Un journaliste nommé René Lévesque

On trouve ici le texte d’une conférence que j’ai présentée à l’occasion de la remise des prix de la Fondation René-Lévesque et du Devoir pour la presse étudiante.

Après avoir annoncé qu’il quittait la vie politique, René Lévesque a accordé une entrevue d’adieu à Jean Paré, de L’actualité. Paré lui a posé la question suivante :

« En 1960, vous êtes passé à 129 voix de rester journaliste. Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de regretter la tournure des événements, de vous demander ce que vous auriez fait ? »

Mon René Lévesque

L’adolescent derrière Lévesque, c’est moi. À côté d’un jeune Bernard Descoteaux.

Il était assis juste en face de moi. Si près que nos mains posées sur la table auraient pu se toucher, s’il n’utilisait les siennes pour porter sa cigarette à ses lèvres ou pour amplifier ses arguments de ses gestes. Il avait 53 ans, j’en avais 16. J’étais du comité organisateur qui l’avait fait venir au cégep de Thetford Mines, en ce jour de 1974 ou 1975. Mes camarades, lui et moi discutions des sujets du jour. L’incroyable gabegie entourant la construction du Stade olympique. « Croyez-vous qu’il y a de la corruption là-dedans ? » lui demandai-je. Ce n’est pas impossible, répondit-il. En tout cas, ça sentait mauvais. J’étais évidemment très impressionné d’être en sa présence, mais étonné par sa simplicité. L’absence de distance. Il discutait avec nous comme si nous étions de vieux camarades, dignes de son attention. Il était parfaitement à l’aise dans cet environnement étudiant.