Les référendums fantômes

Il ne sera pas nécessaire de prévoir une réserve de maïs soufflé en prévision de la soirée référendaire sur l’immigration. L’évocation — on n’ose pas dire « menace » — par François Legault d’un appel aux urnes pour forcer la main de Justin Trudeau en la matière avait la consistance du Jell-O. Je prends donc un risque minime en classant ce référendum dans la catégorie méconnue des référendums fantômes, ces non-consultations qui ont (ou n’ont pas) jalonné notre histoire.

L’obsession ontarienne (intégral)

Il faut savoir ce qu’on veut, dans la vie comme en politique, sauf si on se satisfait d’une vie contemplative. René Lévesque souhaitait faire du Québec “un pays normal”, ce qui était à la fois ambitieux mais non prétentieux, à son image. Jean Charest visait plus haut. Faire du Québec, spécifiquement, un “paradis des familles”, et plus généralement le faire “briller parmi les meilleurs”. Nous avons assisté depuis à un rapetissement des attentes, car Philippe Couillard avait lancé son action gouvernementale en se fixant comme horizon “la moyenne canadienne”. Comptable, et s’avisant peut-être que le pétrole de l’Alberta faisait gonfler cette moyenne, François Legault réduisit le champ des possibles en choisissant comme étalon-or la seule Ontario.

L’avalée

Voilà, c’est fait. Valérie Plante a été avalée. La machine à peur activée en permanence par l’establishment anglophone, le Conseil du patronat et la Chambre de commerce chaque fois que le Québec veut affirmer son caractère francophone (ou ses valeurs laïques) a fini par engloutir la mairesse. Devenue elle-même rouage de l’engin, elle déclarait mercredi que la politique québécoise envers les universités anglophones était « une attaque directe contre Montréal ». Comment arrive-t-elle à faire s’équivaloir le sort de deux universités, McGill et Concordia, à « Montréal » ? C’est qu’elles « contribuent directement à la vitalité économique du coeur du centre-ville ». Alors, dit-elle, « pénaliser les universités anglophones, no thanks ! ».

Les fausses bonnes idées

Il y a des moments, en politique, surtout au sommet de la pyramide, où on se sent bien seul. C’est encore plus vrai lorsque la vie s’entête à vous projeter des ennuis groupés. Le poids de la responsabilité est écrasant. Tous les regards sont pointés sur vous. Les conseils qu’on vous donne ont toujours la même caractéristique : ils sont contradictoires. De journées glauques en nuits blanches, vous tentez d’imaginer une voie de sortie. Un changement de cap ? Une retraite stratégique ? Une avenue complètement nouvelle ? Ou encore une surenchère.