C’est certain, le premier ministre du Canada aurait préféré que, lors des nombreuses manifestations étudiantes depuis maintenant 16 semaines, quelqu’un ait eu la bonne idée de brandir un drapeau canadien.
C’est Jacques Parizeau qui a remarqué cette absence en fin de semaine. Remarquez, quelqu’un s’est peut-être peint l’unifolié sur le torse, mais cela s’est perdu dans la mer rouge des manifs.
Mais d’Ottawa, Harper doit être content que le Québec soit « décanadianisé » à ce point qu’il ne mobilise aucune énergie pour s’opposer à l’extraordinaire entreprise de rouleau compresseur dont il est en train de rendre le Parlement et l’État fédéral victimes.
Ma collègue Manon Cornellier en faisait la synthèse dans Le Devoir de mardi :
Juste avant la dernière semaine de relâche parlementaire, le gouvernement a imposé le bâillon dans le dossier des droits d’auteur (C-11). Lundi, il a annoncé que le comité qui étudie le rapport du vérificateur général sur les F-35 n’entendrait plus de témoins et devrait remettre son rapport rapidement. Hier, il a adopté une motion limitant les deux dernières étapes de l’étude de la réforme très controversée du système de détermination du statut de réfugié (C-31).
Le Comité des finances entend actuellement des témoins sur le projet de loi budgétaire et un sous-comité se penche sur le volet environnemental du même projet. Mais ils le font avec le fusil sur la tempe. Le sous-comité doit compléter son rapport lundi prochain et celui des finances, trois jours plus tard, un échéancier qui a forcé tout le monde à entendre à la vapeur et en désordre des témoins trop souvent bousculés. (Lundi, 17 ministères et organismes ont comparu en même temps et pendant une période de trois heures devant le Comité des finances.)
Ce rouleau compresseur est sans pitié, même pour les députés conservateurs.
Voilà pour la forme. Il y a ensuite le fond, les conséquences. Sur son blogue, Manon tente de suivre la « compression du jour » qui, notamment sur le plan scientifique, a le défaut de faire disparaître des programmes que, en aucun cas, le secteur privé ou le marché ne feront revivre.
Normalement, le Québec sert de caisse de résonance contre les coupures fédérales absurdes. Mais cette fois-ci, Stephen Harper a la partie facile. Les casseroles résonnent fort, tous les soirs, dans nos rues. Mais leur tintamarre ne lui est pas destiné.