Lire: Le parcours singulier de Mme B.

Denise Bombardier nous emporte dans un récit qui est à la fois très personnel et très collectif. Comme elle l’avait fait dans son tout premier ouvrage Une enfance à l’eau bénite, elle nous plonge dans une famille qui la forge, la pousse et la repousse. S’y ajoute ici la suite, d’abord avec sa mère qui reste une présence tout du long. Mme B.  nous laisse aussi entrer dans son éveil sentimental et sexuel, puis dans son parcours amoureux avec les hommes de sa vie. C’est fait avec vérité et tact.

Les attouchements qu’elle a subie, jeune actrice, aux mains d’un réalisateur de Radio-Canada donne une assise au combat qu’elle mènera plus tard contre les pédophiles. Sa salutaire et courageuse sortie, sur le plateau d’Apostrophe en 1990, contre l’auteur Gabriel Matzneff praticien et apologiste de la pédophilie, a fait date et suscité une énorme controverse la présentant, elle, comme coupable d’intolérance. Elle raconte comment le président Mitterrand lui donna rendez-vous à l’Élysée, révéla à la presse la tenue de la rencontre, simplement pour signaler que, dans ce débat, il votait Bombardier. Savoureux.

Une femme forte à l’antenne

La journaliste ne cache pas qu’elle a fait ses premières armes au Rassemblement pour l’Indépendance Nationale lorsqu’elle était étudiante mais, refusant tout embrigadement, elle a préféré la distance critique que permet le journalisme et a entamé une longue carrière radiocanadienne qui en fera l’intervieweuse par excellence de sa génération.

Tenue à la neutralité elle brouille les pistes. Vote-t-elle oui ou non ? Son public semble l’ignorer à l’époque, mais ses lecteurs d’aujourd’hui sont éclairés lorsqu’elle parle de « la défaite du 20 mai » 1980.

Animatrice de l’émission hebdomadaire Noir sur blanc. Incontournable.

Première femme à tenir une émission politique hebdomadaire, Noir sur Blanc qu’elle animait était pour moi et pour toute ma famille (et pour tous les Québécois politisés) un rendez-vous indispensable de notre conversation collective.

Dans ces années charnières, elle fut une des femmes de tête qui, à la télévision, avec Lise Payette, ont démontré que le cran, la compétence, l’ambition se conjuguait aussi au féminin. Ne serait-ce que pour cela, le Québec lui devrait déjà beaucoup.

Mais elle est davantage. Son affection pour la France, qu’elle revendique pour elle-même et pour les Québécois comme la terre de nos racines et de notre culture, a fait d’elle une passeuse d’idées, de talents et de savoirs français grâce à mille entrevues réalisées au cours des décennies. Il faut y ajouter son féroce attachement à la langue française.

Devenue avec le temps commentatrice, voire polémiste, Denise Bombardier peut jeter sur son parcours un regard serein et satisfait. Elle est un personnage du Québec moderne, un de ses artisans. Je regrette qu’elle n’ait pas accepté l’offre de Jacques Parizeau de devenir ministre de la culture et de la langue au début de 1995. Elle aurait pu ajouter des chapitres hauts en couleur à son livre, qui n’en manque pas.

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !

4 avis sur « Lire: Le parcours singulier de Mme B. »

  1. J’ai beaucoup apprécié la lecture de votre plus récent livre, de même que celui sur votre  » enfance à l’eau bénite ». Merci!

  2. Sa dédicace dans ma copie de son livre fut : «Pour Paul. Ces mémoires écrites avec le coeur et la raison. Bien cordialement, D. Bombardier.». Je me suis permis de lui dire qu’elle est une femme importante au Québec. (Une évidence, bien entendu!). Que demander de plus qu’une lecture émanant du coeur et passant par l’intellect. Le Tout.

  3. J’ai rencontré Mme Denise Bombardier au Salon du livre de l’Outaouais. Elle m’a affectueusement dédicacée ma copie de son livre dont j’ai débuté la lecture. (Son père ne l’aimait pas! quelle tristesse!) Je suis âgé de 61 ans et je ne peux m’empêcher de comparer le contexte familial dont elle est issue avec le mien, modeste financièrement mais combien riche intellectuellement et culturellement! Mais je me rends compte que je fus aimé des mes parents!

  4. Mme Bombardier, NE nous lãchez pas. Toujours hãte de vous écouter et de vous lire. .

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