Fêtes nationales parallèles

La théorie des univers multiples stipule que, chaque fois qu’un choix s’offre à nous, apparaissent des mondes où on a choisi chacune des options possibles. Cette chronique vous provient donc à la fois de notre univers et de celui où le Québec a voté Oui en octobre 1995, a déclaré son indépendance le 24 juin 1997 et célèbre, samedi, sa 25e fête de l’Indépendance nationale.

Les combats d’outre-tombe de Frédéric

Il nous a quittés cette semaine, fauché à 53 ans par une foudroyante crise cardiaque. Frédéric Bastien n’a pourtant pas dit son dernier mot. Historien, auteur, professeur, militant indépendantiste, il avait développé un talent indispensable en démocratie : emmerder les puissants. Surtout ceux qui se croient intouchables.

À quelle heure l’indépendance?

Daniel Johnson, le père, premier ministre de l’Union nationale, aimait dire que « chaque Québécois est séparatiste au moins une heure par jour ». Lise Bissonnette, du Devoir, demanda 30 ans plus tard à Daniel Johnson, le fils, chef du Parti libéral du Québec, si papa n’avait pas un peu raison. Ultrafédéraliste, l’homme était ainsi projeté loin à l’extérieur de sa zone de confort. Mais un mélange de loyauté filiale et de lucidité politique le contraint à dire qu’en effet, il existait une fibre, peut-être. On pouvait compter sur lui pour ne pas tirer dessus.

Nègres blancs d’Amérique 55 ans après

L’auteur était le plus souvent debout. En l’absence de chaise ou de table, il écrivait penché sur le lit superposé du haut. Il n’avait pas de stylo, c’était interdit. Il usait ses bouts de crayon à mine, sans rien avoir pour les aiguiser. En haut de chaque page subtilisée à la cantine, il écrivait, en anglais, « Notes for my lawyer », seule façon d’avoir le droit de mettre quoi que ce soit sur papier. Il ne savait pas d’où venait sa soudaine fluidité d’écriture. D’autant qu’il sortait d’une grève de la faim d’un mois qui lui avait soustrait 25 kilos. Il pouvait écrire de jour comme de nuit, l’ampoule ne s’éteignait jamais.