Nous interrompons, comme chaque vendredi, le lancinant commentaire anti-modèle québécois des plumes locales pour vous transmettre ce bref message d’intérêt public.
D’une semaine à l’autre, on aborde ici une facette de la mosaïque de ce qui constitue une société. Cette semaine, on regarde l’ensemble de l’oeuvre.
Car on a une réponse fraîche à la seule question qui compte: sommes nous heureux ? Et, si oui, peut-on comparer notre bonheur à celui de nos voisins?
C’est le Center for the Study of Living Standards, d’Ottawa, qui a publié ce mardi, en anglais seulement, une volumineuse étude, fondée sur 70000 entrevues de Canadiens réalisées par Statistique Canada, sur les déterminants du bonheur et l’état de satisfaction comparé des Canadiens.
On a beaucoup dit, depuis hier, que la ville de Sherbrooke était la plus « heureuse » au pays. J’y reviens.
L’étude offre d’autres comparaisons. Celle-ci, linguistique, est intéressante:
Étonnant ! (Cliquez pour agrandir)
L’étude offre aussi deux palmarès provinciaux. Dans les deux cas, le Québec est au dessus de la moyenne canadienne et l’Ontario (la province économiquement la plus comparable au Québec) est en dernière place. Je choisis ce palmarès-ci, car il prend en compte la totalité des réponses sur l’auto-satisfaction (et non seulement les très satisfaits):
Pauvres Ontariens ! (Cliquez pour agrandir)
Puis, ce dont on parle dans les médias québécois: la place de Sherbrooke en haut de peloton. Mais remarquez que les villes québécoises occupent trois des quatre premières places et quatre des huit premières. On est manifestement mois heureux dans les métropoles, mais Montréal est loin devant ses deux rivales, Vancouver et Toronto.
Pauvres Torontois! (Cliquez pour agrandir)
Ce tableau recèle sans doute la raison de mon irréfragable optimisme: bien qu’ayant grandi à Thetford Mines et ayant vécu le plus longtemps à Montréal, je suis né à Sherbrooke, la ville du bonheur !
L’étude du CSLS est essentiellement fondée sur les réponses données par les citoyens quant à la satisfaction qu’ils ressentent face à leur propre vie. Utilisant cette réponse comme étalon, le Centre a utilisé les réponses aux autres questions (santé, revenus, etc) pour découvrir lesquelles de ces variables ont le plus d’impact sur l’auto-satisfaction.
Principales trouvailles:
– Se considérer en bonne santé mentale est une variable majeure. En fait, si on ne se sent pas en bonne santé mentale, il faut augmenter son revenu de 309% pour atteindre un niveau équivalent de satisfaction dans sa vie ! Or les Québécois se sentent en meilleure santé mentale que la moyenne.
– Se considérer en bonne santé physique est ensuite un ressort important. Sinon, il faut augmenter son revenu de 157% pour atteindre le même niveau de satisfaction. (Les Québécois se sentent plus en santé que la moyenne)
– Le stress et un facteur qui déprime la perception de bien-être (et la réalité). Être stressé, ce qui est plus présent dans les grandes villes, a l’équivalent économique de vous réduire votre revenu de manière significative. (Les Québécois sont plus stressés que la moyenne.)
Finalement, si les francophones, les Québécois, et les Sherbrookois vivent dans un bonheur relatif face à leurs voisins canadiens, qu’en est-il dans le palmarès international?
(Attention lecteurs libertariens, cramponnez-vous:) L’étude montre que les pays où les gens sont les plus heureux sont les pays scandinaves, mais devancés par le Costa-Rica, pays dont la présidente est officiellement socialiste ! Il y a bien l’Irlande (mais c’était avant les coupures de budget annoncées cette semaine). Suit, le Canada (donc le Québec devrait se trouver avant le Canada car il dépasse la moyenne), puis les États-Unis.
Pas exactement le palmarès du bonheur pour les pays de droite! (cliquez pour agrandir)
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