À voir: l’éveil politique de Taylor Swift

Un des meilleurs films politiques de la décennie

Je n’ai jamais tenté de cacher mon côté fleur bleue, ni mon penchant pour le nouveau country. C’est donc sans inhibition que j’ai cliqué sur Miss Americana, le documentaire de Lana Wilson sur Taylor Swift disponible sur Netflix. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit un des meilleurs films politiques de la décennie.

L’itinéraire de Swift était pourtant intéressant en soi. Jeune fille en fleur devenant très tôt une star de la country, passant au pop et brisant autant de records de vente que le Beatles en leur temps, puis plongée dans une série de controverses, elle disparaît de la scène pendant un an, puis revient avec un album, des vidéos et une tournée gorgées d’énergie vengeresse: Reputation.

Ça suffirait pour un documentaire. Mais Swift a aussi subi une agression sexuelle (pendant un point de presse, un mononcle animateur de radio lui prend la fesse), elle le dénonce, est poursuivie par le mononcle pour atteinte à la réputation, le poursuit à son tour (pour un dollar) et gagne son procès.

Oser prendre position

Elle en ressort avec un sentiment aiguisé contre les violences et la discrimination. Lorsqu’elle constate que dans son État natal de Tennessee, la candidate républicaine s’oppose notamment au mariage gay et à l’extension des services aux femmes violentées, elle décide de s’exprimer politiquement pour la première fois.

« Tu dois décider si tu veux perdre la moitié de ton public » lui dit un de ses agents, dans une scène poignante du documentaire, où la chanteuse doit imposer à son entourage sa volonté de s’engager politiquement. La candidate républicaine sera élue, mais l’intervention de Swift a fait bondir l’enregistrement de nouveaux électeurs (65 000 en 24 heures).

La prédiction de son agent se réalisera-t-il ? Selon le New York Times, bien que son album actuel s’est vendu moins que le précédent, il se vend deux fois plus que les 100 autres titres sur le Billboard. Elle continue donc à dominer, dans un marché plus difficile pour tous. S’il y a fluctuation à cause de sa prise de position politique (elle a été nommément dénoncée par Trump) elle est difficile à mesurer.

Comme tout nouveau venu en politique, Swift a pris très durement la défaite de son candidat en 2018. Mais elle en a tiré une volonté encore plus forte de s’engager dans la bataille de 2020. Cela ressort clairement de Miss Americana, et du titre qu’elle a lancé le jour de la sortie du documentaire le 31 janvier: Only the young, un appel à l’engagement politique des jeunes.

Le second titre de son nouvel album est également un appel politique, à la tolérance en général sur les réseaux sociaux, et pour les droits LGBTQ. Voici un décodage de l’ensemble des messages de ce clip:


La bande annonce de ma dernière balado Lisée101:

La bande annonce d’une récente balado Lisée202:

 

4 avis sur « À voir: l’éveil politique de Taylor Swift »

  1. Courir, courir, courir, m’a rappelé Forrest Gump.

    Deux ans jour pour jour, j’ai retrouvé ceci dans mes notes, daté évidemment 18/04/03 :

    « Je n’ai pas vu Rocky IV, juste sa bande-annonce suivante :

    http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19451422&cfilm=40900.html

    Par contre, j’ai vu Forest Gump dont la bande annonce suivante après :

    http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19451422&cfilm=40900.html

    J’en ai retenu : cours Paul, cours !

    La similitude est plus évidente dans le film.

    Pour comparaisons, hier le 2, la page de PSPP était à 292 mentions j’aime de plus que la veille.

    https://www.facebook.com/robert.lachance.3532

    Ce midi, il s’approche du 2000. »

    Deux ans plus tard, ce matin, il était à 15 329 j’aime et à 15 729 abonné.es. La différence de 400 s’explique par le fait qu’un certain nombre d’internautes n’aiment pas que l’on sache qui il.le aime sa page ou bien évitent l’encombrement de leur fil d’actualité. Plus à ce sujet ?

    https://rjjyl.blog/2020/03/07/compteurs-facebook-comment-ca-marche/

    P.S. Pour faire de l’histoire courte.

  2. Phare éclairant !

    La démocratie n’a pas été réinventé en Angleterre vers 1763 mais en Amérique sur plusieurs années dont 1776-1786 et en France, plusieurs fois par la suite et j’en passe des pires et des meilleures.

    La démocratie, c’est une idée structurante. Ça n’existe pas sur un territoire tant qu’un peuple, de quel ordre soit-il, frusté et volontaire plus que solidaire, se la donne par une constitution.

    Ma définition personnelle pour l’heure à y inscrire ? La démocratie c’est un consentement mutuel entre une ou plusieurs minorités et une majorité. J’aime une suite de sondages scientifiques, donc représentatifs : échantillonnage pertinent et coûts réduits plutôt qu’un référendum contestable et piègeux.

    Votre texte gagne à être relu. Comme certaines images, il n’est pas souvent terminé pour moi après une première lecture, minimum. Cette fois, j’ai relu après avoir écouté Only the young. et la vidéo qui suit. Et je me suis procuré deux traductions françaises des paroles. Je vois mieux.

    Taylor se chante éveillée, bouleversée par ce qu’elle devine derrière les visages. Bon point, bonne personne. T’as fais de ton mieux, mais le jeu est truqué, l’erreur est de droit, l’arbitre hors jeu, t’es inférieur démographiquement.

    So, seul/es les jeunes peuvent courir, courir, courir, courir et courir.

    T’as entendu; effrayé.e tu te cherches une cachette des grand.es méchant.es aux mains tachées de sang trop occupé.es à leurs affaires. Nous avons à faire nous-mêmes, à nous sauver.

    Seul/es les jeunes peuvent courir, courir, courir, courir et courir.

    C’est juste une question de temps. Devant, le fil d’arrivée. Seul/es les jeunes peuvent courir. Ne dites pas que vous êtes fatigué.es, ce n’est qu’une question de temps; devant, le fil d’arrivée. Alors courez, courez et courez, seulement les jeunes.

  3. J’ai mis plus de temps qu’envisagé à donner suite à mon commentaire précédent. Un premier essai dans la semaine qui a suivi a été abandonné après 5 minutes. Je n’ai pas osé affronter l’anglais à voix basse.

    Ce soir, quand nous avons constaté que nous avions écouté la dixième et dernière émission de la série La Maison-Bleue hier, nous avons regardé Miss Americana à ma demande pour voir, encore à voix basse. J’ai beaucoup appris à vous relire.

    Je m’attendais à un des meilleurs films de la décennie sur la démocratie. Je vous avais mal retenu. Je n’ai pas été déçu tout de même, sans savoir si j’ai un côté fleur bleu et sans savoir ce qu’est le nouveau country. Il faudra que je me reprenne ou que je recherche pour lire les paroles de Miss Americana.

    Somme toute, je suis content d’avoir écouté La Maison-Bleue. C’est burlesque. Molière serait jaloux. J’ai plus que tout compris.

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