Le Québec en Inde: La 2ème vague

Le Madhya Pradesh

Le Madhya Pradesh

Ayant établi en six ans une solide tête de pont dans la métropole indienne Mumbai, nous avons décidé de franchir un nouveau pas en montrant notre intérêt pour l’État central de l’Inde, le Madhya Pradesh, 72 millions d’habitants, taux de croissance de 12% l’an dernier, lieu de passage du futur Corridor industriel Delhi-Mumbai.

Il faut se relever les manches et tout expliquer. Recommencer à zéro. Nous sommes là pour ça. Mais dans la voiture qui nous conduit du nouvel aéroport de Bhopal vers un hôtel en expansion, on apprend que le sous-ministre chargé de l’énergie renouvelable demande une rencontre urgente, car il vient d’être informé de notre présence et il doit quitter le soir même pour un déplacement.« Nous connaissons l’excellente réputation du Québec en énergie verte », me dit-il.Ah bon ?

C’est un dynamique haut fonctionnaire, dans la quarantaine. Il se présente avec quatre de ses adjoints. Il est pressé de nous expliquer qu’il a le mandat de développer l’énergie solaire, les petites centrales, les éoliennes, la biomasse. Cela tombe bien, nous avons dans nos bagages Denis Leclerc, qui dirige la grappe Écotech Québec, qiu regroupe 500 entreprises québécoises spécialisées dans le domaine.

Il est vrai que, trois mois plus tôt, une délégation d’affaires québécoise avait participé au Global Investors Summit à Bhopal, et avait signé quelques ententes. En sciences de la vie, Diagnos a montré son savoir-faire en matière de dépistage de diabète – un problème majeur en Inde. A quelque mois d’avis, l’entreprise québécoise testera plus de 100 000 citoyens de l’État cette année.

Nous utilisons cet exemple comme illustrant notre capacité de livrer rapidement la marchandise.

Le Québec est « le partenaire stratégique du Madhya Pradesh en Amérique du Nord », affirme, comme si cela allait de soi, le ministre des Ressources en eau et de l’Environnement de l’État, devant des gens d’affaires de son État réunis pour l’occasion.

Son texte était préparé à l’avance, il n’est donc pas tombé sous le charme de notre présentation et de notre conversation. Mais il devait ne faire qu’une brève apparition. Il reste longuement, mange avec nous et avec des représentants de nos entreprises, qui l’interrogent sur les ponts, les métros, les routes qu’il s’apprête à construire

Denis Leclerc, président de la grappe d'entreprises québécoises Écotech avec le ministre de l'Environnement, des Ressources en eau et du logement du Madhya Pradesh, M. Jayant Malaiya.

Denis Leclerc, président de la grappe d’entreprises québécoises Écotech avec le ministre de l’Environnement, des Ressources en eau et du logement du Madhya Pradesh, M. Jayant Malaiya.

Le représentant de SNC-Lavalin est particulièrement intéressé, la compagnie ayant acquis une société d’ingénierie indienne et ayant ouvert en Inde un bureau de sa filiale de financement de projets. Sa réputation semble intacte, les quotidiens financiers indiens ne s’étant pas intéressés à ses déboires récents. (Et le représentant local nous parle des directives strictes anti-enveloppes-brunes reçues du siège depuis l’explosion du scandale.)

À Mumbai, Élaine Zakaïb et moi avons d’ailleurs rencontré le responsable de l’unité anti-corruption de la métropole. C’est nous qui lui avons appris que le Québec menait en ce moment une grande offensive contre la corruption dans les travaux publics. Cela l’a surpris, il tenait pour acquis que nous étions blancs comme neige.

Le ministre des Finances, de la Planification, de l’Économie
et des Statistiques du Madhya Pradesh, qui nous reçoit à sa résidence, me demande quand nous ouvrirons un bureau à Bhopal. Lui ayant remis une plume faite en bois de panache de caribou, on lui suggère de l’utiliser pour écrire dans son prochain budget (son 11ème) que le Madhya Pradesh en ouvrirait un au Québec.On se trouve des points communs. Le premier ministre de l’État dirige un comité spécial qui s’assure du bon déroulement des projets d’investissements majeurs. La nôtre aussi. Le déficit de l’État se réduit plus vite que celui de la fédération indienne. Le nôtre aussi. Les projets de train rapide n’avancent pas. Les nôtres non plus.

Le ministre de l’Environnement, qui est déjà venu à Montréal, nous promet de diriger une mission au Québec en 2014 et s’enquiert du meilleur moment pour s’y rendre. On lui suggère mai, et l’événement C2-MTL, dont nous voulons faire la rencontre annuelle de la créativité mondiale, puis Québec.

Entre « partenaires stratégiques », ces visites croisées s’imposent, non ?

Ce contenu a été publié dans Inde, Le Journal du ministre, Québec international par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !

4 avis sur « Le Québec en Inde: La 2ème vague »

  1. Bravo Monsieur Lisée
    J’aime bien recevoir l’information à chaud comme vous le faites.
    Cela deviendra une pratique courante en démocratie.
    M.L.

  2. Bravo M.Lisée! Le genre de politique que l’on attend.
    Et surtout, ne lâchez pas.

  3. Bravo pour vos excellentes initiatives. Espérons que vous aurez des conclusions positives.

Les commentaires sont fermés.