Libéraux fédéraux au Québec: Une espèce à protéger?

7%

C’est la proportion de francophones qui auraient voté pour les Libéraux de Michael Ignatieff si l’élection avait eu lieu la semaine dernière.

Remarquez: c’est après répartition des indécis.  (Bloc 44, NPD et Conservateurs 21%) Jean Chrétien avait fait mieux. Même Stéphane Dion avait fait mieux. Comment expliquer cette hécatombe?

La « marque de commerce » libérale fédérale ne s’est évidemment jamais remise du rapatriement de la constitution contre le voeu québécois en 1982; jamais remise de l’opposition de Jean Chrétien à l’accord du lac Meech en 1990; jamais remise du scandale des commandites en 2005.

Il y a probablement contagion, aussi: le mécontentement des Québécois face aux libéraux provinciaux de Jean Charest doit tirer vers le bas leur affection pour tout ce qui est libéral.

La défection de Denis Coderre envers Ignatieff, accusé d’être trop influencé par ses conseillers de Toronto, n’a pas aidé non plus, tellement elle fut médiatisée.

Bref, les raisons ne manquent pas. Pourrait-il y en avoir une autre?

C’est ce que pense le chroniqueur Vincent Marissal, ce matin dans La Presse:

Comment expliquer cette descente aux enfers? Il y a eu, c’est vrai, ces publicités du Parti conservateur extrêmemnt dures contre le chef libéral. […]  l’offensive conservatrice n’explique pas tout.

On voit clairement un transfert des intentions de vote du Parti libéral vers le NPD. Or Jack Layton n’a pas lancé de campagne publicitaire anti-Ignatieff au Québec. Il n’est même pas venu parler du chef libéral.

Même chose pour Gilles Duceppe, de loin le politicien fédéral le plus populaire au Québec (peut-être bien le politicien tout court, d’ailleurs). Quand avez-vous entendu le chef du Bloc s’en prendre spécifiquement à Michael Ignatieff?

Conlusion:  Michael Ignatieff plante tout seul et il tire son parti vers le bas.

Ma collègue blogueuse Chantal Hébert — dont je salue le retour dans les pages de lactualite.com — affirme dans sa chronique d’aujourd’hui du Toronto Star que les Libéraux entament la « campagne la plus risquée de leur histoire moderne ».

Pire, elle compare leurs difficultés à ceux qui décimèrent le Parti conservateur lors de l’élection fédérale de 1993, réduisant le parti à deux sièges seulement.

Les conservateurs de Kim Campbell sont entrés dans l’élection de 1993 en bien meilleure posture dans les sondages et avec un chef plus populaire qu’Ignatieff et… ils se sont retrouvés avec deux sièges.

Ce contenu a été publié dans campagne 2011, Parti libéral du Canada par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !