Fêtes nationales parallèles

La théorie des univers multiples stipule que, chaque fois qu’un choix s’offre à nous, apparaissent des mondes où on a choisi chacune des options possibles. Cette chronique vous provient donc à la fois de notre univers et de celui où le Québec a voté Oui en octobre 1995, a déclaré son indépendance le 24 juin 1997 et célèbre, samedi, sa 25e fête de l’Indépendance nationale.

La session 2022-2023 de l’Assemblée nationale du Québec indépendant (ANQI) a débuté avec la cérémonie, maintenant traditionnelle, de félicitations aux nombreux médaillés québécois qui se sont illustrés en remportant l’or, l’argent ou le bronze dans l’année écoulée, notamment Marie-Philip Poulin (hockey, or), Tammara Thibeault (boxe, or), Mikaël Kingsbury (ski acrobatique, or) Laurent Dubreuil et Steven Dubois (patin, argent), ainsi qu’aux équipes québécoises médaillées au grand complet. L’Assemblée nationale actuelle de la province du Québec (ANPQ) n’a pu qu’accueillir les membres québécois des équipes canadiennes.

En décembre 2022, l’ANQI a annoncé que ses « chaires de recherche du Québec », tout en favorisant, à compétence égale, les candidats de groupes sous-représentés, rejettent toute tentative d’écarter totalement de ses concours des candidats en fonction de leur genre ou de la couleur de leur peau. L’ANPQ n’a pu que le demander dans une motion unanime pour les chaires du Canada siégeant dans ses universités, sans l’obtenir.

En janvier, l’ANQI ne s’est nullement préoccupée de la désignation, par Ottawa, d’une représentante spéciale sur l’islamophobie ayant tenu des propos méprisants envers le Québec. L’ANPQ n’a pu que s’opposer par motion à sa nomination, sans être entendue.

En février, l’ANQI a discuté de l’ampleur et de la portée des exigences francophones qu’elle impose aux radiodiffuseurs québécois et pris une décision. L’ANPQ n’a pu que demander par motion à Ottawa d’inscrire dans sa nouvelle loi l’application du droit québécois sur le statut de l’artiste et un droit de regard sur les orientations du CRTC au Québec, sans l’obtenir.

Encore en février, dans son 25e budget de pays indépendant, le Québec a pu réitérer qu’il se conformait aux recommandations du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de ne verser aucune subvention aux industries pétrolières. Le budget du Québec-province n’a rien pu faire contre le fait qu’Ottawa perçoit chaque année 2 milliards en impôts du Québec pour les donner aux pétrolières de l’Ouest. Le Québec indépendant s’est de plus demandé s’il ne devait pas surseoir à son achat annuel, pour
3 milliards de dollars, de pétrole de l’Ouest, tant que son voisin canadien continue à subventionner le réchauffement de la planète.

En mars, l’ANQI a poursuivi son travail exemplaire de lutte contre la violence conjugale en ajoutant au Code criminel du Québec une infraction de « comportement coercitif et contrôlant », jusque-là inexistante. L’ANPQ n’a pu que demander par motion cet ajout à Ottawa, sans obtenir de réponse. De plus, le Québec indépendant a cette année généralisé le port de bracelets anti-rapprochement pour éviter que des conjoints violents ne hantent leurs victimes, y compris après leur libération, dans tous les cas. Le Québec-province demande en vain à Ottawa d’appliquer cette mesure aux prévenus sortant d’une prison fédérale dans la province.

En avril, l’ANQI ne s’est pas préoccupé du non-remboursement, depuis 25 ans, des 484 millions dus au Québec par Ottawa pour les dégâts de la crise du verglas, cette facture ayant été englobée dans l’accord financier de 1997 entre le Canada et le Québec indépendant. L’ANPQ n’a pu que réclamer par motion le paiement de cette créance, en vain.

Fin avril, le Québec indépendant a annoncé un investissement à long terme de 15 milliards de dollars pour la production de navires de la flotte québécoise, construits par la Davie, rétablissant ainsi les 3000 emplois que le chantier avait connus à son apogée. Le gouvernement de la province, lui, a fait semblant de se réjouir qu’Ottawa offre au Québec 10 % des investissements de sa stratégie à la Davie, plutôt que les 20 % que représente le Québec dans le pays et dans les impôts prélevés ici et utilisés pour surfinancer les chantiers de la Nouvelle-Écosse et de la Colombie-Britannique.

En mai, l’ANQI a discuté du niveau de ses seuils d’immigration en s’interrogeant sur leurs répercussions sur la langue française, sur l’emploi et sur le logement, mais sans s’inquiéter de leurs conséquences sur le poids politique des Québécois dans leur État, car ils y forment 100 % de la population dans tous les scénarios. L’ANPQ n’a pu que réprouver, par motion, la politique d’immigration fédérale, qui va réduire inexorablement le poids politique du Québec dans le Canada.

Toujours en mai, l’opposition au sein de l’ANQI a vertement critiqué le gouvernement pour ses retards à délivrer des permis de travail aux réfugiés et aux demandeurs d’asile. Sous pression, le gouvernement a dû mettre les bouchées doubles. L’ANPQ, elle, n’a pu que demander dans une motion au fédéral de réduire fortement les délais, sans obtenir satisfaction.

En 2023, le Canada et le Québec indépendant ont chacun pris une décision quant au renouvellement des avions de chasse de leurs aviations respectives. Le Canada a choisi de remplacer ses 70 F-18 par autant de F-35 coûtant chacun 215 millions de dollars, sans toutefois avoir obtenu de garanties de retombées économiques au Canada. Le Québec, qui a hérité des 16 F-18 opérant sur son territoire au moment de l’indépendance, a plutôt opté pour des Mirage 2000 français, au coût de 39 millions de dollars chacun. Mais on chuchote que le Québec les a obtenus à moindre coût, la France rêvant depuis longtemps d’obtenir une vitrine en sol nord-américain. Elle a de plus consenti à utiliser des sous-traitants montréalais pour une partie de leur fabrication. Québec a utilisé une portion des presque 3 milliards économisés en choisissant les Mirage plutôt que les F-35 pour lancer à Mirabel une usine d’avions anti-incendies Canadair, rebaptisés « Québecair ».

On doit noter que le Québec a été le premier pays membre de l’OTAN à proposer de prêter ses avions de combat F-18 à l’aviation ukrainienne, après avoir entraîné ses pilotes. Le discours de reconnaissance prononcé par Volodymyr Zelensky à l’Assemblée nationale en juin fut un moment fort de l’année politique, ponctué de « Vive l’Ukraine libre » et de « Vive le Québec libre », cette dernière déclaration, de la part d’un dirigeant étranger, ne présentant plus le moindre caractère polémique.

4 avis sur « Fêtes nationales parallèles »

  1. Si le Quėbec était indēpendant…encore une fois, vous montrez que le Québec aurait fait des choix judicieux ….alors que maintenant nous nous soumettons aux diktats du Canada….
    Bravo, ne lâchez pas…

  2. Hi! Hi!
    J’espère que ce communiqué ne provient pas de la « Maison Bleu » où on montre que le Québec est dirigé par des abrutis… Mais c’est de la science fiction :=)

  3. Ah! Si c’était vrai…Si nos dirigeants ne travaillaient pas d’abord pour leur pouvoir et leur caste… On a tant besoin d’un gouvernement qui veille sur son peuple et qui a à cœur son épanouissement, son développement, son rayonnement. Hélas, le gouvernement actuel le laisse aller par secteurs, par morceaux à qui veut bien s’en emparer. Trop de choses prioritaires sont devenues secondaires: la santé, l’éducation, l’immigration, les services publics. Plus ça va et plus les gens s’appauvrissent, s’endettent, et plus ça va, plus l’argent va dans les mêmes poches. C’est rendu que le gouvernent est tributaire des grosses compagnies, des géants. Il les subventionne plutôt que de les règlementer. Je souhaite voir le Québec libre avant ma mort. Mais je suis pessimiste, quand je regarde dans quel état se trouve mon pays, moi qui ai 73 ans et qui dès mon premier vote, ai voté pour le PQ.

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