Les négociations avec l’Europe pour un accord ambitieux, et créateur d’emploi au Québec sont dans leur dernière ligne droite.
Depuis notre arrivée au pouvoir en septembre, nous avons indiqué avec force que la protection de la culture, contre la logique commerciale, constituait pour nous un élément indispensable de l’accord.
Comme l’expliquent dans le texte qui suit (publié ce samedi dans Le Devoir) les représentants de la Coalition pour la diversité culturelle, nous avons réussi à convaincre les Européens à rejoindre notre position, plus large et plus étanche que leur approche traditionnelle.
Sous réserve des textes finaux, il s’agit là d’une nouvelle avancée pour la protection de la diversité culturelle.
Exemption culturelle – Trouver un accord avec les Européens
30 mars 2013 – Charles Vallerand – Directeur général, Coalition pour la diversité culturelle et Solange Drouin – Coprésidente du conseil d’administration, Coalition pour la diversité culturelle
La Coalition pour la diversité culturelle représente depuis plus d’une décennie les 34 principales associations de l’ensemble du milieu culturel québécois et canadien des secteurs du livre, de la musique, de la danse, de l’audiovisuel, etc. La Coalition est née de la volonté de ses membres de veiller à ce que la culture ne soit pas considérée comme un bien ou un service comme les autres et qu’on l’exempte de toute tentative de libéralisation du commerce. La culture, ce n’est pas le bois d’oeuvre ou l’automobile.
La négociation de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne est la plus importante depuis la conclusion de l’ALENA il y a 20 ans. Pour le Canada et le Québec, c’est l’occasion de s’entendre sur une vision commune avec un partenaire commercial majeur qui comme nous comprend bien la nature spécifique des biens et services culturels.
Les négociations en vue d’un accord avec les Européens sont dans la dernière ligne droite, alors que les pressions s’exercent pour obtenir des concessions. La culture n’est pas un enjeu commercial dans la discussion entre l’Union européenne et le Canada (et le Québec). C’est un sujet politique, qui va définir comment la culture doit être abordée dans cet accord comme dans les nombreux à venir.Bien que le Canada et l’Union européenne poursuivent tous deux l’objectif d’une exclusion de la culture, là s’arrêtent les similitudes. L’Europe inclut dans tous ses accords commerciaux une exemption limitée aux services audiovisuels et seulement pour le chapitre sur les services. L’exemption culturelle traditionnelle du Canada porte sur l’ensemble des industries culturelles et sur tous les chapitres de ses accords commerciaux. D’où la difficulté d’en arriver à une vision commune.
Ferme sur le fond, mais flexible sur la forme
La Coalition pour la diversité culturelle s’est ralliée à la proposition des négociateurs en chef du Canada et du Québec d’une nouvelle approche de l’exemption culturelle qui comprendrait trois éléments se renforçant mutuellement :
1) le préambule de l’accord ferait mention explicite de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles adoptée en 2005 à l’UNESCO et des motifs pour lesquels les deux partenaires commerciaux conviennent d’une exemption culturelle ;
2) le Canada inscrirait sa définition habituelle des industries culturelles que l’on retrouve dans tous ses accords depuis l’ALENA ;
3) l’exemption culturelle serait demandée dans chacun des chapitres pertinents de l’accord, c’est-à-dire dans chacun des chapitres où le Québec et le Canada ont des politiques culturelles et des mesures de soutien à la culture à protéger.
Évidemment, la nouvelle approche n’est pas sans risque et les associations membres de la Coalition pour la diversité culturelle attendent avec beaucoup d’intérêt le texte final afin de veiller à ce que « le diable ne soit pas dans les détails ». La Coalition est en dialogue constant avec les négociateurs et a offert la contribution de ses experts. Elle a en outre été rassurée par les déclarations de la première ministre Marois indiquant que son gouvernement se réservait le droit d’approuver le texte final.
Les avantages sont nombreux
Pour la première fois peut-être depuis son adoption, la Convention sur la diversité des expressions culturelles serait citée dans un accord sur le commerce. L’objectif important de reconnaissance du nouvel instrument juridique international est atteint, car la Convention courrait le risque de rester confinée aux discussions entre experts à l’UNESCO.
L’approche dite de « chapitre par chapitre » établit avec encore plus de précisions le périmètre de notre souveraineté culturelle. Elle nous donne l’assurance que nos partenaires commerciaux reconnaissent explicitement nos intentions puisque chacun des chapitres est nommément désigné, par exemple en matière de contrôle des investissements étrangers ou de marchés publics.
Elle nous donne aussi la flexibilité de ne pas demander l’exemption culturelle pour les chapitres non pertinents ou pour les chapitres comme celui de la propriété intellectuelle, où la protection du droit d’auteur ne devrait en aucun cas être affaiblie, ni pour les créateurs canadiens ni pour les créateurs européens.
Mais surtout, cette nouvelle approche d’exemption générale « ciblée » pourra dorénavant être demandée par le Canada et par l’Union européenne face à leurs partenaires commerciaux respectifs qui s’opposeraient à une exemption culturelle générale (pensons aux négociations de l’Accord transpacifique, de l’Accord entre l’Union européenne et les États-Unis ou de l’Accord plurilatéral sur les services à l’OMC).
Les négociateurs québécois et canadiens auront alors réussi à créer les conditions favorables à une reconnaissance encore plus large de la nature spécifique des biens et services culturels par la communauté internationale, et ce, au coeur même des accords de libéralisation des échanges commerciaux qui sont à l’origine du mouvement qui a mené à l’adoption de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité culturelle.
Cet anglophone a été capable d’acheter un billet de métro en français ! Il n’est pas mort et ne gardera pas trop de séquelles !
Et si vous ne voulez vraiment pas respecter le droit des travailleurs de la STM de gagner leur vie dans la langue officielle du Québec : marchez !
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Je ne commente pas le billet ci-haut, mais je profite qu’il n’y ait pas encore de commentaires pour poser une question sur la stratégie (si tant est qu’il y en ait une) du gouvernement Marois.
À couper dans les services comme vous le faites, n’êtes-vous pas en train de faire le lit des Libéraux qui n’ont qu’à attendre que vous exécutiez le sale boulot à leur place, mécontentant à peu près tout le monde au passage; Libéraux qui en profiteront pour se faire réélire alors que la population ne se soucie finalement guère du parcours de Couillard (privé en santé, copinage avec le régime saoudien…)?
N’aurait-il pas été plus intelligent de viser d’abord à vous faire réélire majoritaires pour appliquer vos politiques sur la langue et la laïcité (celles pour lesquelles beaucoup de gens comme moi ont voté pour vous) ? Parce que, comme c’est là, ces projets seront simplement charcutés par l’opposition majoritaire, pendant que vous vous dirigez vers une défaite aux prochaines (peut-être très prochaines) élections…
Je demande simplement.
Questions subsidiares
1- Pourquoi cette urgence d’atteindre le déficit zéro?
2- Le présent gouvernement fait quand même des bons coups. Comment se fait-il que les ex-ténors Bouchard, Parizeau, Landry n’aient jamais un bon mot en faveur de la cause qu’ils ont pourtant défendue, ne serait-ce que pour atténuer un tant soit peu les effets négatifs de la conjoncture actuelle?