À voir: Quand #MeToo frappe à droite

Le film Bombshell, désormais disponible dans votre salon, est instructif à plusieurs niveaux.

D’abord parce qu’il témoigne d’un jalon important dans le mouvement contre le harcèlement sexuel au travail.

La plainte portée par la vedette du réseau américain de droite Fox News, Gretchen Carlson, date de juillet 2016, donc précède les allégations contre Harvey Weinstein et même la généralisation du mot clé #MeToo, en 2017.

C’était donc la première fois qu’une figure importante du  portait une accusation contre un géant des médias: Roger Ailes, fondateur et dirigeant de l’énorme succès qu’est le réseau Fox News. Le film, très proche des faits, expose non seulement la pratique de harcèlement au sein de Fox, mais également la difficulté qu’ont les victimes à se reconnaître les unes les autres et à faire front commun. D’autant qu’une campagne pro-Ailes se déroule à l’intérieur de la chaîne, mobilisant hommes et femmes contre ce qui est considéré comme une attaque injuste contre son intégrité.

La qualité des interprètes — Kidman, Robbie et l’extraordinaire Charlize Theron — leur ressemblance avec les véritables personnages porte le film, lui donne puissance et véracité.

Ailes n’est pas le seul à créer le climat de harcèlement, d’autres dont l’animateur vedette O’Reilly y participent et, au dehors, on assiste à la montée en popularité du candidat Donald Trump, dont le rapport aux femmes est une publicité ambulante pro-harcèlement. La question « dure » que lui pose l’animatrice Megyn Kelly lors d’un débat républicain, puis la hargne que Trump déploie contre elle sur twitter et en entrevues, constitue un autre volet de cette étude de cas. Les auditeurs de Fox préfèrent Trump à Kelly, ce qui met cette dernière en porte-à-faux.

Il est fascinant de voir la prise de conscience de ces femmes conservatrices, participant à un réseau qui charrie des valeurs souvent opposées à l’égalité des sexes, un réseau qui a comme politique de bien montrer les longues jambes dénudées des animatrices pour faire de l’audience. Le risque réel que pose à leur carrière toute prise de parole fait constamment partie de leur réflexion sur l’opportunité de dire leur vérité.

Leur courage n’en est que plus admirable.

Il est bon, après avoir vu le film, d’écouter la table ronde organisée par Megan Kelly avec plusieurs protagonistes du film.



La bande-annonce de ma dernière balado:

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !