L’obsession ontarienne (intégral)

Il faut savoir ce qu’on veut, dans la vie comme en politique, sauf si on se satisfait d’une vie contemplative. René Lévesque souhaitait faire du Québec “un pays normal”, ce qui était à la fois ambitieux mais non prétentieux, à son image. Jean Charest visait plus haut. Faire du Québec, spécifiquement, un “paradis des familles”, et plus généralement le faire “briller parmi les meilleurs”. Nous avons assisté depuis à un rapetissement des attentes, car Philippe Couillard avait lancé son action gouvernementale en se fixant comme horizon “la moyenne canadienne”. Comptable, et s’avisant peut-être que le pétrole de l’Alberta faisait gonfler cette moyenne, François Legault réduisit le champ des possibles en choisissant comme étalon-or la seule Ontario.

Les dividendes de la peur

Alors c’est fait : une majorité monstre d’électeurs républicains des primaires ont jugé que la personne la plus apte à incarner leurs valeurs et leurs espoirs pour conduire leur parti à la victoire et pour rendre l’Amérique à nouveau grandiose est Donald Trump. Certes, il fut reconnu coupable de malversations financières, d’agression sexuelle et de diffamation, il est accusé d’avoir volé et disséminé des documents secrets, d’avoir tenté de corrompre des agents électoraux (plusieurs de ses coaccusés ont plaidé coupables) et d’avoir fomenté un coup d’État, heureusement raté. Mais, vous me direz, personne n’est parfait.

Le droit de réplique que la Gazette ne publiera pas

Après la publication dans Le Devoir de mon texte Identité anti-québécoise, où je recensais un certain nombre de témoignages sur l’expression de sentiment anti-Québécois dans des écoles montréalaise, la chorniqueuse de la Gazette Toula Drimonis a écrit une chronique où elle m’accusait de vouloir « manufacturer de la panique ». Des gens comme moi sont selon elle responsable de ce mépris, à supposer qu’il existe.

Le blasphème de Denis Villeneuve

Denis Villeneuve a travaillé fort pour insérer dans la seconde partie de Dune une blague qui ne ferait rire que les Québécois (et quelques Français). Il souhaitait faire prononcer par un des personnages secondaires importants, joué par Josh Brolin, le mot « tabarnak ». Il existe plusieurs prises de Brolin prononçant le savoureux juron, mais aucune n’avait l’authenticité souhaitée par le cinéaste. Le blasphème fut abandonné. Nous brûlons d’envie de les voir. Il devrait les envoyer à Infoman.

Avant la béatification

Robert Bourassa avait rendu l’âme. Des funérailles nationales avaient été organisées. Mon patron Lucien Bouchard en revenait. Dans son bureau alors juché dans les hauteurs de l’immeuble d’Hydro-Québec, on lui passait l’appel d’André Bérard, président de la Banque Nationale, en déplacement en Asie. Bérard était un acteur clé du grand sommet sur l’économie qu’on préparait. Entre autres sujets, j’entendis M. Bouchard lui dire : « Il a eu une excellente semaine. » L’appel terminé, je lui demandai : « L’excellente semaine, c’était celle de Bourassa ? » Bouchard opina. « Vous vouliez dire, à part pour le décès ? »