Sanctions contre l’Iran: viser juste, juste le pouvoir !

2215643-jpeg_preview_mediumC’est toujours le même problème. Pour punir l’Iran de vouloir se nucléariser, et maintenant de réprimer son opposition, le Conseil de sécurité s’apprête à voter des sanctions.

Mais lesquelles ? Des sanctions économiques peuvent avoir un impact majeur sur le niveau de vie des populations, alors punies deux fois: par le pouvoir local et par le pouvoir international.

Dans une entrevue publiée aujourd’hui sur le site Tribune des droits humains, l’avocate iranienne, prix Nobel de la paix en 2003, Shirin Ebadi, offre des conseils forts pertinents pour viser juste: juste le pouvoir. Extrait:

Que pensez-vous de sanctions économiques ?

Nous sommes opposés aux attaques militaire ou aux sanctions économiques qui ne feraient du tort qu’au peuple. Le pouvoir iranien peut contourner les sanctions économiques avec l’aide de la Chine ou de la Russie. Cependant, je vous demande de ne pas livrer à Téhéran des armes ou du matériel pouvant servir à la répression des opposants.

Il y a aussi d’autres moyens de faire pression : cesser par exemple toute livraison de matériel informatique et de communication. Par exemple, Nokia et Siemens ont fourni au gouvernement des logiciels qui permettaient de surveiller les conversations téléphoniques, les SMS, etc. Des gens ont été arrêtés grâce à ces logiciels.

Les autorités ont aussi paralysé Internet, elles ont brouillé les émissions radio et télévision venant de l’extérieur. On pourrait faire la même chose et empêcher le gouvernement iranien de diffuser ses propres programmes en langue étrangère en brouillant les réseaux officiels. Nous encourageons aussi les sanctions politiques.

Qu’entendez-vous par sanctions politiques ?

Sans rompre les relations avec l’Iran, les délégations peuvent rappeler les ambassadeurs de Téhéran et laisser des chargés diplomatiques de moindre niveau. C’est une manière de montrer que les droits de l’homme doivent être respectés.

Par ailleurs, les hauts diplomates, lorsqu’ils viennent en visite en Iran, doivent aussi rendre visite aux familles des prisonniers, aux militants, aux journalistes indépendants.

Mais pour l’instant, les étudiants, journalistes, militants ne reçoivent plus de visas pour étudier à l’étranger ou participer à des colloques internationaux. Les mêmes pays qui refusent des visas à nos citoyens en donnent au moindre fonctionnaire iranien qui en demande.

Vous, en Occident, vous voulez punir notre peuple ou notre gouvernement ? Il faut être clair. C’est cela que j’entends par sanction politique. Sans oublier que l’argent que gagne le gouvernement avec la corruption se trouve dans vos banques en Occident.