Ce vendredi, la Première ministre a mis la table pour un développement économique et environnemental majeur pour le Québec et pour la métropole: la Stratégie d’électrification des transports. Réagissant à l’annonce, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a tout compris:
« La stratégie présentée aujourd’hui fait le pari que nous pouvons consolider cette expertise dans un secteur connexe, porteur pour l’avenir et susceptible d’offrir à nos entrepreneurs de formidables occasions d’affaires », a déclaré Michel Leblanc, président de la chambre. « La mise en œuvre de la stratégie pourrait renforcer le positionnement de la métropole comme plateforme de développement et de commercialisation. Nous disposons d’atouts considérables pour être au cœur de cette stratégie.»
De quoi s’agit-il, précisément ? Voici les grandes lignes touchant la métropole:
La politique d’électrification des transports vise à faire du Québec un leader mondial en électrification des transports, de contribuer au développement économique du Québec, de réduire l’émission de gaz à effet de serre et de tendre vers l’indépendance énergétique. De plus, l’utilisation des surplus d’électricité propre du Québec permettront de réduire l’importation de pétrole et d’améliorer notre balance économique, entre autres avantages.
Bien qu’elle soit d’envergure nationale, la stratégie touche directement les transports (individuels et collectifs), le savoir-faire, la filière industrielle et l’image de la région métropolitaine.
Mesures particulières pour la région métropolitaine
L’augmentation de l’offre de transports collectifs électrifiés passera par la poursuite de grands projets déjà annoncés, notamment l’installation d’un système léger sur rail sur le nouveau pont Champlain et le prolongement du métro de Montréal, en plus de nouveaux projets dont l’électrification de l’axe Saint-Michel.
Des projets de démonstration en transport collectif s’ajoutent à ces efforts, permettant une amélioration significative de la mobilité des personnes, sans pollution et avec moins de bruit.
Montréal, cité de l’électromobilité
Le gouvernement désire notamment faire de Montréal une vitrine de démonstration pour les technologies associées à l’électromobilité. Ceci permettrait de confirmer le statut de Montréal comme ville internationale de premier plan pour le déploiement de solutions innovantes en matière d’électrification des transports. La Société de transport de Montréal et l’Agence métropolitaine de transport seront des partenaires privilégiés pour l’atteinte de cet objectif.
Un projet pilote : des bornes de recharge sur l’autoroute 40
Comme premier élément de développement du Circuit électrique, le gouvernement annonce la mise en œuvre d’un projet pilote de déploiement d’un réseau de bornes de recharge dans les aires de service situées sur l’autoroute 40 et dans les villages-relais situés sur la route 138 entre Montréal et Québec, afin de créer un premier corridor routier électrique interurbain au Québec. L’implantation de bornes de recharge sur cet axe sera complétée d’ici l’été 2014.
Le branchement à quai des navires de croisières
Le gouvernement innove en soutenant l’implantation dans les ports de Montréal et de Québec d’équipements de branchement électrique permettant aux navires de croisières, en situation d’escale ou de destination, d’utiliser de l’électricité au lieu de brûler du mazout pour produire l’énergie requise à bord.
L’aide financière aux taxis
Afin de tenir compte des obstacles supplémentaires que rencontre la pénétration des véhicules électriques dans le parc de taxis, la Stratégie d’électrification des transports prévoit une bonification de l’aide financière pour les voitures taxis.
Ainsi, l’industrie du taxi bénéficiera d’aides financières à l’achat de véhicules électriques qui s’établissent, pour la première année, à :
— 20 000 $ à l’achat d’un véhicule tout électrique jusqu’à un maximum de 50 véhicules;
— 12 000 $ à l’achat d’un véhicule hybride rechargeable jusqu’à un maximum de 275 véhicules.
Ces rabais seront ensuite réduits annuellement de 2 000 $ par année.
En ce qui concerne les véhicules hybrides conventionnels, ils peuvent représenter un premier pas à court terme puisqu’ils font face à un minimum de contraintes. Ainsi, un accroissement rapide de leur nombre dans le parc de taxis serait souhaitable. Pour l’encourager, un rabais bonifié pour ces véhicules sera également offert, soit :
— 3 000 $ à l’achat d’un véhicule hybride (maximum de 200 unités pour la durée de la mesure).
L’infrastructure de recharge pour les taxis
Une mesure supplémentaire favorisant l’installation de bornes de recharge dédiées aux taxis sera mise en place et définie avec les partenaires du milieu.
— Le gouvernement offrira un rabais représentant 75 % des coûts d’acquisition et d’installation de 125 bornes de recharge pour taxis à 240 V, jusqu’à concurrence de 5 000 $ l’unité.
— Le gouvernement, de concert avec Hydro-Québec et l’industrie du taxi, verra au déploiement de bornes de recharge rapide (400 V). Il assumera la majorité des coûts. La localisation des bornes rapides sera maximisée en fonction des besoins de l’industrie.
Le gouvernement conviendra avec l’industrie du taxi, des mesures d’accompagnement des chauffeurs et de l’utilisation des taxis tout électriques, en vue d’assurer le succès de leur implantation.
Mobiliser tous les acteurs de la filière électrique pour développer les solutions du transport de demain
La première ministre a déjà annoncé la tenue à Montréal de l’Electric Vehicle Symposium (EVS29) en juin 2016. Il s’agira d’une occasion exceptionnelle d’échanger sur les avancées et enjeux technologiques de la mobilité électrique.
Quelques industriels québécois d’importance identifiés dans la stratégie d’électrification des transports et situés sur le territoire de la région métropolitaine :
– Bathium Canada
– Bombardier Transport
– GIRO
– LTS Marine
– TM4, filiale d’Hydro-Québec
– Varitron Technologies
Avec l’appui de Sous-Traitance Industrielle Québec, des actions seront engagées pour adapter l’offre des PME ciblées aux besoins des grands donneurs d’ordres privés et publics, à l’exemple de l’initiative MACH de la grappe industrielle Aéro Montréal.
Missions commerciales
Dans la réalisation de ces missions, le Ministère des relations internationales et du Commerce extérieur s’associera à ses partenaires dont le ministère des Finances et de l’Économie, Investissement Québec, le Pôle d’excellence québécois en transport terrestre, la Société de transport de Montréal et Hydro-Québec.
Permettre l’accès des véhicules électriques à certaines voies réservées
Pour accélérer la transition automobiles vers les modèles électriques, l’aide à l’achat est un incitatif, l’accès privilégié aux voies réservées en est un autre, qui offre aux automobilistes un avantage inestimable: du temps gagné sur chaque trajet.
Pour tester cette idée, quelques axes ont été identifiés, principalement dans la grande région de Montréal et de Québec, soit :
— l’autoroute 15 Nord sur 7,5 km;
— l’autoroute 25 Nord sur 2,7 km;
— l’autoroute 25 Sud sur 3 km;
Le programme « Branché au travail »
Afin d’encourager les employeurs à participer à l’électrification des transports, le gouvernement annonce la mise en œuvre du programme Branché au travail, un programme d’incitatif à l’achat de bornes de recharge en milieu de travail finançant 75 % de leur coût, jusqu’à un maximum de 5 000 $.
La recharge devra être offerte gratuitement aux employés pour une période d’au moins trois ans. Les bornes pourront être de niveau 1 (120 V) ou de niveau 2 (240 V).
Le but est d’installer 3 500 bornes sur les lieux de travail d’ici trois ans.
Mettre en place le Secrétariat à l’électrification des transports
Afin de s’assurer du succès de la mise en œuvre de la Stratégie d’électrification des transports, le gouvernement créera le Secrétariat à l’électrification des transports.
Le Secrétariat à l’électrification des transports conseillera le gouvernement en matière d’électrification des transports et coordonnera l’ensemble des actions engagées dans le cadre de la Stratégie d’électrification des transports.
Placé sous la responsabilité directe de la première ministre, ce secrétariat sera plus précisément responsable de :
— la vision du Québec et des activités de veille en matière d’électrification;
— la coordination des actions gouvernementales liées à l’électrification des transports et plus largement à tout ce qui se rapporte à l’électromobilité;
— la concrétisation des différentes initiatives stratégiques tant au sein de l’appareil gouvernemental qu’en collaboration avec les entreprises et institutions concernées.
Le Secrétariat à la région métropolitaine du ministre de la Métropole a participé à l’élaboration de la stratégie d’électrification et sera associé à son déploiement et aux prochaines étapes de sa conception et de sa réalisation.
Toutes ces mesures et la volonté de favoriser de plus en plus le transport basé sur l’énergie électrique sont très louables et encourageants. Espérons que le développement du marché des véhicules privés électriques en fera baisser le prix.
Car ils sont encore très peu accessibles, allant de 40,000 $ à près de 100,000 $ !
Toutefois, pour les transports collectifs, il faudrait sérieusement penser au système de monorail de « TrensQuébec » ( http://www.trensquebec.qc.ca ) développé par le groupe de Monsieur Pierre Couture et basé sur le moteur-roue électrique.
Ce mode de transport totalement électrique serait idéal à intégrer au futur projet du pont Champlain et pour tous les grands axes de transport au Québec.
A quand l’électrification des véhicules utilitaires dans les villes? C’est frustrant de voir que cela existe à Paris et pas ici.
Intéressant,
toutefois je suis un peu étonné d’entendre parler de « »trolleybus » » un moyen de transport qui me semble désuet et encombrant,
Il me semble que l’on passe de plus en plus vers le « biberonnage » » pour les autobus électrique, à savoir que le bus à tous les 20 , 30 arrêts (ou plus, tout dépend), le bus fait le plein d’énergie électrique (biberonnage-ou haute densité de recharge).
Je pense que Bombardier-Transport entre autres développe cette technique et l’a testé dans la ville de Mannheim à l’été 2013. (il appelle cette technologie, le PRIMOVE) voici le lien sur le site de Bombardier-Transport
http://www.bombardier.com/fr/transport/produits-et-services/solutions-technologiques/solutions-de-mobilite-electrique.html
(voir Pierre Couture sur cette question du biberonnage)
Très réjouissant tout ça.
Un bémol cependant. Les voies réservées pour les automobiles électriques. Il faudrait que leurs prix soient devenus plus abordables. Malgré l’aide à l’achat, ces véhicules sont, pour l’instant, pas mal plus onéreux. J’imagine déjà la grogne compte tenu des embouteillages récurrents, entre autres, sur l’autoroute 15, si on se retrouve avec une voie réservée pour les mieux nantis…
Pourrait-on être informé à propos de –Trans-Pacific Strategic Economic Partnership–, sujet inquiétant traité le 3 novembre 2013 à PBS chez Moyers& Co ?
Merci.
Encore une fois, Bravo à vous!
Il s’agit là d’un pôle de développement et de croissance qui conviens particulièrement bien au Contexte Québécois.
Dans ce contexte, ce plan d’action ne devrait-il pas être l’occasion pour le ministre des relations internationales d’intensifier ses efforts en vu d’accroître le nombre d’accords de coopération scientifiques de même que le nombre de partenariats industriels dans cette filière et ce, particuliairement avec les entreprises de Norvège, de Suède et de Finlande. N’oublions pas que Chacun de ces pays partagent une même réalité climatique et des préoccupations économique et écologique assez semblable aux nôtres.
De façon un peu plus prosaïque, il semble bien que le temps de recharge actuel des batteries ainsi que le mode de stockage de l’énergie reste encore une préoccupation technologique et commerciale assez importante. Dans ce contexte, pareil effort de mobilisation apparaît très louable mais le stade d’évolution des connaissances acquises permet-il réellement de savoir si les retombées économiques d’un tel investissement public vont contribuer à réduire l’ampleur du déficit énergétique de notre balance commerciale!
Soulignons aussi qu’en matière de transport en commun, l’expo universelle de Pékin a proposée une approche différente du trolleybus conventionnel, soit un bus urbain à batterie rechargeable par le toit lors de chacun des arrêts tout au long de son circuit. En d’autres mots, chacun des abris bus devient une borne de recharge automatique ce qui exclus la présence d’un réseau aérien de trolly et de caténaires au dessus des rues. Mais, cette solution est-elle pour l’instant bien maîtrisée?
Et pourquoi Hydro Québec ne reprend pas la recherche sur le moteur-roue de Pierre Couture?
L’électricité notre or noir à nous, plutôt bleu que noir, ce que je préfère, par l’électrification fera pour le Québec ce que la mer a fait pour Dubaï et ce que le commerce de l’olive a fait pour Athène lorsque Solon a fondé la démocratie de tous pour le plus grand nombre. Ce que nous devons faire également selon Hervé Kempf si nous voulons traverser les turbulences économiques environnementales qui approchent rapidement. Félicitations au PQ pour sa clairvoyance!
Enfin!
Il était minuit moins une! Grand temps que nos gouvernements agissent.
Assez de privilégier les minounes gobe-essence, Il faudra aussi, vite s’attaquer aux solitaires de l’aller-retour vers les banlieues dortoir et encourager le transport communautaire et les véhicules plus légers. Notre terre exsangue exige beaucoup plus et vite!
Merci politiciens de travailler ensembles sans partisannerie sur ces dossiers
C’est une belle initiative ,un gouvernement visionnaire pour notre futur pays. Il faudra que les scientifiques innovent afin de trouver une technologie qui permette de charger la batterie rapidement et obtenir une plus grande autonomie.