C’était en 1978, le jeune Coluche fait son petit numéro
Via l’alertinternaute Mau et GQ
C’était en 1978, le jeune Coluche fait son petit numéro
Via l’alertinternaute Mau et GQ
S’il y a des drapeaux français à Sagard, le Versailles-en-Charlevoix de la famille Desmarais, ils sont en berne ce soir. Le grand ami et fréquent visiteur, Nicolas Sarkozy, a mordu la poussière ce dimanche et devra bientôt quitter l’Élysée.
Chacun se souvient qu’au soir de son élection, il y a cinq ans, Sarkozy avait célébré au célèbre restaurant le Fouquet’s des Champs-Élysée avec les grands de ce monde, y compris Paul Desmarais qui l’avait couvé pendant sa traversée du désert politique à la fin des années 90. Devenu président, Sarkozy récompenserait son bienfaiteur en lui accordant la plus haute distinction française, la Grand’Croix de la Légion d’Honneur, lors d’une touchante cérémonie.
La fin d’un formidable trio !
Ce qui ne signifie pas que les Desmarais n’ont pas, aussi, leurs entrées chez les socialistes. Après tout, François Mitterrand lui avait naguère accordé la légion d’honneur, en présence de l’alors ambassadeur du Canada Lucien Bouchard.
Ce dimanche soir, à Paris, Paul Desmarais sera-t-il de la fête ? Pas question, affirme Patrick Bloche, député proche du nouveau président. Interrogé pendant la campagne par François Bugingo, de QMI, Bloche n’a pas fait dans la langue de bois:
«Un gouvernement de François Hollande s’engage à restaurer les relations historiques entre la France et le Québec. Car la charge de Sarkozy contre les souverainistes québécois (…) est indigne d’un chef d’État français. En fait, il aura infligé à la Belle Province les mêmes dégâts qu’à la France durant son quinquennat : il a voulu opposer les Québécois entre eux comme il l’a fait avec les Français.»
Et puis:
« M. Paul Desmarais ne recevra pas d’invitation de François Hollande pour la fête du 6 mai. C’est après tout, un ami personnel de Sarkozy, dont il partage la vision du Québec. Qui n’est pas la nôtre.»
Alors, que se passe-t-il à Sagard, sous les drapeaux français en berne ? Je ne serais pas surpris qu’on tente de dénicher, dans les décombres d’une droite française en implosion appréhendée, la figure oubliée que l’on pourrait maintenant couver pour obtenir encore, un prochain soir de présidentielle, une invitation au Fouquet’s.
Pour ceux qui suivent ça de près, on peut noter en 48 heures deux mouvements statistiquement significatifs, après le débat Hollande/Sarko et après l’annonce du centriste François Bayrou de son vote pro-Hollande:
– L’avance globale de Hollande passe de 5 à quatre points de pourcentage;
– Le nombre d’abstentionnistes chute chez les centristes (32% d’abstention plutôt que 42% il y a 48 heures) et se répartit également chez Hollande (+5 portant sa proportion de centristes à 31%) et chez Sarko (+5 portant sa proportion à 37%)
– Malgré l’appel au vote blanc de Marine Le Pen, le nombre d’abstentionnistes chute aussi dans le vote, plus important en nombre, du Front National (26% plutôt que 39% il y a 48 heures). Hollande en prend +3 et Sarko en prend +10.
Le rétrécissement de l’écart est donc attribuable à la capacité de Sarko d’attirer du vote FN. Or c’est là que la réserve est la plus importante. Si tous les abstentionnistes FN restants décidaient de voter Sarko, ce dernier prendrait 5 points, donc l’élection.
C’est évidemment impossible. Mais davantage de Français ont annoncé leur intention de voter au second tour par rapport au premier. Les proportions peuvent donc être modifiées par ce changement dans la grosseur de la tarte.
Le suspense reste entier.
Vous ne voulez pas vous taper les plus de deux heures de débat Sarko/Hollande, mais en voulez davantage que les brefs extraits des journaux télévisés ? Voici les faits saillants en moins de six minutes et demie, colligés par Libération:
Je ne peux m’empêcher de faire ce parallèle. En février 2009, le président Sarkozy avait fait la leçon aux souverainistes Québécois. Affirmant qu’ils étaient coupables de « sectarisme », d »enfermement sur soi », de vouloir définir leur « identité par opposition féroce à l’autre », alors que « si notre identité est forte, on n’a pas besoin d’être agressifs ».
« De qui parlez-vous ? » avaient rétorqué dans une missive carabinée Pauline Marois et Gilles Duceppe, faisant le détail des gestes d’ouverture posés par les gouvernements souverainistes. La question prend un sens encore plus fort aujourd’hui.
Peut-être le Nicolas Sarkozy de février 2009 parlait-il, en le semonçant à l’avance, le Nicolas Sarkozy d’avril 2012.
Car le terme « repli sur soi » pullulent sur les manchettes des quotidiens français depuis que le président-candidat mène campagne contre l’immigration en soi et fait l’apologie, lui le grand européen d’hier, des « frontières », dans un discours ce dimanche:
La frontière est au coeur du problème de l’immigration, au coeur du problème économique, au coeur du problème de la réciprocité, au coeur de la lutte contre les dumpings, au coeur du problème fiscal, au coeur de la lutte contre les trafics.
Son communiqué de campagne présente cet extrait:
Pour Nicolas Sarkozy, l’effacement des frontières quelles qu’elles soient – économiques, culturelles, morales – a été une grave erreur car « sans frontières, il n’y a pas de Nation, pas d’Etat, pas de République, pas de civilisation ».
« La frontière, c’est l’affirmation que tout ne se vaut pas, qu’entre le dedans et le dehors ce n’est pas la même chose, tracer une frontière entre les cultures, le vrai et la faux, la beauté et laideur, c’est le long travail de la civilisation ».
« L’Europe a trop cédé à la religion du libre-échange et de la déréglementation au nom de l’abaissement des frontières, trop cédé à une conception d’un monde sans État » a-t-il défendu.
Pour mémoire, voici comment Infoman avait superbement couvert, et agrémenté, la sortie sarkozyste de 2009:
Pour les mordus, voici le discours intégral de Toulouse de Nicolas Sarkozy: