Mauvaise foi: mode d’emploi

stuff1J’ai mis en ligne hier, sous le titre Penser l’après-Copenhague,  le dernier vidéo de l’activiste américaine Annie Leonard sur les difficultés liées au système de la bourse du carbone.

Leonard est surtout connue pour son dessin animé précédent: The Story of Stuff, disponible avec des sous-titres français. The Story of Stuff est une critique globale du système de production capitaliste et appelle à une redéfinition de la façon dont on produit, consomme et recycle les biens.

L’alertinternaute David m’a dirigé vers une critique, pro-capitaliste, du dessin animé, par le blogeur de droit Lee Doren, du Competitive Enterprise Institute.

L’écoute des deux vidéos (en fait le second suffit, en anglais, car il reprend en totalité le premier) est un bel exemple de notre incapacité à tenir un débat intelligent.

Leonard tente une synthèse de ce qui ne va pas avec le système actuel. Comme le savent les lecteurs de ce blogue et de Imaginer l’après-crise, je suis d’accord avec elle sur le fond. Cependant elle utilise à l’appui de sa thèse une série de statistiques complètement exagérées, ce qui rend la tâche de démolition de Lee Doren assez aisée. Leonard aurait pu faire sa démonstration sans tirer si fort sur les chiffres. Faisant preuve de mauvaise foi dans l’utilisation des statistiques, elle nuit, ainsi, à la crédibilité d’ensemble.

Doren, de son côté, lorsqu’il n’a pas les exagérations de Leonard à se mettre sous la dent, offre des réparties de droite standard qui ne convaincront que les convaincus. C’est son droit. Cependant, sa mauvaise foi devient irritante (mon seuil de tolérance est élevé) lorsque tout ce qu’il trouve à répondre aux appels de Leonard pour une économie plus écologique et plus équitable est de montrer un drapeau soviétique et de faire entendre le chœur de l’armée rouge. (Très exactement la technique infantile utilisée par l’économiste de l’Institut économique de Montréal, Nathalie Elgrably-Levy, dans une chronique récente.)

Mon conseil aux réformistes et aux défenseurs du système actuel: pouvons-nous, pour la nouvelle année, prendre la résolution de mieux respecter les faits et les personnes. Le débat en cours est essentiel pour la suite du monde. Il sera plus éclairant si on le traite comme du monde.

Ce contenu a été publié dans Économie, La vidéo de 10h10 par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !