C’est une grande tradition française. De Gaulle emmerdait Lyndon Johnson sur l’OTAN et le Viêt Nam. Mitterrand emmerdait Ronald Reagan sur les rapports Est-Ouest. Chirac emmerdait Georges W. Bush sur l’Irak. Maintenant, Sarkozy emmerde Obama sur le climat.
«Tu m’emmerdes !» «Qui, moi ?» (Photo, mais pas dialogue, Elysee)
«Quand on est un leader, on est pas un suiveur!» a-t-il déclaré hier (mardi) à l’adresse du président américain, avec le ton et le vocabulaire franc et direct qui lui valent tant d’amis. «Lorsqu’on est le premier pays du monde» a-t-il ajouté, cela impose «des contraintes». Et, tournant le fer dans la plaie, lui qui venait d’annoncer une aide écologique à l’Afrique, il appelle le fils d’africain qu’est le président actuel à démontrer qu’il veut vraiment, lui aussi, aider l’Afrique.
Que vaut la politique française d’emmerdement ? C’est la politique du porc-épic. À force de se faire piquer, on finit par faire attention, contourner, ou donner le morceau demandé par la bête. Bref, il arrive assez souvent que cela ait un impact sur la décision. Les Français ont ainsi parfois rendu service au monde en se rendant si abrasif auprès de la Maison Blanche. Vous me direz, ils n’ont même pas à le faire exprès, ce rôle leur va à ravir. N’empêche.
En l’espèce (non, ce n’est pas une insulte) Sarkozy a déjà fait honte à Obama qui n’avait pas, à l’origine, l’intention de se rendre à Copenhague pendant la phase finale, soulignant que son absence équivaudrait à un manque de respect aux dizaines de chefs d’État qui y seraient. Obama s’est ravisé. Auparavant encore, Sarkozy avait menacé de quitter la réunion du G20 de Londres si les Américains refusaient de bouger sur des réformes financières pourtant mineures.
Il faut voir le reportage de France 2 de mardi pour prendre la mesure de l’irritant ambulant que Sarkozy est devenu pour Obama:
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Les relations ne sont déjà pas très bonnes. Toutes les caméras seront braquées sur le prochain échange Obama/Sarkozy. Vont-ils se serrer la main, ou se gifler ? On s’en fiche (en fait, non, on a très hâte de voir). Mais l’important est l’impact sur la négociation finale. Ces négos se font rarement dans la bonne humeur générale. Sarko a l’inclination, le cran, (l’inconscience, la jalousie?) voulue pour dire son fait au plus populaire des présidents américains ? Ce sera productif ou contreproductif ? Difficile à dire. Mais je préfère qu’il y ait un emmerdeur dans la pièce, juste au cas où ça aiderait…