
C’était couru, ma chronique de samedi (Identité anti-québécoise), n’a laissé personne indifférent. Et a fait chauffer ma boîte courriel. D’abord par une série de témoignages confirmant ce que j’ai décrit – présence de l’anglais, mépris des Kebs – au Collège Regina Assumpta et ailleurs.
D’abord par une série de témoignages confirmant ce que j’ai décrit – présence de l’anglais, mépris des Kebs – au collège Regina Assumpta et ailleurs.
Ainsi cette grand-mère (anonyme) d’une élève de Regina Assumpta m’écrit: «J’ai eu mal quand ma petite-fille m’a dit se sentir exclue de son groupe d’amies parce que les conversations se déroulent en anglais en dehors des cours et qu’elle ne maîtrise pas assez la langue pour saisir les nuances.» Cette mère d’un autre collège: «mon enfant a flotté durant les premières années entre les “ tables d’immigrants » à la cafétéria, et les tables de Québécois francophones. Il a fini par choisir son camp parmi les francophones, les immigrants, disait-il, « ne faisant que chialer contre les Québécois » ».
Martin Bureau m’écrit: « Mes deux enfants, maintenant âgés de 19 et 21 ans, sont allés à Regina. Le portrait que vous tracez de l’identité anti-Kebs, tout à fait exact par ailleurs, s’est sérieusement aggravé dans l’intervalle des deux années scolaires qui ont séparé le passage de mes enfants. Mais le vecteur principal de ce mépris – quelques fois de la haine malheureusement – m’a semblé provenir d’une forme de prosélytisme religieux, presque militant, ce qui surprend compte tenu de l’âge des zélotes en question. Deux groupes à Regina se démarquaient clairement: les chrétiens haïtiens et les Algériens musulmans, ouvertement et fort complaisamment homophobes, racistes et misogynes. (Les propos que mes enfants me rapportaient donnaient froid dans le dos.) Quoique relativement limités en nombre, ces deux groupes militaient ferme. Mon fils, celui qui est passé en deuxième donc, a fortement été influencé par cette culture. Comment pourrait-il en être autrement quand un adolescent souhaite s’intégrer dans son milieu composé dans une proportion de 32 « non-Kebs » sur 34 élèves (c’était bien le cas) ? Pas trop « québécois », mon fils…
Ma femme et moi avions choisi Regina pour l’excellence de son programme académique et pour son caractère multiculturel, mais nous n’avions pas compris à quel point ce milieu était devenu strictement immigrant (32 sur 34…). Bien sûr, du nombre, on comptait des Québécois issus de deuxième ou troisième génération d’immigrants (italiens, libanais, et aussi haïtiens et algériens, etc.) qui ne s’affichaient pas comme le groupe que je décrivais précédemment, mais ils ne se sentaient pas plus québécois pour autant… si nous avions eu conscience de ce déséquilibre, je pense que nous aurions opté pour Mont-Saint-Louis, qui curieusement est beaucoup et indéniablement plus « québécois ». J’en conclus donc que c’est sur le plan des valeurs de notre société qu’on se rejoint finalement (tolérance, diversité, inclusion, équité, justice…), mais j’ai de sérieux doutes sur le caractère québécois de notre société pour l’avenir. Seule la langue, me semble-t-il, a de bonnes chances de rester… »
À l’école secondaire Georges-Vanier
L’universitaire Nadia El-Mabrouk témoigne sur sa page Facebook: «L’année dernière, lors des célébrations de fin d’année, la direction de l’école secondaire Georges-Vanier avait organisé une journée où chaque élève pouvait venir habillé en costume traditionnel de sa région, et chaque groupe était invité à se présenter sur scène et à faire une petite performance. Au micro, chaque pays était appelé l’un après l’autre… et le Québec ne fut jamais appelé. Mon fils et ses amis qui s’étaient préparés avec ceinture fléchée, guitare et chants québécois, en restèrent interloqués.»
Une mère d’origine maghrébine (qui demande l’anonymat) m’écrit: «Je suis triste de lire dans votre article comment, finalement, les enfants immigrants sont une menace à la culture québécoise dans les écoles. Pourtant vous décrivez des faits, je le sais, puisque je suis dans le conseil d’établissement de l’école de mon fils et j’entends les mêmes faits rapportés par les professeurs et la direction. C’est effectivement alarmant comme situation et il est impératif de rétablir les choses.»
Au Collège de Montréal
«La chronique « Identité anti-québécoise » m’a particulièrement interpellé. Je suis de la génération de ceux qui ont « fait le cours classique ». L’institution que j’ai fréquentée, le Collège de Montréal, est prestigieuse, existant maintenant depuis 157 ans. Les années que j’y ai passées comptent parmi les plus belles de ma vie.
Profondément attaché à mon alma mater, j’ai décidé de répondre à l’appel de cette institution de venir parler de ma profession aux étudiants et étudiantes dans le cadre d’une journée des carrières. Pendant trois ans, je suis parti de Gatineau pour venir à Montréal rencontrer ces futurs acteurs de la société de demain. J’essaie toujours de proposer des situations et des anecdotes accrocheuses, mais authentiques pour intéresser les étudiants et de leur poser des questions pour stimuler leur participation.
Lors de ma dernière rencontre avec eux et elles, à une question que je leur posais, un étudiant a levé paresseusement la main et m’a répondu… en anglais. Étonné, je me suis néanmoins ressaisi rapidement pour enchaîner : « …ce qui donne en français… » Il est passé au français, mais a baragouiné une réponse à peu près incompréhensible.
Ma présentation n’a guère eu de succès, malgré les efforts que j’y avais mis pour les intéresser. J’avais, entre autres, mis en relief les systèmes de pensée de la langue française et de la langue anglaise pour montrer comment chaque langue appréhendait le monde différemment en donnant des exemples à l’appui. La fin de la présentation a coïncidé avec la pause entre les cours, ce que nous appelions dans le temps le deo gratias. Alors que je circulais dans les corridors pour revenir au salon des Anciens, plusieurs étudiants et étudiantes assemblés en petits groupes pour la pause discutaient, en anglais seulement. Pourtant, cette institution est de langue française.
Mon témoignage n’a rien de dramatique comme tel, mais si vous saviez comme cette situation m’a peiné. J’ai des petits-enfants au primaire et au secondaire, et je me demande bien dans quelle société ils et elles évolueront plus tard. Si de jeunes francophones s’inféodent à la langue anglaise au détriment de leur propre langue, quel est l’avenir du français au Québec? »
Au Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie
Un parent: « J’étais comme vous lorsque j’entendais ma fille se plaindre du recours à l’usage intensif de l’anglais dans les corridors du Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie: je n’y croyais pas trop. Je trouvais exagéré aussi le sentiment d’isolement qu’elle pouvait ressentir dans son école: cela devait être attribuable à d’autres choses. Je ne pouvais pas croire non plus qu’elle se fasse « gentiment » intimer l’ordre de parler anglais. En effet, j’étais comme vous, je me cachais la tête dans le sable. Puis un jour, j’ai sursauté: ma fille me rapporta une histoire se terminant avec l’insulte raciste « the basic white girl« dite avec dédain et mépris. Ce jour-là, je me suis sorti la tête du sable.
J’ai fait lire votre chronique à ma fille. Bien qu’elle juge la situation bien moins pire que celle que vous décrivez à Regina Assumpta, elle n’en partage pas moins les conclusions: dénigrement du Québec, de sa culture, et de sa langue française, imposition de l’anglais, mépris et mise à l’écart des francophones.
Je peux témoigner que la direction de l’établissement est extrêmement préoccupée par ce phénomène. Elle essaie tant bien que mal de faire appliquer le règlement voulant l’usage du français dans les corridors, mais sans grand succès. Elle avoue candidement que les directions d’école dans le même secteur ont tout simplement abandonné le combat. Avouez qu’il y a quelque chose d’extrêmement révoltant de devoir se battre pour vivre en français dans une institution francophone.
Nous récoltons donc les fruits amers de la défaite référendaire, du règne sans partage des fédéralistes, de la trahison de la gauche, de l’autodénigrement de la droite, des politiques migratoires désastreuses et de la fausse sécurité de la loi 101. Ça, vous le savez mieux que moi. Mais le constat le plus dur, c’est notre mise en minorité: il faudra désormais réfléchir en tant que groupe ethnique. Il faudra se regrouper et en défendre les membres contre qui l’on portera des attaques racistes et xénophobes de plus en plus décomplexées. Derrière ses jeunes filles, il y a des parents. Et il y a aussi des communautés qui semblent venir ici pour régner sans partage et prendre le visage du conquérant.
L’important est d’abord de libérer la parole ce que vous avez fait. De sortir sa tête du sable et de bien voir ce qui nous arrive. Puis de relever la tête et de commencer à répondre. Nous sortirons bien un jour de notre torpeur référendaire. Nous le savons, nous nous ferons traiter de racistes à gauche. Qu’à cela ne tienne. On rira de nous à droite. Qu’à cela ne tienne.
Car je ne laisserai personne traiter ma fille de pute ou de traînée. Je n’ai pas l’intention de rester muet devant les insultes sur mon histoire, ma langue ou ma culture, celles-là, on les a trop entendues. Et surtout, je ne laisserai personne cracher sur mon nom.»
Au Collège Saint-Louis, d’un témoin
« L’activité débute et tout le monde parlait anglais. Le prof rappelait aux élèves de parler français. Les élèves parlaient quelques minutes en français, puis ça recommençait à parler en anglais. Le prof faisait alors un autre rappel: « On parle français, les amis. »
Le dédain pour le français était palpable. On sentait que l’anglais était la langue de choix, celle utilisée pour maintenir son statut social auprès des autres. Je comprenais que les élèves avaient l’impression qu’on leur forçait le français dans la gorge, qu’ils subissaient notre langue plutôt qu’ils la parlaient.
Le français semble pour eux un habit qu’il faut porter pour plaire aux adultes et non un costume d’Adam qu’on porte en tout temps. Ça me mettait profondément mal à l’aise et mon cœur criait Adieu, Québec. Des scènes comme celles que vous avez mentionnées dans votre chronique, j’en vois partout moi aussi.»
À l’école Saint-Luc, où ça ne date pas d’hier
« Le phénomène que vous décrivez dans votre article n’est pas nouveau. J’ai vécu exactement la même chose à la fin des années 1980 lorsque j’étais inscrit à l’école secondaire Saint-Luc, une école publique à Montréal alors reconnue pour être particulièrement multiethnique. Les francophones (dont votre humble serviteur) y étaient minoritaires. L’anglais était si présent dans les corridors, la cour d’école et même des classes que j’avais organisé une sorte de mouvement pour promouvoir la langue… française.
Dans cette école, la culture québécoise était tenue pour ringarde. Lors d’un spectacle de fin d’année, une chanson de Félix Leclerc avait été huée. En novembre-décembre 1988, l’équipe de l’émission Le Point, de la télévision de Radio-Canada, a réalisé une série de reportages sur la précarité du français à l’école secondaire Saint-Luc.
Plus de 35 années ont passé et la situation n’a pas fondamentalement changé.
À l’école Meimonide
Il s’agit d’un des fleurons de la communauté sépharade de Montréal, un établissement scolaire privé francophone qui offre des services éducatifs au préscolaire, au primaire et au secondaire.
Louis Trudel y enseignait le français en 2121. « Bien que les élèves de cette école soient des francophones nés ici qui parlent français entre eux, personne n’a d’accent québécois ni ne connaît les bases de la culture québécoise (un seul exemple : aucun des 20 élèves n’était en mesure de m’expliquer le mot » niaiser »), ce qui faisait d’autant ressortir mon accent (si peu prononcé par ailleurs qu’on me demande parfois si je suis français). Un jour où le rabbin de l’école était en classe, dans mon cours de français de sixième année, un élève s’est moqué de mon accent pendant que j’avais le dos tourné. Le rabbin n’a rien dit, ni sur-le-champ, ni quand j’ai demandé à la cantonade qui s’était moqué de moi, ni après le discours que j’ai fait sur la tolérance et la richesse de la diversité en matière de religion, d’apparence, d’accent, etc. Sachant que je n’avais pas le soutien de la direction dans ce microcosme toxique, j’ai démissionné de mon poste. »
Dans des classes d’accueil de l’Est de Montréal
Hélène Cadotte: « Je suis éducatrice spécialisée dans une école de l’est de Montréal où nous avons plusieurs classes d’accueil. Je reconnais ce que vous décrivez dans votre chronique, mais j’aimerais rajouter un aspect que vous n’abordez pas: une tendance grandissante des parents à faire de l’intimidation au personnel de l’école. En effet, nous sommes de plus en plus confrontés à des situations où le ton monte rapidement, les courriels sont désagréables et les menaces de porter plainte toujours très proches, sans compter les insultes.
Je fais le constat que cette problématique nous arrive surtout de la part des parents immigrants même si cela arrive aussi avec des parents néo-québécois. J’avoue que cette situation alourdit beaucoup la tâche et que les interventions finissent par en être teintées. Il y a certainement toute une réflexion à faire sur notre tolérance et notre attitude face à l’immigration en général. Ce n’est pas être raciste d’exiger d’être respectée. »
Dans des écoles du centre de service scolaire Marguerite-Bourgeoys
« Il y a 32-33 ans, quand j’enseignais à la commission scolaire Marguerite-Bourgeois, secteur francophone, mon école n’accueillait que des élèves protestants ou d’autres religions que catholique. Il y a avait déjà des règlements pour obliger les élèves à parler français dans les corridors et dans les classes. Le phénomène ne date pas d’hier. Cependant, le « Québec bashing » ne se manifestait pas aussi ouvertement et de façon décomplexée comme aujourd’hui.
Mais déjà, les enfants d’immigrants et les jeunes immigrants dénigraient la culture québécoise. Pour les Grecs, leur civilisation était un des phares historiques du monde. Pour les gens venant du monde arabe, certains avaient connu l’éducation française qu’ils estimaient supérieure à la québécoise. Il était ironique de les voir placer la culture du colonisateur européen sur un piédestal…
Cette attitude est plus ouverte aujourd’hui. Par moment, on entend des gens de différentes origines rire de la culture québécoise, estimer la leur supérieure et adopter une attitude raciste en parlant même de « sales Blancs ».
Également, ce que je remarque, ce sont des élèves qui, par conviction religieuse, refusent d’écouter quand on parle des droits des femmes ou de diversité sexuelle. Ils et elles se bouchent les oreilles et se voilent le regard, au sens figuré et au sens propre.
Quand on parle de la Deuxième Guerre mondiale, Hitler devient un « bon gars » et la Shoah un truc qui aurait dû se poursuivre. Tsé, quand tu vois des graffitis avec des croix gammées sur des pupitres et des murs, ça remue un peu et dénote une profonde incompréhension de l’histoire.
Dans les faits, en privilégiant une langue commune au lieu de valeurs communes en immigration, une grande erreur a été commise.
Enfin, signe des temps, les élèves haïtiens, qui autrefois avaient des racines communes avec les Québécois, sont aujourd’hui branchés sur New York et valorisent l’anglais et la culture américaine.
La grande majorité des élèves d’autres cultures manifestent un comportement ouvert et correct. Tout comme bien des Québécois. Il y a bien sûr beaucoup de préjugés de part et d’autre. Et il ne faut pas le nier, certaines communautés sont davantage victimes de racisme que d’autres. LA difficulté que je vois est qu’on est rendus dans une polarisation des positions. »
Dans une école de Parc-Extension: de l’anglais, mais pas de mépris
« J’enseigne les arts dans une grosse école primaire de Parc-Extension, l’utilisation de l’anglais est vraiment un gros problème, les élèves ne parlent qu’anglais entre eux, en classe et dans les corridors…
C’est comme l’éléphant dans la pièce, on se fait beaucoup remettre la responsabilité, nous les profs… On se fait dire de demander aux élèves de parler français… Mais c’est comme une grosse vague qui nous submerge!!! Leur français est tellement faible. Ils ne l’utilisent pas parce que c’est trop difficile pour eux… Je ne comprends même pas comment ils font pour faire des apprentissages. En 5e année j’ai encore des élèves qui vont me dire : « Madame toi donner ça à moi. »
Ceci dit, je ne ressens pas de mépris envers les francophones et la culture québécoise, seulement ils vivent dans un univers ou personne ne parle français, on n’existe pas… »
Dans plusieurs écoles montréalaises
La journaliste, auteure et comédienne Claudia Larochelle s’exprime ainsi dans sa chronique du site Avenues: « En vingt ans, il m’est souvent arrivé d’aller rencontrer des élèves d’écoles secondaires à Montréal et ses environs. Pour parler de mon travail. Des établissements privés comme publics. J’y ai même déjà enseigné. Juste avant Noël, une dynamique directrice du Collège Sainte-Anne, à Lachine, m’a invitée à venir présenter des livres susceptibles d’intéresser les ados dans un événement intitulé « Livres et chocolat ». Je le souligne au passage parce que je trouve son idée géniale et, je l’espère, contagieuse. J’aime beaucoup les jeunes et je crois en eux, en leurs atouts, à ce qu’ils s’apprêtent à mettre en œuvre pour changer le monde. En mieux. L’environnement, la santé mentale, la diversité, le féminisme, l’ouverture sur le monde, ils ont tout dans leur besace, il me semble, pour que la Terre tourne plus rondement dans un futur imminent.
Ces quatre ou cinq dernières années, j’ai été stupéfaite de constater qu’ils se parlaient beaucoup en anglais. Dans les corridors et en classe. Pas que des expressions, non, des conversations entières. Toutes les enseignantes à qui j’en ai parlé m’ont répondu la même chose, que ça allait de mal en pis, et qu’elles avaient beau jouer à la « police du français », rien ne changeait. Sitôt qu’elles avaient le dos tourné, ça recommençait.
Si vous leur demandez s’ils aiment la langue française, il y a de fortes chances que ces élèves – toutes origines confondues – répondent oui. Sans même y réfléchir. Or, s’ils l’aiment bien et la considèrent, c’est sa défense qui n’est pas intégrée à leurs batailles. C’est peut-être faute de saisir l’ampleur de sa fragilité, son histoire aussi, avec celles et ceux qui l’ont façonnée et défendue. Or, cette inconscience reste à mon avis la démonstration présente la plus frappante du déclin et, éventuellement, de l’effacement de notre langue française, donc du cœur même de notre identité québécoise. »
L’auteur dramatique Olivier Sylvestre témoigne également dans Le Devoir : « Depuis ma sortie de l’École nationale de théâtre, en 2011, j’ai passé des centaines d’heures à animer des ateliers dans les écoles de la grande région de Montréal. Partout où je suis passé, à Laval, La Prairie, Villeray, Outremont ou Verdun, j’ai été à la fois troublé et affligé que hors des salles de classe — et parfois même dans les classes —, les élèves s’expriment entre eux en anglais. Des élèves pour qui d’ailleurs, en grande majorité, la fréquentation des productions culturelles québécoises est quasi inexistante. Et je parle ici uniquement d’écoles des centres de services scolaires francophones. »
Au cégep, à Montréal
Marie-Lou Bouchard témoigne, aussi dans Le Devoir. « En tant qu’enseignante au collégial dans un cégep montréalais, j’entends aussi parfois ce genre de commentaire. Je remarque une dévalorisation grandissante de la culture québécoise, et parfois même son dénigrement dans mes cours, ainsi que l’autodénigrement de certains étudiants québécois d’origine canadienne-française face à leur propre culture d’origine. Toutefois, je remarque aussi que quand nous parlons favorablement de notre culture et de nos artistes, nos élèves changent leur perception et en développent une vision positive. »
À Laval
Un enseignant: « Votre chronique du 24 février 2024 a résonné profondément avec ma propre expérience en tant qu’enseignant au primaire à Laval. Votre analyse de la situation linguistique dans les écoles montréalaises trouve un écho similaire dans notre région, où le français est également en péril, non seulement parmi les élèves, mais aussi dans l’attitude de nos directions d’école et des gestionnaires du centre de service scolaire.
Dans mon école, située dans un quartier relativement moins touché par ce phénomène, l’anglais domine, néanmoins, de plus en plus dans les conversations dans les corridors et dans la cour. Ce qui est particulièrement frustrant, ce n’est pas tant la préférence linguistique des élèves, influencés par leur environnement familial et culturel, mais plutôt le refus persistant de nos gestionnaires d’admettre et de traiter ce problème avec la gravité qu’il mérite.
À plusieurs reprises, nous avons tenté d’aborder cette question avec notre direction, soulignant que la langue parlée par les élèves n’était pas leur langue maternelle, mais l’anglais, ce qui rendait non valide l’argument qu’on nous servait depuis quelques années selon lequel il est important pour le développement des enfants de parler leur langue maternelle. Malgré cela, nous nous heurtons à un mur de tergiversations et à une réticence à inscrire la promotion active du français dans les documents officiels de l’école. »
Stéphane Legault, un père : « Mon fils de 14 ans et fier Québécois se fait insulter régulièrement. Nous sommes de Laval. Il est très beau et musclé cultivé, etc. Mais quand je lui parle de filles, il m’avoue que les filles ne veulent rien savoir des Kebs. Il se fait régulièrement dire qu’il vient d’un peuple de loosers. Bref, c’est terrible au point où il rêve qu’on déménage dans un endroit où pourra être fier de son identité. »
Audrey Martin-Turcotte, une étudiante, témoigne dans Le Devoir: « J’ai étudié à l’école secondaire Saint-Maxime, à Laval, de 2000 à 2005, et je confirme que le mépris pour la culture québécoise était bien présent et majoritaire, même à cette époque. Les Québécois de souche y étaient marginalisés. Ayant adopté des comportements d’adaptation et des mécanismes de protection, je me suis imprégnée des autres cultures, jusqu’à ce qu’elles fassent partie intégrante de mon identité de jeune femme.
J’ai pensé toute ma vie que je devais refouler mon identité québécoise, ma culture, mes valeurs et mes racines parce qu’elles étaient honteuses. Combien de fois on m’a dit » Toi, tu es cool ! Tu n’es pas une vraie Blanche ! », et moi, naïve et en quête d’acceptation sociale, je percevais ce commentaire comme un compliment.»
Au collège Saint-Sacrement de Terrebonne
Un parent: « Dans une classe de secondaire 1 il y a 35 élèves, de ce nombre 7 sont Québécois de souche. À la moindre occasion, ces élèves se font traiter de racistes. Le groupe dominant ne se gêne pas… Les parents n’osent pas trop se plaindre et la direction marche sur des oeufs car si des interventions se passent, certains parents arrivent à l’école avec leur avocat. Y a-t-il une issue? Où allons-nous ? »
L’anglais entre francophones à Québec
Plus surprenants sont des témoignages d’enseignants de la vieille capitale. Gabriel Coulombe enseigne au cégep Garneau. Il écrit sur X: «Dans les couloirs, les conversations entre les élèves glissent très fréquemment vers l’anglais. Contrairement à ce que certains pourraient croire, ce phénomène n’est en rien réservé aux personnes issues de l’immigration et/ou ayant une langue autre que le français comme langue maternelle. Le plus souvent, il s’agit visiblement de Québécois « de souche », qu’on peut facilement reconnaître en raison de leur accent et de leur apparence. Précisons qu’il n’est pas question ici d’intégrer des mots/expressions anglaises aux échanges, mais bien de discuter exclusivement en anglais. J’ai remarqué ce phénomène pour la première fois il y a 3-4 ans, et ça demeurait exceptionnel. Actuellement, je le constate pratiquement tous les jours.» Steve Laflamme renchérit: «J’enseigne au cégep de Sainte-Foy, juste à côté, et je remarque le même phénomène… même dans mes classes, alors que j’enseigne le français…» (Notez, ils ne disent pas que l’anglais est prédominant dans les corridors, ils disent que ces conversations en anglais sont de plus en plus fréquentes.)
Les Kebs et l’accent arabe
Rémi Villemure, suppléant à l’école secondaire secondaire Daniel Johnson (dans le nord de la ville) m’écrit avoir assisté à des scènes qui confirment l’esprit de la chronique. Notamment, «Des jeunes garçons et filles blancs qui adoptent tous (presque sans exception) l’accent arabe, devenu la norme désormais. […] L’emphase sur les A (prononcés Â) mêlée à des expressions comme Wesh, la hess, Wallah. Ex : wallah je le jure mâdâme.»
Cette autre grand-mère, Francine Lagacé, de Laval, parle de son petit-fils de 16 ans aujourd’hui en quatrième secondaire. «Vous savez quoi? Il parle avec un accent arabe! Eh oui, il n’y a pas assez de Québécois à l’école pour que les enfants prennent notre accent, c’est le contraire qui se produit. Il me dit que s’il parle [avec l’accent] québécois, il se fait niaiser!»
Le glissement identitaire des francophones est relevé aussi par Simon Brodeur, enseignant et père: «Depuis le début du secondaire, j’ai vu mes garçons changer d’accent et de vocabulaire et s’identifier progressivement en tant qu’hybride plutôt que comme Québécois pour survivre à leur environnement social: pour s’intégrer dans leur nouveau milieu. J’ai dû travailler fort pour leur faire prendre conscience de la force civique, culturelle, professionnelle et industrielle des Québécois.»
Sur les tensions entre élèves issus de l’immigration et les natifs, Brodeur écrit: «Ce que vous mentionnez comme type d’interaction à l’école secondaire est tout à fait véridique et je l’ai observé moi-même. J’ai enseigné dans des écoles montréalaises et je travaille maintenant au cégep comme conseiller pédagogique depuis presque 10 ans, au centre-ville (cégep du Vieux-Montréal). Les tensions et les intolérances sont présentes, mais ce qu’il y a de nouveau est que les « Kebs » sont considérés comme un sous-groupe parmi les autres, un sous-groupe qui émane d’une majorité dominante, mais qui est stigmatisé par les minorités en situation de majorité par quartier, dans la métropole.»
Des contre-exemples
Il y a quelques contre-exemples, y compris à Regina Assumpta. André Campagna m’écrit que son neveu et un de ses copains de quatrième secondaire, en classe d’histoire d’un professeur des plus appréciés, «ont tenu un discours pour l’indépendance du Québec, lequel fut suivi des applaudissements des élèves, majoritairement issus de l’immigration, et des félicitations du professeur.»
Un enseignant de deuxième secondaire témoigne avoir mis en place «un jeu démocratique où les élèves incarnent des députés québécois. Grâce à cette approche, j’ai constaté que les élèves affirment de plus en plus leur citoyenneté québécoise, tout en restant fiers de leur pays d’origine.»
Le journaliste Michel Arsenault écrit dans Le Devoir: « Depuis la rentrée scolaire jusqu’à la grève des enseignants, j’ai pu constater que la lingua franca de l’école Amos [Montréal Nord], qui accueille des raccrocheurs de 16 à 20 ans, était bien le français. Les élèves, presque tous d’origine étrangère, parlent parfois le créole, l’espagnol ou l’arabe entre eux, mais jamais l’anglais.
La culture québécoise, loin de faire rire, y suscite la curiosité : les élèves ne la connaissent pas. Dans une classe de français, j’ai entendu une fille demander en toute candeur ce qu’était le joual. Réponse de la prof : « C’est un peu comme le créole. C’est un langage, une forme d’affirmation, de contestation. C’est identitaire. C’est très important dans l’identité québécoise. » Réaction d’un garçon : « Si on fait l’oral en joual, est-ce qu’on aura des points en plus ? » C’était une plaisanterie, pas une moquerie. »
Des tentatives d’explication
Un enseignant du secondaire ayant œuvré pendant 35 ans en milieu très multiculturel estime qu’une partie du mépris vient du fait que «souvent, les enfants d’immigrants ont des parents très scolarisés, mais se retrouvent ici à vivre dans des quartiers défavorisés et côtoient des gens souvent bien moins scolarisés.»
Luc Mercier, qui enseigne Actualité et géopolitique internationales en cinquième secondaire au Collège Durocher Saint-Lambert, souligne que les adolescents «sont des experts pour identifier et exploiter les failles. Un ado, même s’il ou elle se sent Québécois, va difficilement s’identifier à une société qui ne se considère pas elle-même. Au mieux, il va se taire alors que le discours majoritaire vocifère l’inverse sans gêne. Les ados sont avant tout motivés par le jugement des leurs pairs, rien de plus. Cette réalité est très difficile à saisir pour l’adulte moyen qui a un souvenir, disons édulcoré, de sa propre adolescence. […] Les ados sont un excellent baromètre des sentiments enfouis d’une société. Lorsque la société québécoise n’aura pas honte de parler d’elle et de s’affirmer, les ados suivront.»
De la difficulté à se faire reconnaître comme Québécois
J’ai reçu deux témoignages de Québécoises d’origine française:
« Je suis française d’origine, arrivée à Montréal à 18 ans il y a 35 ans. À l’UQAM je me suis fait ma communauté d’amis et dans l’élan de ce pays neuf qu’était le Québec j’ai voté oui en 1995. Loyale à ma communauté, j’ai un peu boudé la culture anglo, et ai eu la chance grâce à mon travail de m’offrir un post doc en culture et histoire québécoise; j’ai eu la chance en travaillant dans le milieu culturel de rencontrer les plus grands: Ferland, Léveillée, Carle, Reno, Charlebois, Forcier, Daudelin, Bélanger, Leloup, Tremblay, etc. Ai épousé un écrivain québécois.
Je ne me suis jamais sentie Française, je suis Québécoise. Ou plus précisément Montréalaise. Mais 35 ans plus tard, je n’ai pas réussi à perdre mon accent, ce n’est pas que je n’ai pas essayé! Alors dès que j’ouvre la bouche devant des inconnus, on me demande pour combien de temps je suis en vacances, et quand je parle un peu plus, on me regarde et se demande comment je n’ai pas en tant de temps réussi à m’intégrer, et je me fais souvent traiter avec mépris par des gens qui n’ont pas le 10e de ma culture québécoise…
Peut-être que c’est pour ça que certains ne se sentent pas kebs… La frilosité face aux non de souche est très souvent rébarbative…»
Une collaboratrice du Devoir, Karine Varela, m’écrit de même:
« Française installée depuis presque 10 ans au Québec, je vis tout ce que vous décrivez. Une fille au primaire avec aucun enfant de parents nés au Québec dans sa classe, une autre au secondaire privé à Reine-Marie (les enfants parlent français plus qu’à Regina, me semble-t-il, pour avoir posé la question). Je suis dans le quartier Villeray, populaire.
Je sors avec un souverainiste depuis quelques années et c’est votre conclusion qui est la plus juste. Je commence à me sentir québécoise, mais cela prend du temps. Une immigration est un lent processus. Nous sommes dans un environnement francophone, je fais très attention à expliquer l’importance de la langue.
Mais nous avons aussi besoin que le Québec nous intègre. Je ne veux pas vous résumer le nombre de fois où j’ai été ramenée à mon statut de Française. Je me demande si mon sentiment d’appartenance n’a pas vraiment émergé quand j’ai commencé à sortir avec un Tremblay. Réussir ce parcours est un long cheminement et chacun de nous a un rôle à y jouer, l’immigré et le pays d’accueil. »
Vous pouvez m’écouter lire ce texte, dans ma balado, avec un bonus, en cliquant sur l’image:

Je suis un octogénaire et obtus . Mais on dit qu’il serait une richesse de communiquer avec les plus jeunes générations et vice versa. Je décline par la présente l’invitation. La façon dont il utilise la langue française me rend bouche cousue.
Pour clore en complément sur LE Sujet, en ce 8 mars…
D’autres données, de même ‘espèce’, étaient aussi rapportées, hier aussi, in La Presse aussi… (M. P.-J.), à propos de ‘la Québécoise’. Pas comme les autres, la Québécoise. Comme le Québec, quoi, pas comme les autres. Et si était-ce cela, justement, ce par qu[o]i persiste ou advient Différence – « la Québécoise » ?… A fortiori considérant que l’État voisin aurait atteint à l’Excellence en raison, principalement, de… « la supériorité de ses femmes » ?…
Je vais, d’abord, ‘déposer’ en débutant avec propos sur le thème en question ayant émané de quelqu’une dont ignorais-je l’existence même jusqu’à cette année, Pol Pelletier.
Défaite en/et Parole
« Au Québec, la parole est un interdit, il est très difficile pour nous de parler. L’impuissance, la défaite. […] Nous pratiquons l’autodestruction férocement, ne pouvons pas accepter que notre parole s’impose, soit pleinement incarnée, ait une force de rayonnement. »
« Nous sommes un peuple très douloureux, très autodestructeur. Notre complexe fondateur, c’est le complexe de la défaite. Nous sommes défaites et défaits. Voilà notre histoire. La caractéristique principale des Québécois est la honte. »
« Nous n’arrivons pas à être véritablement « forts », à jouer au boss. […] Et c’est ce qui fait, je crois, que le Québec est profondément féminin : nous faisons les choses autrement, avec moins de violence. Quelque chose est à l’œuvre dans l’ombre au Québec. »
« Ça me désole de voir que beaucoup de femmes préfèrent aujourd’hui la force, […] la performance […] qui sont l’absolu contraire du féminin. »
Fessé-ce assez? Cogné-ce assez, ça ?
Improbable? Au contraire. Y retrouvé-je, là, Doc Laurin. Le seul, à ma connaissance, qui non seulement fût parvenu à « percer » la québécité en profondeur – (sa névrose collective); mais qui aurait aussi été celui ayant le plus — (contribué à montrer comment faire [ou effectivement!]) — fait transcender la chose.
Pelletier, comme lui, évoque éminemment l’inconscient collectif Q.
Puis, cette question de défaite, là… Pas « féminin », cela ? Mets-en!
« Sa défaite, qu’elle attend avec une joyeuse excitation » (Hélène Deutsch, Psychologie des femmes, 1950).
Le Québec. Tout c[r]aché. Survivant tjrs à l’arraché.
Parole? Impuissance?
Toutes deux féminines.
Les femmes parlent non seulement plus — (celles [là] où en ont-elles le droit va de soi) —
mais disent, significativement, plus de mots/minute que les hommes (constaté/mesuré scientifiquement/expérimentalement/observationnellement).
Et que dire de la « langue maternelle » ? N’y a pas que les premiers instants, premières années suivant naissance. Avant même naissance, in utero.
Si bien que…
Lorsqu’ouï-t-on qu’Word is mightier than Sword…
World War en est en ce moment une bien plus d’Word que d’Sword.
Quoi!
Si, si.
Poutine a mis tout l’World à son Word. Terreur par Mot. P’assez fin, Occident, pour…
Et de un.
Puissance?
« La puissance se déploie dans la faiblesse »
Énoncé par celui-là même ayant régné le plus sur l’humanité, ces deux derniers millénaires
règne inauguré/fondé par/sur échec faiblesse originelle
LA Caractéristique (originelle) de cette religion étant ou ayant été l’Impuissance, renoncement à s’battre
contrairement aux deux soeurs, précédente et subséquente, va-t’en-guerre.
Pas « féminin », cela ?
Pourrais-je épiloguer ainsi encore sur des pages. Mais abrégeons.
La madame a certes (eu) raison de voir en le Québec une femme.
Le Québec n’est typiquement pas un Michel Chartrand ou un Louis Laberge.
Bcp plus excellent en lamentations qu’en actions « mâles » « viriles » masculines-types.
Néanmoins, est-ce en positif que la chose se trouve, à raison et bon escient, présentée :
non-violence.
Pas rien…
Enfin, dernier mot de la dame :
« puissance transformatrice de la parole » / « rien de plus important que la bonté, et c’est la parole qui va nous sauver »
Que dit LE Livre ?
Trois choses :
« Ce qui fait le charme d’un homme, c’est sa bonté » et « Il n’y a de bon que Dieu seul ».
Puis… « Les fils de dieux virent que les filles des hommes étaient belles »…
(et l’énoncé russe « la beauté sauvera le monde », couplé à « il n’y a pas de plus belle figure en toute l’histoire de l’humanité que le Christ »)
le tout subsumé, côté parole, par ‘Au commencement était le Verbe’…
Nous reste, donc, au Québec, la parole. Langue des langes.
Par laquelle peut être, peut-on tout.
Soit on se terre; soit refuse-t-on de
se taire.
P. S. « continent noir », disait de la femme le grand savant.
Moi dirais-je plutôt qu’« y en a d’dans ! »
ou rappellerais-je l’énoncé, inconnu, de Josélito Michaud
« c’est la plus belle invention ! »
Dernière « création », en tout cas, révélée, et pas conçue, elle
d’même manière, pas d’même étoffe.
N’s’rait qu’humaine, pure, elle, n’étant produit[e] qu’d’l’adam
alors qu’c’lui-ci proviendrait à la fois de terre, glaise, limon
et
[d’souffle] de D/dieu même
pas pareil.
Bref, y a-t-il là création, créature en tout cas, pas comme les autres.
Voyez.
Philo…
LE Principe philosophique, premier, masculin…, pose qu’une chose et son contraire
ne se peuvent
(pas simultanément à tout le moins)
Or, au féminin, oui, cela se peut.
« Désir de viol » (féminin)
Cela se peut-il ?
Peut-on désirer qqch qu’on ne désire pas?
Eh bien, allez-y voir. En contemporanéité, eu égard aux requêtes pornos féminines.
Et, auparavant, through les mêmes « découvertes » en psy des profondeurs
rapportées par la même H. Deutsch au milieu de siècle précédent.
Eh bien…, le texte du jour de V. B.-P. in La Presse, à propos d’attitudes et d’orientations-pensées plus progressistes chez les jeunes Québécoises que chez leurs pairs masculins…, WOW! que cela vient-il r’alimenter, en l’assouvissant, ma marotte de comparatif socio-politique suivant — (l’influence différentielle des) — genres; à partir de la lointaine assertion tocquevillienne, selon laquelle ce à quoi seraient principalement dues la force croissante et la prospérité singulière du peuple américain, aurait-ce été ultimement à cause de « la supériorité de ses femmes » [sic]. Rien de moins.
Quand on (r’)pense ou s’souvient-on que…; ‘vous en souvenez, vous? Ou « ‘refoulé’ » ?… Au début de la campagne référendaire de 1995, n’y avait-il que 35% de femmes favorisant le ‘oui’… S’pourrait, donc, que le résultat final en fût un, aussi, assez — (significativement?) — sexuellement-genré? (Allez savoir).
Or, aujourd’hui, c’qu’apprend-on ou qu’voit-on confirmé, c’est que les jeunes filles Q seraient, significativement plus à gauche, plus progressistes, idéologiquement; et ce jusqu’aux « convictions politiques » aujourd’hui devenues « ‘plus centrales à l’identité d’une personne’ »…
N’est-ce pas, précisément, d’« identité » dont vous (r’)parle A. M.-T. ci-dessus en balado?…
Éloquent! Éminemment, extrêmement.
Moi croyais-je que la fille Q, la femme Q auraient TJRS été plus libérales (depuis « le début d’un temps nouveau »). Or, en v’là une couple affirmant ou montrant le contraire. Pol Pelletier disant qu’à partir de mi-décennie 80, ç’aurait cessé, s’s’rait tu, voire inversé p’t’être, jusqu’à… déc. 89… Puis V. B.-P. présentant des chiffres illustrant qu’au contraire, au cours des dernières décennies, serait arrivé que les filles Q fussent plus à droite que les gars. Ç’aurait oscillé, donc. N’empêche…
Moi ne peux ne pas m’souv’nir, comme si venait-ce d’advenir hier — (l’intrépide fougueuse présidente des jeunes PQ étant alors de mon patelin d’origine) —, à quel point et de quelle façon, décisive et percutante, les jeunes péquistes, il y a vingt ans, avaient fait rejeter, avec fracas, la motion demandant parité sexuelle ou de genre en (représentation) politique. Alors, donc, qu’en dire : était-ce de gauche-progressiste ou de droite-conservateur, cela? (QS [direction], aujourd’hui, dirait ceci plutôt que cela, hein?…).
Bref, le laïus de Pol Pelletier, il y a douze ans, assénait d’emblée que « ce qui caractérise le peuple québécois, c’est la honte ». Frappant de constater le nombre de fois que ce même terme apparaît en les dits d’A. M.-T.
Québécité, montréalité, nationalité, ethnicité, genricité, sexicité, intersectionnalité(s)
(intersexionationalités?)
La montréalité — (ou sinon [ou aussi] nordaméricanité) — s’épandrait jusqu’à Québec.
Voici quelques énoncés susceptibles de « compléter » celui ayant trait à la PAN in balado ci-dessus
« Les femmes font avec les hommes une guerre où ceux-ci ont un grand avantage, parce qu’ils ont les filles de leur côté. »
« Montréal est une femme » (J.-P. F.)
« Le Québec est une femme » (affirmé par trois femmes [au moins])
dont l’une attribue la caractéristique de non-violence Q
au dit caractère foncièrement féminin du peuple québécois
« C’est la femme qui fait les moeurs »
et dû
« à la supériorité de ses femmes » –
l’essor prodigieux accompli par ou advenu chez peuple américain.
Quant à moi il y a également le phénomène de l’ignorance.
L’automne dernier, je vois que Karl Tremblay est décédé, je l’annonce à quelques étudiants de diverses origines, un peu en avance à mon cours. Ils n’avaient aucune idée de qui il s’agit. Je bavarde un peu de culture québécoise avec eux et comprends qu’ils n’y connaissent rien et que ça ne les intéresse pas. J’ai conclu en leur disant que si on fait le choix d’habiter un pays, il faut prêter attention à ce qui préoccupe notre voisin. Ça ne les a pas vraiment impressionnés.
Un deuxième exemple. Un collègue de travail, français d’une quarantaine d’années, à vécu toute sa vie adulte au Québec. Tous ses référents sociaux et culturels sont pourtant hexagonaux. Il ne s’informe que dans les médias français, n’écoute que les sports français, ne connais rien à notre actualité ou à notre culture. Je lui parlais de Dany Laferrière et de Kim Thuy, il n’avait aucune idée de qui il s’agissait.
Dans les deux cas, je n’entends pas le mépris des Kebs, c’est bien pire que ça : ils ignorent que nous existons.
Je crois que le problème est que depuis 20 ans la technologie permet de rester constamment branché sur son pays d’origine, voire sur celui de ses parents.
Il ne méprise pas les Kebs; il se contente de les ignorer.
À quel endroit enseignez vous ?
Juste un détail: Daniel-Johnson c’est pas dans le nord, c’est à Pointe-aux-Trembles… vraiment dans l’Est…
Ouais, celle-là, j’l’avais oubliée : les P. A. N.
Et n’l’ai-je certes pas consignée comme telle en mon mémoire. Ç’aurait pas passé. Les correctrices l’auraient biffée. Mais ça courait allègrement c’gag. Avec c’qui allait avec : « « si tu peux pas « avoir » ton Haïtienne, ben, tu pourras toujours « t’payer une Québécoise » ».
Ouais (bis), en fin d’compte, à l’époque, moi avais-je conclu qu’n’aurait-ce été que le Québécois français masculin qui manqu[er]ait d’attrait aux yeux d’issus d’immigration (peu importe quelle génération); a fortiori considérant que les filles québécoises françaises — (en plus de « ‘pogner’ », elles) — en menaient large au collégial, étaient dominantes en fait; e.g. les journaux étudiants avaient tous à leur tête unE rédactrice en cheffe. Or, rétrospectivement, me demandé-je maintenant si ce ‘statut’ qu’avait la « Québécoise » de « fille facile », ne se trouv[er]ait à ‘plomber’ tout autant l’estime ou considération du Q/québécois français?
MAIS…, ai-je de plus en plus le sentiment que ce qui, plus que tout l’reste, « plombe[rait] » le regard porté sur le Québécois français, aurait toujours été et resterait son statut national. Ne pourrai jamais oublier cette réflexion, en forme d’exclamation, lâchée par ma directrice, automne 95, qu’elle, ce pourquoi désirait-elle tant qu’advienne la souveraineté, c’tait « pour les gars ! »… [qu’ils prennent (ou ‘aient’?) enfin leur place].
Comme m’souviens-je de c’qu’avait dit René Lévesque, au soir du 20 mai… : « On ne se laissera quand même pas manger la laine sur le dos ! »
Se pourrait-il…? S’pourrait-il que soit-ce cela l’problème? : qu’«on» se soit laissé faire et qu’«on» (se) laisse faire, encore et encore ?
Mes fils, qui ont fréquenté le collège Regina Assumpta, me disent que la clientèle du Collège Mont Saint-Louis est beaucoup plus Québécoise. Ils ont choisit le cégep Saint-Laurent au lieu de Bois-de Boulogne justement parce que la clientèle de Saint-Lo est beaucoup plus québécoise. On en est rendu là, à Montréal: on choisit l’école en fonction de ses préférences ethniques…
Ces jeunes, qui méprisent la culture Keb, font probablement partie des personnes issues de l’immigration que le MontrEal Gazette, La Presse, les héritiers des orangistes fanatiques d’antan, les Mountrial Rhodesians, et les KKKenédiunes rednecks, en collaboration avec le PLQ, les affairistes de la CAQ et les fédéralistes colonisés, ont réussi à dresser contre nous et qui maintenant lèvent le nez sur nous de façon narquoise et arrogante répandant ainsi la Québécophobie et la francophobie en collaboration avec leurs CANADIAN Masters.
La combinaison des cours d’ECR et du QUÉBEC-bashing omniprésent était la recette parfaite pour que les jeunes francophones se fassent mépriser dans plusieurs écoles de Montréal.
Monsieur Grondin, je ne pourrais être plus d’accord avec votre lecture de la situation!
Je l’ai dit et je le répète: les anglos-saxons de Montréal n’ont jamais voulu, ne veulent pas et ne voudront jamais accepter le français comme langue officielle au Québec! Ils sont d’ailleurs le Cheval de Troie du Canada anglais, du ROC!!! Pire encore, les wasp soit les blancs anglo-saxons protestants non seulement détestent les francos -québécois de descendante catholique, ils les HAÏSSENT! C’est dans leur ADN, dans leur dogme et basé sur une guerre religieuse de plusieurs centaines d’années et d’une vision qui ne dit pas son nom au Canada anglais, mais qui est le moteur de tout le reste: Rapatriement de la Constitution par Trudeau Père sans l’accord ni la signature du Québec, rejet de l’Accord du Lac Meech, immigration massive et envoi des demandeurs d’asile majoritairement au Québec, effacement dans la réforme scolaire Charest de 2006 de l’Histoire du Québec pour enseigner le multiculturalisme et les religions afin de tuer la flamme nationaliste chez les jeunes de souche, etc.
Le PLQ EST la succursale des anglos-saxons protestants du ROC et d’Ottawa!!!
C’est une stratégie qui s’étend depuis des dizaines d’années, soit depuis la mise en place de la Charte des droits et libertés par P-E.Trudeau au lendemain de l’échec du Référendum de 1980. Favoriser les droits individuels au détriments des droits collectifs afin de faire reculer les droits de la minorité francophone du Canada et en insérant cette asymétrie absurde voulant que les anglos-saxons du Canada soient minoritaires parce qu’ils sont entourés de francophones au Québec et donc sont confrontés aux mêmes danger d’assimilation, d’effacement et de disparition dans le Canada que les francos-québécois!!!!
C’est sans compter la disproportion aberrante dans le financement des écoles universitaires: pour les 8% d’anglos-saxons au Québec, les impôts québécois leur versant 20% et + du total alloué aux études supérieures (voir l’article de Frédéric Lacroix à ce sujet)… Et dès qu’on veut, par une mesure des plus timides, rétablir une certaine « équitable » répartition des fonds publics québécois afin de corriger un tant soit peu cette inéquité, ce qui est hautement légitime, c’est la levée des boucliers dans le West-Island et le gouvernement du QC recule…
Il faut continuer et continuer de dénoncer ces injustices encore et encore, surtout lorsqu’on voit que J. Trudeau finance, à même nos impôts, les groupes Anglos qui contestent les lois 21 (laïcité) et 96 (langue) devant les tribunaux, voulant se rendre jusqu’à la cour Suprême! (Voir les articles de Frédéric Bastien, de Joseph Facal, de l’Action Nationale, etc.)
Rappelons-nous la défaite cuisante des Anglos de l’Ontario qui contestaient… eux-aussi notre loi 21, une loi s’appliquant au Québec seulement, faut le faire!!! Comme quoi le ROC continue de vouloir écraser toute défence légitime des droits des québécois, ces derniers en passant sont permis par la Charte des droits et liberté… en utilisant la clause dérogatoire!!!
Et moi qui avait croyait avoir tout lu et vévu en matière d’exactions envers les Québécois francophones. Le racisme et la discrimination de certains immigrants est vraiment flagrante
Je suis tellement content que tout d cela sorte au grand jours. Mon fils de 14 ans et fier québécois se faire insulter régulièrement. Nous sommes de Laval. Il est très beau et musclé cultivé etc… Mais quand je lui parle de fille, il m’avoue que les filles veulent rien savoir des kebs. Il se fait régulièrement dire qu’il vient d’un peuple de looser. Bref, c’est terrible au point où il rêve qu’on déménage dans un endroit où pourra être fier de son identitée.
Merci d’en parler
Un papa québécois triste pour son fils de le voir être ostracisé chez lui.
Terrible.
Il paye le prix pour l’erreur de ses parents ou grands-parents.
Il ne lui reste que les filles Kebs.
Ce qui, avouons-le, n’est quand pas mal !
😉
Monsieur Stéphane Legault,
J’ai écrit dans un précédent article de Monsieur Lisée, que ces faits me mettais à la fois en colère et m’attristais!
C’est justement les situations comme celle que vit votre fils qui me rende triste.
Notre Histoire nous renvoit une image de gens chaleureux, bienveillants, ouverts et accueillants et personne ne mérite ce traitement! Mes fils sont dans la mi-vingtaine et ont des amis de toutes origines ethniques et religieuses depuis leur primaire et continuent, malgré leur vie professionnelle, à se retrouver!!!
Ce qui se passe est INACCEPTABLE et doit être dénoncé HAUT ET FORT par le gouvernement, les médias, comme Monsieur Lisée vient de le faire, les parents, les enseignants, bref par tous ceux et celles qui veulent que cela cesse! L’appel à la haine et au racisme anti-blanc n’est ni appuyé par la Charte des Valeurs Québécoises ni par la Charte des droits et libertés canadienne!!!
Je suis certaine que pour les parents comme vous et aussi pour ceux de toutes origines qui n’approuvent pas ces comportements, déjà de le nommer publiquement est un pas dans la bonne direction!
Et tout comme la violence dénoncée dans les écoles, le racisme anti-blanc qui a cour à Montréal principalement est INJUSTIFIABLE et exige des mesures conséquentes! Personne n’a à subir cela, PERSONNE!!! Nous méritons TOUS le RESPECT!!!