Budget Bachand, effet Parizeau

Vous avez vu toutes les excellentes idées trouvées par le gouvernement Charest, dans le budget, pour augmenter la part québécoise de l’exploitation des ressources du nord et les hydrocarbures ?

Ils ont été super inventifs. D’abord, créer une Société d’État pour prendre des participations dans les projets d’exploitation. Ensuite, faire en sorte d’obtenir des participations dans les opérations — et les profits — en échange d’infrastructures offertes par l’État.

En voilà des idées, qu’elles sont bonnes! Mais pourquoi étaient-elles si mauvaises, il y a quatre mois, lorsque qu’elles étaient avancées par les écologistes et l’opposition, pour la Société d’État, ou par Jacques Parizeau, pour la prise de participation en échange de dépenses de l’État ?

Et si ces mauvaises idées d’hier deviennent bonnes aujourd’hui, qu’en est-il des autres ? Faudra-t-il attendre le prochain Budget pour que le gouvernement les trouve bonnes ? La taxe sur le surprofit, défendue par Martine Ouellet, la formule du rendement garanti de 30%, la collectivité prenant le reste, proposée par Yvan Allaire ?

Vous savez quoi ? Le budget Bachand fait la démonstration, par l’absurde, que le « projet d’une génération » ne peut se dessiner en vase clos, entre le bureau du PM et celui du ministre des Finances. Que si le gouvernement, c’est sûr, a le dernier mot, un engagement de cette ampleur nécessite de la part des gouvernants un véritable dialogue préalable sur les paramètres, les innovations de financement et de prises de participation.

L’absence de cette ouverture d’esprit de la part du gouvernement libéral, puis sa décision soudaine de choisir quelques propositions hier rejetées, mais de ne pas discuter des autres, participe du malaise qui entoure ce projet.

L’éditorialiste du Devoir Jean-Robert Sansfaçon exprimait très correctement la chose, ce lundi:

Toutes les études produites à ce jour sont trop sommaires pour brosser un portrait fiable de la réalité appréhendée. Regroupées, elles posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses convaincantes.

À titre d’exemple, le fait que les trois quarts des investissements du Plan Nord soient effectués par Hydro-Québec et le gouvernement lui-même conduit à se demander si on n’a pas utilisé la société d’État pour gonfler le panier de projets en cours et inventer le concept de Plan Nord.

D’ailleurs, pourquoi prévoir 3500 MW de puissance supplémentaire alors qu’Hydro-Québec fait déjà face à d’importants excédents énergétiques? Quelle portion de ces MW devra-t-elle vendre à perte pour satisfaire les ambitions de ce gouvernement et celles des minières?

En somme, M. Charest, qui aimerait qu’on garde de lui le souvenir d’un grand visionnaire, n’a-t-il pas simplement voulu jouer d’astuce en récupérant à ses fins les demandes pressantes d’aide financière, énergétique et logistique des lobbies du génie-conseil et de l’industrie minière?

Rappelons qu’avant même l’annonce du Plan Nord, il y avait 20 milliards d’investissements en gestation dans les officines des sociétés privées, la plupart avec des attentes aussi variées que monstrueuses à l’endroit de l’État… mais sans assurance quant aux avantages à long terme pour les contribuables. […]

Le Québec est un pays de ressources qu’il importe d’exploiter de façon durable et rentable pour la collectivité. Malheureusement, dans sa forme actuelle, le «plan» du gouvernement Charest ne présente pas les conditions minimales requises pour miser autant d’argent et d’énergie hydroélectrique sur une aussi longue période. […] Où est la logique d’affaires pour les contribuables québécois?

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !