Comment virer Charles lll

Les pessimistes tiennent le haut du pavé dans le débat sur l’opportunité de couper le cordon ombilical qui relie — depuis sa naissance — le Canada à la famille royale britannique. Les obstacles qui séparent le point de départ du point d’arrivée semblent trop nombreux, ou alors infranchissables, pour qu’on puisse réussir l’opération.

C’est faux. La démocratie canadienne dispose de tous les moyens nécessaires pour opérer ce changement dans un laps de temps relativement court, de façon ordonnée et respectueuse, sans risque pour la robustesse de nos institutions. Il suffit de le vouloir.

Humpty Dumpty à Ottawa

« La question, dit Alice, est de savoir si vous avez le pouvoir de faire que les mots signifient autre chose que ce qu’ils veulent dire. » « La question, riposta Humpty Dumpty, est de savoir qui sera le maître… un point, c’est tout. » Lewis Carroll était un orfèvre des mots. Il avait aussi une fine compréhension des rapports de force. « Lorsque, moi, j’emploie un mot, fait-il encore dire à Humpty Dumpty, il signifie exactement ce qu’il me plaît qu’il signifie… ni plus ni moins. »

Riposter (intégral)

On en apprend des choses lorsqu’on lit le Globe and Mail. Tenez, pas plus tard que ce samedi, cette information choquante. Avec le projet de loi 96, « il ne sera pas permis à un médecin, même en privé dans son bureau, de parler à ses patients en anglais – ou en mandarin ou toute autre langue – même si c’est la langue préféré des deux parties ». Cette restriction ne sera levée, y explique l’auteur, que pour les Anglos qui ont eu droit à l’école anglaise et pour les immigrants pendant les premiers six mois de leur séjour.

Prisonniers de la monarchie ?

Lorsque Charles de Gaulle est descendu du navire Colbert, en juillet 1967, il a mis pied en terre fédérale, le port de Québec. Le gouverneur général du pays l’attendait. Bien que le Ô Canada ait été choisie, l’année précédente, comme hymne du pays, la fanfare militaire joue God Save The Queen. Le protocole l’exige, car on est en présence du représentant de la Reine. La foule de Québécois réunis pour assister à l’arrivée du Général se met à huer la ritournelle monarchiste et à tenter de l’enterrer en chantant La Marseillaise.

Fragilité canadienne

Avez-vous vu le chef conservateur, Erin  O’Toole, faire son jogging plus tôt cette semaine ? Il portait un t-shirt rouge portant les mots : « Believe in Canada ». Croyez au Canada.

Le slogan est extrêmement signifiant. S’il faut appeler les citoyens à croire en leur pays, c’est qu’un déclin de la foi nationale est suffisamment préoccupant pour qu’on veuille y remédier.

(Ce texte a d’abord été publié dans Le Devoir.)