Notre dette est brute, mais moins brutale qu’ailleurs

tobinNous interrompons (comme chaque vendredi) le lancinant commentaire anti-modèle québécois des plumes économiques locales pour vous transmettre ce bref message d’intérêt public.

Le taux d’endettement du Québec est, on le sait, préoccupant. La pire des mesures possibles pour en faire état est la « dette brute » (qui fait comme si nous n’avons aucun actif, comme Hydro Québec).

Le budget québécois déposé ce jeudi offre une comparaison de l’évolution de la dette brute chez nos principaux partenaires.

Ailleurs, le budget estime notre propre dette brute. Pour rendre service au ministre, j’ai réuni ces deux informations dans un même graphique, que voici:

dettebrute1

Pas exactement le pire… (Cliquez pour agrandir)

Il convient d’ajouter à la dette du Québec sa portion de dette fédérale — un calcul que les Finances n’ont pas refait pour 2010. Mais les différentes évaluations pour 2008 plaçaient la dette brute québécoise entre 80 et 95% du PIB (selon que l’on exagère, ou non, la part de la dette canadienne à prendre en compte) ce qui nous mettrait, en 2011, entre la Zone Euro et les États-Unis. Donc en très bonne compagnie.

On nous répète à satiété que le « Québec fonce dans le mur » avec son endettement. C’est possible. Mais à voir la vitesse avec laquelle nos partenaires accélèrent leur endettement, m’est avis que lorsque nous arriverons sur le mur, on y trouvera d’abord les corps de plusieurs autres pays, ce qui amortira peut-être le choc.

Mais trêve de facéties, voici comment le budget compare aussi la lutte au déficit entre nous, l’Ontario et le Canada:

déficits

Ne manquez pas le Québec: c’est le petit, en noir. (Cliquez pour agrandir)

Les Finances n’ont pas osé mettre sur le même graphique le déficit américain, que voici:

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Un peu affolant… (Cliquez pour agrandir)

Les Finances ont aussi mis le déficit québécois en perspective avec les autres nations industrialisées:

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Avec les Suédois, parmi les premiers de classe. (Cliquez pour agrandir)

Résumons-nous: la dette du Québec est la plus élevée des provinces canadiennes, mais, même la brute est loin d’être la plus élevée parmi les pays industrialisés.

Nous avons raison d’être parmi les premiers de classe au monde dans la réduction de notre déficit, pour ainsi pouvoir mieux réduire notre dette. Autrement dit, nous sommes parmi les champions mondiaux du freinage de l’endettement (hors investissements en infrastructure, ce qui est de la « bonne » dette).

Est-ce que quelqu’un, quelque part, pourrait applaudir ?

(Source: le plan budgétaire du budget Bachand (pdf))

Nous retournons maintenant à notre programme régulier.

Note en petits caractères :

Les billets « Temps durs pour les détracteurs du modèle québécois » ne prétendent pas que tout est parfait au Québec, tant s’en faut. L’auteur a d’ailleurs proposé, dans ses ouvrages et sur ce blogue, des réformes nombreuses et importantes visant à surmonter plusieurs des importants défis auxquels le Québec est confronté. Cependant, la série permet de percer quelques trous dans le discours ambiant qui tend à noircir la situation globale du Québec qui, pourtant, affiche d’assez bons résultats comparativement aux autres sociétés semblables.
Ce contenu a été publié dans Dette, Temps dur pour les détracteurs du modèle québécois par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !