Entendons-nous bien. Peut-être Jean Charest a-t-il eu tort de s’engager auprès du maire Régis Labeaume à sécuriser, par voie législative, l’entente avec Quebecor avant la fin de la session parlementaire.
Peut-être. Mais il est Premier ministre, engagé jusqu’au cou dans ce projet, et il a donné sa parole. Nous savions, depuis mardi et la brévissime conférence de presse du maire Labeaume, que la parole n’allait pas être tenue. Nous pensions que M. Charest avait du faire face à de fortes résistances des membres de son caucus.
Paul Larocque, de TVA, nous apprend cependant ce jeudi que le Premier ministre s’est rendu sans combattre:
Jean Charest n’est pas intervenu une seule fois lors du débat sur le projet de loi privé visant à protéger l’entente de gestion du nouvel amphithéâtre, lors du caucus de mardi. Le premier ministre a préféré laisser le champ libre à ceux qui s’y opposaient. […]
Le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, n’aurait pas non plus tenté de convaincre ses collègues, même s’il s’était personnellement engagé auprès de M. Labeaume à faire adopter son projet de loi avant la fin de la session…
Entendons-nous bien. Peut-être Jean Charest n’aurait-il pas du donner sa parole à l’alors recteur de l’Université de Montréal, Robert Lacroix, lui promettant que le nouveau CHUM serait construit sur les terrains de la gare de triage du Canadien Pacifique à Outremont.
Mais nous avons appris depuis que Jean Charest a préféré ne pas se battre contre son alors ministre de la Santé, Philippe Couillard, et le laisser torpiller la proposition Outremont.
Entendons-nous bien. Peut-être Jean Charest a-t-il erré lorsqu’il a assuré la direction de Loto-Québec et celle du Cirque du Soleil qu’il trouvait formidable leur projet de nouveau Casino/Salle de cirque à l’entrée de Montréal.
Les promoteurs ont compris que cet enthousiasme était surfait lorsque, le jour de l’annonce du projet, le premier ministre se fit discret et envoya son ministre des Finances, Michel Audet, affirmer qu’il y avait du pour et qu’il y avait du contre. Guy Laliberté, du Cirque, a affirmé qu’il a compris ce jour-là que l’idée était morte.
Entendons-nous bien. Peut-être Pauline Marois a-t-elle eu tort de déclarer à Québec qu’il fallait arrêter « le niaisage » avec les grands projets. Peut-être a-t-elle eu tort de vouloir lever un obstacle à la réalisation du dernier grand chantier en date.
Peut-être a-t-elle pris un risque en défendant, pendant des heures et des heures, la nécessité d’aller de l’avant, face à ses députés récalcitrants, les journalistes, l’opinion. Peut-être a-t-elle eu tort de mettre toute son autorité dans la balance, puisqu’elle a perdu quatre députés et huit points de pourcentage dans l’opinion.
Entendons-nous bien. Entendez-vous bien ?