres conseillers pour dénoncer, unanimement, l’infâme ouvrage. Est-ce suffisant ?

Cette chronique, bientôt illégale

Le ministre canadien de la Justice, David Lametti, est d’accord. Son collègue ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, grand ami du premier ministre, l’est aussi. S’ils n’agissent pas avec suffisamment d’empressement, le NPD déclare qu’il va leur forcer la main. Car la chose est urgente. Un peu partout au Canada, on trouve un nombre croissant de « négationnistes ». Des gens qui osent mettre en doute tout ou partie des récits autochtones et de la Commission vérité et réconciliation sur ce qui s’est passé dans les pensionnats. Il convient donc de taper sur ces malotrus à coups de Code criminel.

Les mystères de Kamloops

Huit mois après la découverte de traces de 215 sépultures près du pensionnat pour Autochtones de Kamloops, combien de corps ont été identifiés ? Aucun. Exhumés ? Zéro. La présence d’ossements humains a-t-elle seulement été confirmée ? Non. Une contre-expertise a-t-elle eu lieu ? Non.

Il y a quelque chose de très mystérieux à Kamloops. Et s’il est vrai que des membres des Oblats ont délibérément enterré 215 enfants autochtones sans en aviser leurs parents ou les autorités puis ont réussi à camoufler leur forfait pendant des décennies, nous sommes en présence d’un des plus graves crimes de l’histoire du pays.