Un genre de déni (intégral)

C’est fou le nombre de gens qui ont tenu à nous rassurer, depuis une dizaine de jours, sur l’inexistence de quelque problème que ce soit dans l’enseignement de la théorie du genre à l’école. Dans Le Devoir, une universitaire écrit que “la théorie du genre ne nie pas l’existence des sexes biologiques. Ce serait ridicule, bien sûr, mais ce n’est pas vrai, et il est inadmissible qu’on laisse tenir ce genre de propos dans nos médias”. C’est clair ! Dans La Presse, un chroniqueur d’ordinaire plus circonspect accuse tous ceux qui soulèvent des doutes de “bêtise” et de “délire”. À Radio-Canada, une psychologue arrive à convaincre Patrice Roy que la question du changement de genre n’est jamais abordée au primaire. Circulez, il n’y a rien à voir !

Que la vie serait simple si tous ces gens avaient raison. On pourrait passer à autre chose. Il y a malheureusement un tout petit rien qui, en mon cas en tout cas, me chicote. Les faits. En voici quelques-uns.

On ne dit nulle part que le sexe n’existe pas. Faux. La “Licorne du genre” est une image promue par un site du gouvernement du Québec – la Boîte à outils sans stéréotypes – et destinée aux “parents et à la petite enfance”. On y invite les enfants à déterminer leur identité et leur expression de genre, mais aussi à nous indiquer quel sexe fut “assigné à la naissance”. Est-ce “mâle”, ¨femelle” ou “autre/intersexe”.  Mais qu’est-ce que cette histoire de sexe “assigné”. Le sexe n’est-il pas “constaté” ? Pas selon le ministère de l’éducation du Québec qui a produit un glossaire pratique dans son Guide à l’intention des milieux scolaires sur les questions de diversité. On y lit: “Sexe assigné à la naissance : Sexe assigné à une personne à sa naissance en fonction d’un nombre limité de caractéristiques physiques observables, principalement l’apparence et la structure des organes génitaux externes.” Voyez, lorsque le médecin dit “c’est une fille”, il ne sait pas vraiment de quoi il parle et fonde son affirmation sur “un nombre limité de caractéristiques”. 

On ne parle jamais au primaire de changement de genre. Faux. Le document du ministère de l’éducation qui guide les enseignants sur la sexualité leur indique clairement que “les enfants peuvent commencer à explorer leur identité de genre entre 3 et 7 ans.”  De la parole aux actes, le document renvoie à un outil financé par le ministère de la Justice finance et destiné aux enseignants du primaire. Bonjour Sam est l’histoire d’un petit garçon qui, telle une poupée russe, devient une fille. À l’inverse, L’histoire de Sam, visionnée un million de fois, présente une petite fille devenant garçon. Je ne dis pas que ces outils ne devraient pas exister. Je ne le sais pas. Mais il est faux de dire qu’ils n’existent pas et ne sont pas utilisés.

Ceux qui soulèvent ce débat sont intolérants. Faux. Un récent sondage Angus Reid sur la question nous révèle que 75% des Québécois accepteraient et accompagneraient un enfant de huit ans qui souhaite changer de genre, 79% un enfant de 12 ans, 80% un enfant de 16 ans. C’est le plus haut taux au Canada. Simultanément, 80% des Québécois estiment que les parents doivent être informés par l’école si leur enfant souhaite changer de genre. En ce moment, les écoles ont l’obligation de ne pas informer les parents si l’enfant refuse. Bref, les parents québécois sont massivement tolérants ET massivement inquiets. Bien sûr, une minorité de parents sont homophobes. Dans ces cas, un accompagnement s’impose. Mais le secret ne peut être la règle générale.

Ce n’est qu’une question de tolérance. Faux. Il n’y aurait pas de débat, du moins entre gens raisonnables, si la nouvelle éducation à la sexualité faisait simplement la promotion de la tolérance. Mais comme j’en ai fait la démonstration dans ces pages (Le sexe de nos anges), le programme ne met pas chacun des choix sur un pied d’égalité. La critique constante de l’hétéronormativité, de l’hétérosexisme et du privilège hétéro, la volonté, louable, de déconstruire les stéréotypes féminins et masculins mais sans jamais valoriser les types masculins et féminins, couplés à une valorisation constante de l’expérience queer, non-binaire et trans, et à l’organisation de célébrations, parfois obligatoires, des fêtes LGBTQ, établit cumulativement une hiérarchie. On est en présence du remplacement de l’hétéronormativité, critiquable, par une queernormativité, tout aussi critiquable. La solution, il me semble, est de respecter également toutes les orientations, y compris hétéro.

Soulever des doutes, c’est stigmatiser les enfants trans. Faux. Et si c’était les protéger ? Toute l’approche actuelle vise à accepter sans questionner, puis à accompagner la transition. Les enseignants sont avisés qu’une résistance de leur part peut conduire à des sanctions légales. Le seul indicateur existant est du Dr James Cantor — détesté des militants Trans — qui a proposé en 2016 une recension de 11 études réalisées avant l’explosion récente du nombre d’enfants trans, et qui concluait ceci : “très peu d’enfants trans veulent toujours une transition lorsqu’ils deviennent adultes. Ils deviennent plutôt des gais et des lesbiennes. Le nombre exact varie selon les études, mais environ 60 à 90% des enfants trans ne sont plus trans lorsqu’ils atteignent l’âge adulte.” Aucune autre étude récente n’est disponible. Mais à supposer même que le nombre ne soit que de 30, 20, voire 5%, le principe de précaution ne devrait-il pas guider nos actions ? Il n’apparaît nulle part dans les documents du ministère.

(Ajout: on me signale une toute récente synthèse, de juin 2023, voici le principal extrait sur les chiffres:)

Et puis, n’est-il pas étonnant qu’avant la vague d’affirmation trans dans les écoles, la majorité des jeunes questionnant leur «identité de genre» étaient des garçons, alors qu’aujourd’hui, les filles en représentent plus des deux tiers, selon des données du système de santé britannique? S’il n’y a pas d’effet de mode, comment l’expliquer ?

Les toilettes mixtes, pour l’inclusion et contre l’agression. Sérieux ? Les dernières données nous apprennent que les garçons de 12 à 17 ans sont, de loin, les principaux auteurs d’agression sexuelle au Québec. Est-ce bien raisonnable de les inviter massivement dans des lavabos mixtes ?

La flambant neuve école Jean Lumb de Toronto a introduit le concept cette année. La disparition des urinoirs (évidemment on se fiche complètement de retirer aux garçons cette commodité) a provoqué une surprenante augmentation d’urine sur le siège des toilettes. Une mère rapporte que, selon sa fille de première année, il s’agit d’un concours entre garçons pour savoir lequel pourra faire tenir le plus d’urine sur le siège, notamment pour forcer ainsi les filles à venir à l’école avec des lingettes. (Boys ! Soupirs !) Un père affirme qu’un garçon a montré son zizi à sa fille, non consentante. Quant à l’inclusion, un problème religieux se pose. Les fillettes voilées à l’école (cela devrait être à mon avis interdit, mais ce n’est pas le sujet) doivent pratiquer le wudu, une purification avec de l’eau avant la prière. Mais cela nécessite de retirer leur voile, ce qu’elles ne peuvent faire devant des garçons dans des lavabos mixtes. Bienvenue, ici, au point de rupture de l’intersectionnalité.

(Une version légèrement plus courte de ce texte fut publiée dans Le Devoir.)

Mon débat avec la Pr Anne Pullen Sansfaçon chez Patrice Roy:

Cliquez sur l’image pour visionner.

Évidemment, je ne prétends pas être un expert sur la question, seulement un généraliste qui se laisse guider par les faits et la logique. Et un père de cinq enfants. Cependant une spécialiste est la sexologue Jocelyne Robert. Voici ce qu’elle a écrit à la suite de mon débat.

15 avis sur « Un genre de déni (intégral) »

  1. M. Lisée,

    J’aimerais répondre à votre chronique. Ma réponse est longue, alors sans plus tarder, je vais commencer.

    1. La « théorie du genre »

    Parlons de cette fameuse « théorie du genre ». Vu comment on prétend qu’elle contient à peu près tout et son contraire, il serait probablement une bonne idée de mieux la comprendre, avant toute chose. Après tout, peut-être y trouverons-nous des idées qui valent la peine d’être explorées, qui sait.

    a. Le genre

    Commençons par ce qu’est le genre. Le genre, c’est un concept en sociologie et anthropologie qui a été créé pour expliquer un phénomène humain particulier. Dans ce cas ci, le phénomène que le genre tente d’expliquer est la variété des rôles des femmes et des hommes à travers le temps et les cultures. Pourquoi est-ce que les comportements attendus entre les sexes sont si différents, et qu’ils ne sont pas les mêmes partout?

    Prenons un exemple que j’ai toujours trouvé assez parlant. Ici, dans ma culture, je suis considéré un homme par le simple fait d’avoir eu mes 18 ans et d’être mâle. Pour le peuple Chambri, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le passage de garçon à l’homme demande de passer une scarification rituelle très douloureuse qui leur donne ce qui ressemble à des écailles d’alligators. Seulement ceux qui complètent ce rituel sont considérés comme des hommes.

    Comment expliquer que certaines sociétés sont patriarcales alors que d’autres sont matriarcales? Ou que certaines société le pouvoir est détenu par des hommes alors que d’autres le donnent aux femmes?

    Un autre exemple est la différence entre ce qui est associé aux hommes et aux femmes au travers du temps. Le rose est aujourd’hui la couleur des filles alors qu’au 12e siècle c’était associé aux garçons. Pourquoi toute cette différence?

    Le genre vient expliquer ce phénomène. C’est l’ensemble des caractéristiques, comportements et attitudes qui sont appris (généralement inconsciemment) par les individus de chaque sexe d’une culture et qui sont attendus d’eux par les membres de cette même culture selon leur sexe. C’est la partie « acquise » du comportement sexué, au contraire des éléments attribuables à l’« inné », qui viennent des différences biologiques (le sexe). C’est une caractéristique unique à l’humain. Les genres varient grandement entre les cultures et varient dans le temps.

    Le genre nous permet aussi d’expliquer pourquoi les hommes et les femmes ont des comportements si différents. Après tout, ces différences ne peuvent pas, pour la grande majorité, être uniquement le résultat d’une différence biologique. Pour revenir dans notre société, on peut se demander pourquoi est-ce que les femmes portent des robes, mais pas les hommes, ou pourquoi les femmes se rasent les jambes, mais pas les hommes. Pourquoi les hommes sont plus nombreux à travailler dans certains domaines que les femmes. Ou alors pourquoi est-ce qu’on s’attend à ce que l’homme conduit quand un couple est en voiture.

    Bien plus qu’uniquement ces exemples qui sont plutôt stéréotypés, on retrouve le genre dans toutes les sphères de notre culture et qui façonne notre regard sur les autres. On sait, par exemple, que l’on a tendance à traiter très différemment les bébés selon s’ils sont habillés de façon masculine ou féminine. Ou qu’on va leur attribuer des traits différents selon le genre perçu. On intériorise les rôles de genre et ils viennent façonner à la fois nos attentes des autres, mais aussi nos propres comportements. Et cela, dès le plus jeune âge.

    J’aimerais noter que le genre est autant une « théorie » que ne l’est la gravité ou la relativité générale. Théorie, en science, est un terme qui réfère à un ensemble de concepts qui fonctionnent ensemble. Cela ne signifie pas que c’est incorrect ou pas basé sur la réalité, comme le mot veut souvent dire dans son usage général. Le genre est aujourd’hui considéré comme globalement factuel dans ces milieux, puisqu’il explique très bien les phénomènes observés. Il y a un fort consensus sur son existence, et à raison.

    b. L’identité de genre

    Vous remarquerez que le genre est un concept qui s’applique principalement au niveau de la société au complet. C’est bel et bien un concept sociologique, qui nous permet de comprendre une culture en gros. Mais il y a un aspect plus individuel qui est lié: l’identité de genre.

    L’identité de genre, c’est le sentiment d’appartenance (ou pas) qu’un individu possède aux genres de sa culture. Il découle aussi des observations de phénomènes chez l’humain. D’une part, le fait que les membres d’une société adoptent les comportements genrés très naturellement, sans que ça soit explicitement enseigné ni forcé. De l’autre, le fait que ce n’est pas toutes les personnes qui adoptent le genre qui est associé à leur sexe de naissance.

    C’est un concept qui a largement été étudié et qui ne fait plus vraiment débat. Chacun d’entre nous possède un certain sens d’appartenance, d’identification au genre. Ce n’est pas parce qu’il est congruent avec notre sexe qu’il n’existe pas.

    La question du *pourquoi* reste toujours autant un mystère, évidemment. On a toujours aucune idée de ce qui rentre dans l’équation. La majorité des hypothèses proposées sur sa formation chez l’individu ont été rejetées par la recherche. N’empêche, si on ne comprend pas trop le *pourquoi*, on comprend assez bien le *comment*:

    * On sait qu’il diffère de la présentation genrée (si on adopte les styles et attributs d’un genre ou d’un autre, ou alors si on adopte des comportements traditionnellement associés à un genre ou à l’autre), par exemple. Une femme peut très bien se présenter de façon associée aux hommes sans que cela remette en question son genre. Il est également entièrement différent de la conformité aux stéréotypes de genres. Ainsi, non, une fille qui joue avec des camions n’en est pas moins une fille, et cela ne remet pas en question son identité de genre.
    * Sa formation se produit chez l’enfant entre 3 et 5 ans, et peut-être même avant. Dans tous les cas, il est bien formé dès l’âge de 5 ans. À cet âge, l’enfant s’identifie comme étant un garçon ou une fille, et il s’associe aux adultes de ce même genre. C’est le cas à la fois pour les personnes cisgenres (ceux dont le genre correspond au sexe) et les enfants trans. Cette identification est assez solide: des études (2) ont montré que les enfants qui disent ne pas être du genre associé à leur sexe, même à cet âge, persistent dans cette identification par la suite — mais on en reparlera un peu plus loin.
    * Chose importante, il n’est pas possible de forcer quelqu’un à changer d’identité de genre. Tout comme pour l’orientation sexuelle, la thérapie de conversion ne permet pas de « corriger » l’identité de genre de quelqu’un. (Et non, de l’autre côté, il n’y a pas de raisons de croire que d’entendre parler de personnes transgenres va convertir une personne cisgenre.)

    Bref, j’espère que cela vous aide à comprendre les concepts associés. Parler de la « théorie du genre » et affirmer que c’est une sorte de théorie farfelue controversée ne pourrait pas être plus loin de la réalité. Le genre permet d’expliquer des phénomènes que le sexe seul est incapable de comprendre. Il y a une distinction à faire entre les deux. Ça ne veut pas dire que l’un ou l’autre doivent être rejetés ou n’existe pas: ce sont deux aspects différents de la réalité humaine.

    2. « Le sexe n’existe pas »

    Ce qui nous emmène au premier point de votre article. Apparemment, les outils du gouvernement du Québec remettent en question l’existence du sexe biologique.

    Malgré ce que vous dites, votre propre exemple, soit la fameuse « Licorne du genre », réfute votre point: le fait même qu’on demande le sexe à la naissance est la preuve que cette fantastique licorne n’en nie pas l’existence, non?

    Le véritable argument que vous avancez ici, c’est que l’on présente le sexe comme une désignation arbitraire, non basée sur la réalité physique des individus. Si je comprends d’où vient la confusion, ce n’est pas ce qu’on entend dans ces ressources.

    En réalité, malgré vos différences de termes, les textes que vous citez et vous sont en accord. L’idée que le sexe est assigné est pas nécessairement fausse, si on se dit que ce sexe a été assigné par « la nature » ou quelque chose comme ça. N’empêche, dire que l’on constate le sexe est tout aussi vrai, et probablement même un peu plus pratique dans ce contexte. Il ne faut pas s’imaginer que l’attribution du sexe est quelque chose d’arbitraire: ce n’est évidemment pas le cas.

    Pour être honnête, je ne suis pas fan de l’expression, et je préfère de loin qu’on parle que le *genre* est assigné à la naissance plutôt que le sexe. Après tout, c’est bien plus fidèle à la réalité. Mais bref, peu importe. Au moins, on a tranché la question: M. Lisée et la Liorne du genre s’accordent sur les faits, même s’ils semblent être en désaccord sur les termes.

    Mettons les choses au clair: le sexe et le genre sont tous les deux importants et un ne peut pas supplémenter l’autre. S’imaginer que le comportement humain est entièrement attribuable à la biologie est complètement insensé, tout comme l’inverse. Ces deux concepts ne sont pas en opposition, mais bien complémentaires.

    3. « Ceux qui soulèvent ce débat sont intolérants. »

    C’est rassurant de voir des nombres aussi hauts pour l’acceptation de l’identité transgenre même chez les enfants, et on peut être fiers des Québécois là-dessus. Ça montre vraiment à quel point le Québec est le leader en Amérique du Nord pour les questions LGBT, et cela depuis bien longtemps.

    N’empêche, je crois qu’il est important d’expliquer pourquoi est-ce que les fameux militants LGBT sont inquiets de l’idée que l’on révèle l’identité des jeunes à leurs parents (ce que je vais appeler par la suite « outer », à lire comme la francisation de l’expression « to out »). Vous avez raison de mentionner qu’il y a des parents transphobes. Outer les enfants à ces parents, c’est les mettre en danger. Mais même au-delà, si on dit aux jeunes que s’ils explorent leur genre, on va devoir le mentionner à leurs parents, c’est en réalité forcer dans le placard ceux qui ne sont pas à l’aise de faire part de cet aspect là d’eux-mêmes à leurs parents. Le seul effet que ça va avoir, c’est qu’ils ne se sentiront pas à l’aise d’explorer leur identité de genre — quelque chose d’entièrement sain — à l’école, qui est l’endroit principal où ils font du social.

    C’est un débat assez complexe, et je comprends l’inquiétude ici. Personnellement, je crois que de forcer le personnel des écoles à outer les jeunes est dangereux et risque de causer plus de mal que de bien, et je pense qu’une directive permettant aux intervenants d’utiliser leur jugement est préférable. Mais pour être parfaitement honnête… Je vois une façon assez simple de résoudre ce problème pour les parents: parlez avec vos enfants et faites-leur savoir que vous êtes entièrement ouverts. Dites-leur simplement que toutes les identités, que ce soit celle de leur sexe de naissance ou pas, sont valides, et que peu importe vous allez toujours les aimer et être là pour eux. De cette façon, s’ils souhaitent explorer leur identité de genre, ils pourront se sentir à l’aise d’en discuter avec vous et n’auront pas besoin de le cacher de vous.

    4. À propos d’une hiérarchie des identités

    Vous soutenez que le matériel du gouvernement du Québec donne l’impression que l’identité queer est supérieure. Peut-être que le programme d’éducation à la sexualité fait une si mauvaise job d’expliquer son point aux élèves. Peut-être.

    Mais je reste profondément sceptique. Valoriser l’expérience queer n’est pas pour autant dévaloriser l’hétérosexualité ou l’identité cisgenre. Présenter les concepts d’identités de genre n’est pas quelque chose qui remet en question la validité de ceux dont l’identité de genre correspond au sexe. Et votre point sur les « types » masculins et féminins me rend perplexe. Qu’est-ce que serait ces « types » là? De ce que je comprends, ça serait présenter une version positive de ce qu’est être homme ou femme. Or, chaque fois que j’ai vu quelqu’un tenter de faire une liste de telles caractéristiques, soit on tombe encore sur des stéréotypes contraignants… Soit on fait que présenter des traits positifs humains, pas limités aux hommes ou aux femmes.

    Je serais curieux de savoir si c’est vraiment le cas, que les jeunes ont l’impression qu’être queer est supérieur à l’alternative, après avoir reçu les cours sur les thèmes LGBT dans nos écoles. Vous présentez quelques témoignages dans votre autre article de blog, mais c’est trop anecdotique pour vraiment en tirer quoi que ce soit. Dans tous les cas, de dire que c’est un fait… Pas trop d’accord avec vous là-dessus.

    5. « Soulever des doutes, c’est stigmatiser les enfants trans »

    Je tiens à remarquer que vous n’avez ni présenté de faits ni vraiment appuyé votre point avec quoi que ce soit.

    Je ne suis pas certain de ce que vous pensez que les enseignants devraient dire. Ou même les parents. Pourquoi est-ce qu’on offrirait une « résistance »? Ça me semble un peu étrange qu’on remette autant en question l’identité des personnes LGBT, en particulier les jeunes, alors qu’on ne le fait pas pour les identités non-LGBT. L’identité de genre, c’est un phénomène interne de l’individu. C’est quelque chose qu’on ressent. Ça me semblerait absurde de répondre à quelqu’un qui nous fait part de son sentiment d’être davantage fille que garçon par « Non, tu ne ressens pas ça. »

    Ce qu’il y a de plus sain et logique, c’est de laisser la place pour explorer. Il faut éviter de juger et permettre aux individus de s’exprimer de la façon qu’ils jugent appropriée pour eux. On peut vouloir essayer de mieux comprendre ce qu’il pousse quelqu’un à s’identifier comme il le fait, évidemment… Mais s’imaginer que l’on connait mieux qu’eux ce qu’ils ressentent? Ça me parait absurde.

    6. Les études sur la désistance

    Parlons maintenant de votre argument sur la désistance. Vous commencez par vous baser sur une revue questionnable de la littérature par Dr James Cantor. Si vous aviez simplement descendu la page et lu les commentaires de la page du blog de M. Cantor, vous auriez découvert les nombreux problèmes méthodologiques de cet article et pourquoi ce n’est pas considéré comme une source valable sur le sujet.

    Premièrement, les études ont des différences méthodologiques très importantes. Il n’est pas vraiment possible de faire des points entre toutes les données. Le mélange de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle dans les résultats montre l’important changement dans la façon qu’on perçoit les personnes trans. Et puis dire que Dr James Cantor est « détesté des militants trans » est mal représenter la chose. Après tout, M. Cantor milite contre les droits des personnes trans. À ce sujet, il est intéressant de noter qu’il a apparu à quelques reprises comme « expert » pour défendre des lois anti-trans aux États-Unis l’année passée. Lors de ses apparitions, il a été découvert qu’en réalité il n’a aucune expérience à traiter des enfants trans et qu’il connait très peu le sujet.

    Mais plus important encore, beaucoup de ces études (surtout les plus vieilles) ont un problème significatif: les enfants qui sont étudiés ne sont pas tous trans. Je vous explique: dans la dernière décennie, ce qu’on définit par un enfant transgenre a significativement changé. Le DSM-V, sorti en 2013, est un bon indicateur de la chose. Le diagnostic de dysphorie du genre est venu remplacer la catégorie précédente, « gender identity disorder », qui couvrait très large et avait tendance à inclure les enfants qui agissaient de façon non conforme aux attentes genrées. Aujourd’hui, nous avons une définition bien plus robuste: en particulier, les enfants trans sont ceux qui se décrivent comme étant de l’autre sexe. C’est d’ailleurs la nouvelle définition qui a été adoptée par le DSM-V, et qui est significativement plus représentative de la réalité des enfants trans.

    Comment on le sait? Et bien, contrairement à ce que vous avez indiqué dans votre article, il y a d’autres études qui ont été réalisées depuis. En particulier, une excellente étude sortie l’année passée où plus de 300 enfants ont été suivit pendant 5 ans (1). La conclusion: 94% des jeunes avaient gardé la même identité, et seulement 2.5% étaient retournés à leur genre de naissance. Ce taux est typique de ceux généralement rapportés par les études récentes, qui présentent généralement des taux entre 3 et 10%.

    7. Les changements démographiques

    Passons au dernier point que vous faites dans ce paragraphe: le changement démographique chez les jeunes qui se présentent aux cliniques de genre. Vous mentionnez que le nombre de personnes de sexe féminin qui étaient référés à une clinique de genre avait grandement augmenté comparativement au nombre de personnes de sexe masculin.

    Un tel changement a été rapporté à plusieurs reprises, et il n’est pas tout à fait clair s’il s’agit d’un véritable phénomène ou d’anecdotes. Certaines personnes disent qu’un tel changement est visible à travers le monde occidental, et il y a des statistiques qui semblent collaborer la chose. De l’autre côté, une analyse à grande échelle (2) a montré qu’entre 2017 et 2019, aux États-Unis, le ratio était plutôt de l’autre côté.

    Il est important de comprendre que ce qui est rapporté est une augmentation du nombre de visites à ces cliniques par des personnes de sexe féminin. Il n’est pas encore clair si cette augmentation se reflète aussi dans le nombre de personnes qui vont actuellement transitionner et se définir comme trans. C’est une situation qui est activement étudiée, d’ailleurs, et qui risque de se préciser dans le futur.

    Dans tous les cas, la raison précise qui explique ce phénomène est encore inconnue. Certaines pistes ont été avancées, sans pour autant être en mesure de les valider (ou de les invalider). En voici quelques-unes:
    * Les jeunes transgenres de sexe féminin pourraient redouter davantage la puberté que ceux de sexe masculin, les encourageant à chercher davantage de l’aide auprès des cliniques de genre.
    * Les jeunes transgenres de sexe masculin pourraient avoir davantage tendance à réprimer leurs sentiments que ceux de sexe féminin. Cela pourrait être parce qu’il est davantage permissible pour les filles de sortir des normes du genre, les permettant d’explorer davantage ces aspects et découvrir leur identité de genre.
    * La plus grande acceptance des personnes transgenres pourrait ne pas encore avoir changé les perceptions des jeunes de sexe masculin au même rythme que chez ceux de sexe féminin.

    Donc, que doit-on en penser? Ce n’est pas encore clair. Cependant, prendre cette information et assumer qu’il s’agit d’un « effet de mode » n’est pas vraiment justifié.

    8. Autres arguments

    Je ne m’attarderai pas longtemps sur le reste. Vous avez raison, dire que l’on ne parle pas de changement de genre au primaire est simplement factuellement faux. Pour les toilettes mixtes, si j’ai l’intuition que c’est ce qui va être la norme dans le futur, je pense que si ça rassure certaines personnes d’utiliser des toilettes divisées, ça devrait être également disponible.

    9. Conclusion

    Je pense qu’il y a ici des enjeux qui méritent d’être discutés et débattus… Mais il faut le faire en se basant sur les faits. Et les faits sont étudiés depuis longtemps par le domaine académique, qui a développé une excellente compréhension de ces enjeux qui est largement basé sur des faits solides. Il est également important de ne pas se baser sur de la désinformation, qui est abondante sur ce sujet. Malheureusement, votre chronique laisse beaucoup à désirer, et est loin de ne présenter que des faits comme vous semblez le croire.

    Je vous encourage fortement à écouter et essayer de comprendre les arguments de vos adversaires, même si ce n’est que pour mieux comprendre leur point de vue. Il est trop facile de balayer les concepts qui ne nous sont pas familiers et se limiter à notre compréhension de surface qui renforce nos préconceptions.

    Jean-Sébastien

    Je tiens préciser que je ne suis pas un expert dans le domaine, moi non plus, seulement une personne très intéressée par le sujet et qui a passé beaucoup de temps à lire et écouter là-dessus.

    (1): https://publications.aap.org/pediatrics/article/150/2/e2021056082/186992
    (2): https://publications.aap.org/pediatrics/article/150/3/e2022056567/188709/Sex-Assigned-at-Birth-Ratio-Among-Transgender-and

  2. 1) Selon la théorie des genres, le genre serait une construction sociale et n’a rien à voir avec notre sexe. Si c’est vrai pour les cisgenres se doit l’être aussi pour les transgenres, non?
    2) Puisque le genre n’a rien à voir avec notre biologie alors pourquoi donner des bloqueurs de puberté au garçons et de la testostérone aux filles qui s’identifient trans. Laissez leur corps se développer selon sa nature propre puisque leur identité de genre n’a rien à voir avec celui-ci.

    • J’aime beaucoup votre commentaire perspicace avec son petit trait d’humour.

      Evidemment j’ai trouve cet autre article de Monsieur Lisée sur ce sujet toujours aussi intéressant .

    • Je crois pas personne ne dit que le genre n’est qu’une construction sociale. L’existence, depuis toujours, des transgenres infirme en effet cette hypothèse. Les fondements du genre sont sans doute plus complexes que ce qu’on en comprend.

    • Si en effet l’identité de genre et le sexe sont deux aspects différents, les personnes trans peuvent souffrir de la « dysphorie du genre », une condition où la personne ressent de la détresse à cause de l’incongruence entre son identité de genre et son corps. Dans ces cas-là, qui sont assez fréquents chez les personnes trans, la solution reconnue est la transition.

  3. Bravo Monsieur Lisée de votre analyse exhaustive de cette mouvance. Vous devriez maintenant poser votre regard sur l’enseignement de La « Critical Race Theory » abrégée « CRT » signifie littéralement « théorie critique de la race » en français.
    Se basant sur plusieurs livres de référence ;
    1 Pédagogie des opprimé(e)s de Paulo Freire
    2 intersectionality DeKimberlé Williams Crenshaw
    L’intersectionnalité (de l’anglais intersectionality) ou intersectionnalisme est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de stratification, domination ou de discrimination dans une société.
    3 White Fragility de Robin DiAngelo

    Cette théorie critique de la race enseignée a nos enfants à comme premier principe de base et je cite
    “ La théorie critique de la race est un système de croyance fondé sur la croyance que le principe organisateur fondamental de la société est le racisme créé par les Blancs au profit des Blancs.“

    Nous sommes loin de la compassion et l’amour du prochain qui était enseigné par nos jésuites !

  4. Complètement d’accord avec vous, même sice n’est pas toujours le cas. 😊
    Les québécois ont souvent tendance à vouloir être du côté du groupe qui crie le plus fort, et craint les débats. Ce n’est pas votre cas, et pour celà, j’admire votre rigueur. J’espère que les différents exemples et graphiques que vous citez feront leur chemin auprès du comité de « sages » choisis par la ministre.

  5. On n’a pas besoin de preuves, dans ce cas là, pour comprendre le drame qui se joue dans nos écoles et dans le cerveau de nos petits anges.

    La théorie du genre est en œuvre et son projet est de déconstruire une conception millénaire de ce que est l’humanité :

    Un homme + une femme = la progéniture pour perpétuer l’espèce humaine et pour rendre la terre mieux habitable.

    Est-ce si difficile à comprendre?

    J’imagine mal comment nos jeunes peuvent s’en sortir indemnes, si en plus des sempiternelles questions existentielles, (qui suis-je?, pour quels desseins on est sur terre?, Dieu.x?, les religions?, la mort?, après la mort?, la crise climatique?, et que sais-je encore), qui sont le propre de cet âge, ils doivent aussi évoluer dans un monde où, les certitudes d’hier sont démolies, (lui c’est papa, elle c’est maman, lui c’est mon frère, elle c’est ma soeur, lui c’est mon chom, elle c’est ma blonde, lui c’est mon Prof, elle c’est ma maîtresse, lui c’est un homme, elle c’est une femme, les pronoms, il, elle, ils, elles,…) des choses simples quoi?
    Peut on survivre dans un monde où tout est incertitude?

    • C’est encore plus simple que cela. C’est une guerre contre Dieu et toute Sa Création.
      Un génocide en empêchant la nouvelle génération de concevoir et on inclus dans ça l’aide médicale à mourir et l’euthanasie, ce n’est plus Dieu qui décide de ton heure de quitter cette terre.
      Ajouto s à ça tout le narratif du changement climatique qui nous amène à ne plus manger de viande mais plutôt des insectes et à couper les arbres qui nous donne l’oxygène et les enterrer.
      Ces olygarques milliardaires sont dans une secte satanique et déteste la Création de Dieu. Cela e, pique tout ce qui se passe aujourd’hui avec le Forum économique mondial, l’organisation mondiale de la santé et tous les gouvernements qui ont approuvés leurs agendas pour un gouvernement mondial pour contrôler la population. C’est une question d’éliminer 5 milliards sur 8 milliards de population et de faire de ceux qui reste des esclaves puisqu’ils se prennent pour des dieux. Ils jouent tout simplement à dieu qui voit tout sait tout et contrôle tout avec l’identité numérique. Pas compliqué. Que Dieu ai pitié de nous!!!
      Nous avons besoin du BON Dieu plus que jamais mais les blasphèmes de tout le monde le chasse. Il ne viendra pas pour le Québec nous ne l’honnorons plus. Quel drame. Il faut réparer pour tous les blasphèmes et les crimes contre Son Église. On est loin d’être rendu là.

      Marie aux 3 petits bergers de Fatima a dit que nous devions nous convertir, faire le chapelet tous les jours(la meilleure arme contre le communisme) et prier pour que le pape consacre la RUSSIE au Coeur Immaculé de Marie SINON les erreurs du communisme se répandront dans le monde entier. (Nous y sommes.)
      Elle dit aussi que le pape va tarder à consacrer la Russie il sera sur le tard et qu’à la fin, Son Coeur immacule régnera sur le monde entier.
      Convertissons-nous, prions le chapelet quotidiennement, retournons à l’église, réapprenoms notre catéchisme et ne nous laissons pas influencer par les tièdes dans la foi, même malheureusement les prêtres parfois. Réparons pour les offenses commis contre le Coeur Immaculé de Marie et le Sacré coeur de Jésus. ✝️🙏🙏

    • Madame Le May,
      Je vous prierais de garder vos bondieuseries pour vous.

  6. Mais faut-il obliger les écoles à mentionner la transitude des enfants à leurs parents? Il existe tout de même encore des parents qui foutraient leur enfant à la porte.

    • Oui, il faut le mentionner, parce que la « transitude » est, en soi, de la maltraitance grave d’enfant… Les théories du genre n’ont aucun fondement scientifique et font un tort énorme, parfois criminel, à qui l’on a convaincu de partager ces fantasmes.

    • Monsieur Laffitte, la transitude arrive d’on ne sait où. En tout cas pas d’une contamination sociale. Refuser de reconnaitre la transitude d’un enfant peut amener son suicide. C’est ce que vous désirez?

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