Le paradis inflationniste de votre épicier

Les temps sont durs. Heureusement, nous sommes un peuple de débrouillards. De ratoureux, même. L’inflation alimentaire nous tombe dessus comme les oiseaux d’Hitchcock dans The Birds ? Regardez-nous slalomer dans les rangées des supermarchés, d’un prix coupé à l’autre, tenant notre circulaire telle une carte codée pour une palpitante chasse au trésor. Et si, hier, il nous arrivait de nous délecter à la vue du brocoli, aujourd’hui, notre goût pour la pomme de terre en vrac atteint des sommets.

Maîtres chez nous

Les mots étaient forts. D’abord, « maîtres ». En 1962, date d’affichage du slogan, aucun Québécois (on disait « Canadiens français ») ne se pensait maître de quoi que ce soit. Les maîtres, on les connaissait : les multinationales britanniques, américaines, canadiennes. Ce serait donc complètement nouveau, presque impensable, de ne plus être qu’employés, subalternes, domestiques. Puis ce « chez nous » affirmait un espace singulier. Ce n’était plus le Canada, voire le Canada français. Il s’agissait du territoire du Québec, ni plus ni moins, qu’on prétendait maîtriser, y compris les patrons anglophones qui s’y pensaient jusque-là intouchables.

Le triomphe posthume des créditistes

On en riait, comme ici. Mais on l’a fait.

On trouvait sa maison et sa ferme en haut de la côte croche, sur le chemin de terre menant aux chalets. Son visage avait été sculpté par des décennies de rayons de soleil. Ses mains témoignaient d’innombrables racines arrachées à un sol têtu. Il semblait perpétuellement chiquer une protubérance fixée sur la paroi intérieure de sa joue. Monsieur Cloutier était sans âge : 55 ? 84 ? Peut-être 103.

En énergie, le Québec tombe pile

Arabes à l’érable. C’était le titre. Pendant les années 1970, les chocs pétroliers provoqués par l’augmentation massive des prix par les producteurs, principalement arabes, se traduisaient en Occident par des pénuries d’essence et de longues files d’attente aux stations-service. L’imagination de mes 17 ans en avait tiré une version québécoise. Dans cet univers, le sirop d’érable était devenu une denrée extrêmement convoitée, presque addictive. Mais voilà qu’un insecte jamais répertorié auparavant ravageait les érablières de l’Ontario et du Nord-Est américain.